CHAPITRE 12
L'impact supplémentaire des 'hiddoushim (renouvellements du sens du texte de la Torah)
(Pr. Gross : L'interprétation créatrice)
[En plus du puissant impact de la simple étude de la Torah], combien plus grande encore est la portée immense et fabuleuse dans les mondes supérieurs des véritables interprétations inédites qu'un homme peut faire naître.
Car D.ieu embrasse et couronne chaque mot d'un 'Hiddoush [un renouvellement du sens].
Et Il Se sert [de ce 'hiddoush] pour créer un monde nouveau et distinct, à quoi l'Écriture fait référence en disant : « Oui ! Comme ces cieux nouveaux et comme cette terre nouvelle [que je ferai naître dureront devant moi, dit l'Éternel, ainsi subsisteront votre race et votre nom]. (Isaïe 66,22).
C'est ce qu'enseigne le Zohar ha Kadosh :
« Rabbi Shimon a enseigné : 'וָאָשִׂם דְּבָרַי בְּפִיךָ, וּבְצֵל יָדִי כִּסִּיתִיךָ; לִנְטֹעַ שָׁמַיִם וְלִיסֹד אָרֶץ, וְלֵאמֹר לְצִיּוֹן עַמִּי-אָתָּה (Et Je placerai Mes mots dans ta bouche (et Je t'ai abrité à l'ombre de Ma main, voulant établir de [nouveaux] cieux et réédifier la terre, et dire à Sion: "Tu es Mon peuple'; Isaïe 51,16) .
Ce verset met l'accent sur l'importance de se consacrer à l'étude de la Torah, jour et nuit, car D.ieu écoute les paroles de tous ceux qui étudient la Torah, et de chaque mot prononcé par celui qui peine dans l'étude et exprime un nouvel éclairage de sens, Il fait un firmament.
Nous apprenons qu'à l'instant où une personne exprime ce renouvellement du sens, le mot monte et témoigne devant D.ieu, et Il l'embrasse et le couronne de soixante-dix couronnes sculptées et ouvragées.
La parole de sagesse et de renouvellement du sens monte pour couronner la tête, et s'envole plus haut vers les soixante-dix mille mondes pour s'élever jusqu'à Attiq Yomin (L'Ancien des jours).
Cette parole de sagesse [jusqu'alors] cachée qui est ici révélée [c'est à dire dans le monde matériel], s'attache en montant aux aspects du niveau de Attiq Yomin ; ensuite elle monte et descend et visite les dix-huit mondes cachés que « nul œil n'a vus... » (Isaïe 64,3).
Ensuite, cette parole de sagesse sort et revient, pleine et achevée, devant le niveau de Attiq Yomin, qui respire son parfum, et en tire un grand plaisir ; Il prend cette parole et la coiffe de trois cent soixante dix mille couronnes.
Cette parole poursuit [son « chemin »] et forme un firmament unique.
Ainsi, chacune de ces paroles de Torah [des paroles qui renouvellent tant soit peu le sens de la Torah] crée un firmament absolument permanent devant Attiq Yomin, qui est appelé « nouveaux Cieux... », les secrets cachés de la Sagesse supérieure.
Toutes les autres paroles de renouvellement du sens de la Torah existent devant D.ieu. Elles montent et forment « les terres de la vie », puis descendent et sont couronnées... Elles sont renouvelées et chacune forme une nouvelle terre.
C'est à ce sujet qu'il est écrit : « Comme ces cieux nouveaux et comme cette terre nouvelle [que je ferai naître dureront devant moi, dit l'Éternel, ainsi subsisteront votre race et votre nom.] » (Isaïe 66,22) - Il n'est pas écrit « a faits » mais « fais » (ou « ferai » dans la traduction du Rabbinat, mais il est bien écrit « השׂע vocalisé osséh ») [continuellement], et ce sont les 'hiddoushim et les secrets de la Torah.
Et il est également écrit : « J'ai déposé mes paroles dans ta bouche, et Je t'ai abrité à l'ombre de Ma main, voulant établir de [nouveaux] cieux et réédifier la terre, et dire à Sion: "Tu es Mon peuple!" » (Isaïe 51,16, cité un peu plus haut).
