4ÈME PORTIQUE : CHAPITRE 11

Chapitre onze : Les mondes ne se maintiennent à l'existence que dans la mesure où les Juifs étudient la Torah !

(Pr. Gross : D.ieu, la Torah et Israël)

On voit que l'énergie vitale, la lumière et le maintien dans l'existence des mondes dépend entièrement du fait que nous étudiions la Torah comme il le faut.

Car D.ieu, la Torah et Israël ne font qu'un. Et la racine de l'âme supérieure de chaque Juif est reliée et attachée à une lettre de la Torah et ne fait absolument qu'un avec elle !

Le Midrash enseigne que l'idée de l'existence d'Israël a précédé toute la Création, ce qui ne contredit pas l'idée que la Torah a précédé toute chose, parce que les deux sont, quant à leur source, une seule et même chose.

Quand le Midrash fait référence à la pensée [de l'existence d'Israël], comme l'enseignent nos Maîtres qui disent que « Israël est monté à la Pensée ». Il s'agit du commencement de la Pensée de D.ieu, le secret de Sa Volonté supérieure, comme le dit le Zohar : « Israël est apparu (monté) dans la Volonté divine avant la Création de l'Univers. »

Cette Volonté est le commencement de toute chose, c'est la Divinité absolue, si l'on peut s'exprimer ainsi, des Mondes du Ein Sof, ainsi que l'enseigne encore le Zohar : « Rabbi Shim'on dit : Je lève [mes mains vers le haut dans la prière] alors que la Volonté supérieure est au plus haut, [source de lumière supérieure qu'on appelle Ein Sof] »

C'est pourquoi nos Maîtres enseignent que « Be-reshit » signifie en vue de la Torah qui est appelée Reshit, et également en vue d'Israël qui est aussi appelé Reshit.

Et nos Maîtres enseignent encore : Celui qui est avec une personne au moment où l'âme quitte son corps doit déchirer son vêtement. La même chose est exigée de celui qui est témoin de l'incendie d'un Sefer Torah, parce que la sainteté d'une âme juive est effectivement la même que celle d'un Sefer Torah. (Moed Katan 25a)

Au moment de la Création, quand la Torah demeurait encore en sa Source, cachée de tous les Mondes supérieurs, dans le Monde de Malbush, elle produisait la force vitale qui maintient à distance les mondes dans l'existence.

Son essence n'était pas encore descendue, pour que les habitants de la terre puissent l'étudier. Les mondes étaient encore dans une sorte de désordre, et ne s'étaient pas stabilisés dans la forme appropriée. 'Hazal font référence à cette période comme « deux mille ans de Tohou (vide, solitude) » (Avoda Zara 9a)

Le statut des mondes était encore en suspens, dans l'attente du moment de Matane Torah (le don de La Torah), comme l'enseignent nos Maîtres :

D.ieu fixa une condition à la création de l'Univers : si Israël accepte la Torah, le monde continuera d'exister ; sinon, il retournera au « Tohou » (Shabbat 88a et plusieurs Midrashim).

Le verset « Je t'identifie ô ma compagne... » (Chir hachirim 1,9) signifie : « La compagne de Mon Univers » car ils devront accepter Ma Torah, et s'ils ne l'acceptent pas, le monde retournera au chaos. Comme l'a dit R. 'Hanina au nom de R. A'ha, le verset dit : « La terre et tous ses habitants ont tremblé - J'ai fermement établi ses colonnes » Si ce n'est pour Israël qui a dit au Sinaï «נעשה ונשמה» (nous ferons et nous entendrons tout ce que D.ieu a dit), le monde s'effondrerait, et retournerait au tohou. Et qui a établi le monde ? Moi (Anokhi) [J'ai fermement établi ses colonnes] par le mérite de [l'acceptation par Israël de] אנכי הי אלהיך, J'ai fermement établi ses colonnes !

Depuis le temps où la Torah est descendue comme un torrent de sa source cachée [dans le monde de Malbush] jusque dans ce monde-ci, ainsi que le formulent nos Sages : Moshé est venu et a fait descendre la Torah sur la terre, et toute la force vitale et l'existence de tous les mondes est à présent entièrement dépendante de notre étude et de notre approfondissement de la Torah (Bereshit Rabba 19,7).

Et la Vérité incontestable est que, si le monde était privé, ne fut-ce qu'un instant, de notre étude de la Torah, D. préserve, tous les mondes supérieurs et inférieurs seraient immédiatement détruits et retourneraient au néant, D. préserve.

Et par la même raison, l'épanchement de la lumière ou sa diminution, D. préserve, dépend entièrement du niveau de notre implication dans l'étude de la Torah.

C'est pour cela que nous disons dans la bénédiction [qui suit la lecture publique] de la Torah : « Tu as implanté en nous la vie éternelle » Cela se rapporte au processus de production des fruits à partir d'une semence plantée dans la terre, qui améliore les choses. De la même manière, si nous nous consacrons à la Sainte Torah de toutes nos forces, nous hériterons d'une vie éternelle [comme la Torah est éternelle] et nous ferons descendre une Sainteté supplémentaire, une bénédiction, une grande lumière [répandue] dans tous les mondes, provenant de la source cachée de la Torah qui est au-dessus d'eux.

Le Midrash enseigne : מכל משמר נצר לבך׃ תוצאות חיים (Plus que tout trésor garde ton cœur, car de là jaillissent des flots de vie - Mishlei 4,23) Tu ne dois pas fuir les mots de la Torah. Pourquoi ? « Car de là jaillissent des flots de vie » ce qui t'enseigne que la vie vient au monde par les mots de la Torah.

L'assiduité dans l'étude est également nécessaire pour reconstruire et opérer de grandes réparations de ce qui a été détruit, pour relier, unifier et parachever les mondes supérieurs avec les mondes inférieurs, en sorte que tous les mondes soient éclairés d'une même lumière.

Dans le même ordre d'idées, Sanhédrin 99b : « Rabbi Alexandraï dit : Tout celui qui s'adonne à l'étude de la Torah lishmah, est comme s'il établissait la paix entre les assemblées d'en haut et celles d'en bas, ainsi qu'il est écrit : Mais plutôt qu'on s'attache à Ma protection (בְּמָעוּזִּי, compris comme 'Ma Torah'), qu'on fasse la paix avec Moi, qu'avec Moi on fasse la paix! (Isaïe 27,5).

Rav dit : C'est comme s'il avait construit les palais supérieurs et inférieurs comme il est dit : J'ai déposé Mes paroles [i.e Ma Torah] dans ta bouche, et Je t'ai abrité à l'ombre de ma main, voulant établir de [nouveaux] cieux et réédifier la terre (Isaïe 51,16). »

« Ses jambes sont des colonnes de marbre [fixées sur des socles d'or] » Ce sont les Sages de la Torah. Pourquoi sont-ils comparés à des colonnes ? Parce qu'ils sont les colonnes du monde, comme il est dit : Si ce n'était pour [l'étude approfondie] de Mon Alliance [i.e la Torah] nuit et jour [Je cesserais de fixer les lois du ciel et de la terre] (Yirmiahou 33,25).

« La Sagesse s'est bâti une maison, elle en a sculpté les sept colonnes (Rabbinat) - Elle a construit sa maison avec toutes formes de Sagesse (Rav Fraenkel) » (Mishlei 9,1)

D.ieu dit : si une personne est méritante et a étudié la Torah et la Sagesse, il est devant Moi comme s'il avait créé les Cieux et établi tout l'Univers !

D.ieu dit à Israël : Mes enfants, soyez assidus dans l'étude de la Torah jour et nuit, et je vous considèrerai comme ayant établi l'Univers entier (Midrash Mishléi).

« Tous ceux qui s'adonnent à l'étude de la Torah chaque jour mériteront une part dans le monde à venir, et ils seront considérés comme s'ils construisaient le Monde, car l'Univers dans son entier a été créé et amélioré avec la Torah, selon les versets [de Mishlei déjà cités] « D.ieu a établi la Terre avec Sagesse » [c'est à dire avec la Torah] et « J'étais alors son habile artisan ». Tous ceux qui s'adonnent à son étude perfectionnent les Mondes et les maintiennent à l'existence. Viens et vois ; avec le Roua'h [Le souffle divin, la parole] D.ieu a créé l'Univers, et avec le Roua'h, Il le maintient à l'existence ; c'est le Roua'h [c'est-à-dire la parole] de ceux qui étudient la Torah (Zohar Bereshit 47a). »

Dans une autre section du Zohar, après avoir longuement décrit les avantages qu'une personne peut attendre de l'étude de la Torah, dans ce monde-ci comme dans le Monde à venir, et les graves sanctions qu'elle encourt dans les deux mondes si elle faiblit [dans son zèle], D.ieu nous en préserve, le passage conclut ainsi :

« C'est pour cela que tout existe et dépend de l'observance de la Torah. L'Univers n'existe que par la Torah, qui est l'existence même des mondes supérieurs et inférieurs, comme il est écrit : « Si ce n'était pour mon alliance jour et nuit, Je n'aurais pas fixé les lois du Ciel et de la terre. » (Yirmiahou, 33,25). »

Dans une autre section ultérieure, le Zohar, après avoir longuement décrit la manière dont la Torah a servi à créer tous les mondes, déclare ceci :

« Après la Création de l'Univers, pas un seul des mots de la Torah (ou 'aucune chose') n'avait d'existence réelle jusqu'à ce que vint à la pensée de D.ieu la volonté de créer l'homme qui s'adonnerait à son étude, de sorte que l'Univers se maintienne pour [et par] lui.

Et tout celui qui se consacre à l'étude de la Torah, c'est comme s'il maintenait l'Univers [à l'existence], si l'on peut dire.

D.ieu a regardé dans la Torah et créé le Monde. L'homme regarde dans la Torah et maintient le Monde [à l'existence].

Il s'avère que la Torah est l'existence même et l'aptitude à se maintenir de l'Univers tout entier, et par conséquent, heureux l'homme qui s'adonne à l'étude, puisqu'il maintient l'Univers [à l'existence].

Et puisque l'Univers n'a été créé que pour la Torah, il continue d'exister pour autant qu'Israël s'adonne à son étude. Si Israël renonce à l'étude [D. préserve], qu'est-il écrit ? « Si ce n'était pour mon alliance [c'est à dire la Torah étudiée] jour et nuit, Je n'aurais pas fixé les lois du Ciel et de la terre. » (Yirmiahou, 33,25).

C'est pourquoi la Mishna (Avot 6,1) enseigne que celui qui étudie la Torah Lishmah est appelé un «ami» (compagnon), car il agit comme un associé du Créateur, si l'on peut dire, puisqu'il maintient (il est mitkayem) tous les mondes par son étude de la Torah, sans laquelle le Monde retournerait au tohou vévohou...

C'est ce qui est écrit dans le Midrash (sur Shir HaShirim) déjà cité : « J'ai révélé que tu es Ma bien-aimée (ou : Je t'ai identifiée comme Ma compagne) » Ma bien-aimée (ou Ma compagne), car ils [Israël] ont accepté Ma Torah.

Mis en ligne le 16 Shevat 5777 - 11 février 2017