Rabbi Elazar demande : que signifie « ouvetzel yadi kisitikha / Je t'ai abrité à l'ombre de Ma main » ? Ils lui dirent : Et maintenant cette parole est montée et a été couronnée devant D.ieu, Il couvre (Il protège) cette personne [qui a prononcé cette parole] de cette parole, jusqu'à ce que cette parole devienne un nouveau ciel et une nouvelle terre « disant à Sion : tu es Mon peuple » ne lis pas עמי־אתה 'ami (Mon peuple) mais עמי־אתה 'imi (avec Moi), pour que tu sois Mon partenaire, car de la même façon que Je crée les cieux et la terre par Ma Parole, toi aussi [tu crées des mondes par l'étude de la Torah]. Heureux ceux qui peinent dans l'étude de la Torah !
[Avec votre permission, il faut s'attarder sur ce verset extrêmement riche et synthétique, sur l'interprétation qu'en fait le Zohar haKadosh et sur l'utilisation qu'en fait Rabbi 'Haïm ;
Relisons le en Hébreu : ואשם דברי בפיך ׳ ובצל ידי כסיתיך ׳ לנטע שמים וליסדד ארץ ׳ ולאמר לציון עמי־אתה / wa'assim devaraï befikha, ouvetzel yadi kisitikha, linto'ah shamaïm welissod eretz, welémor Tzion 'ami atta.
- J'ai mis mes paroles dans ta bouche : Il y a là bien sûr une allusion à Matane Torah, au moment où, des mondes supérieurs (du monde de Malbush) la Torah est descendue dans le monde matériel pour devenir l'objet d'étude et le cadre de vie de l'humanité, c'est à dire d'Israël.
- Plusieurs
Midrashim enseignent qu'avant de faire descendre la Torah au Sinaï, Moshé est monté
la chercher au Ciel. C'est ce qui s'est passé pendant les quarante jours
ou Moshé est resté seul sur la montagne (épisode emprunté par les
musulmans). Ces Midrashim évoquent, sous différentes formes, le récit de
la montée de Moshé au Ciel pour recevoir la Torah.
Tous ces textes font état de la jalousie des anges, qui
seuls possédaient la Torah,
et de leur hostilité à ce qu'ils considèrent comme une incongruité, voire
une profanation. Certains racontent une discussion, serrée, et dont le
danger n'est pas absent, mais dont Moshé sort victorieux, au point que
chacun des anges va lui livrer un secret.
D'autres indiquent seulement que « plusieurs milliers d'anges supérieurs vinrent le brûler de la flamme de leur bouche » - D'où aussitôt après « J'ai mis mes paroles dans ta bouche » ouvetzel yadi kisitikha / Je t'ai abrité à l'ombre de Ma main. D.ieu a protégé Moshé de l'hostilité des anges.
- « linto'ah shamaïm welissod eretz /
Voulant établir des Cieux nouveaux et réédifier la terre. » D.ieu
indique ici par la bouche du Prophète le processus : Je donne la Torah ; Je dois protéger
celui à qui Je la donne, parce que la
Torah, c'est de la dynamite, si l'on ose dire. Ce n'est
pas un conte pour enfants. Ça engage la vie, et ça peut être hautement
toxique. Mais ce que Je veux, c'est l'étude des humains, c'est à dire des
Juifs, pour qu'ils produisent des 'Hiddoushim, des interprétations
nouvelles dont Je ferai de nouveaux Cieux et de nouvelles terres...
Et cette parole, qui vaut à Moshé (et à l'homme en général) la jalousie des anges, et qui est donc la cause du danger, D.ieu la change en une protection : ouvetzel yadi kisitikha. - La fin du verset fait l'objet d'un de ces jeux avec la vocalisation dont les Hakhamim sont friands (al tiqra... éla). Ici, ne lis pas « 'Ami / Mon peuple » mais « 'Ymi / avec Moi ». Sois mon partenaire. Notez bien au passage que le premier sens « Mon peuple » n'est absolument pas évacué par cette interprétation. Ce qui permet de superposer une autre lecture : C'est pour pouvoir dire « vous êtes Mon peuple » que j'ai « mis Mes paroles dans ta bouche » ; autrement dit, l'élection d'Israël reste conditionnée à son acceptation de la Torah, à son étude et à son accomplissement ! Il y aurait encore bien d'autres lectures à faire.]
Reprenons le texte :
Le Zohar écrit également, au sujet du verset : « Des gens d'Issachar, experts en la connaissance des temps [pour décider la conduite à tenir par Israël, il vint deux cents chefs, auxquels obéissaient tous leurs frères.] » (1 Chroniques 12,33 ; Il s'agit de l'énumération de ceux vinrent au soutien de David lorsque la royauté de Shaoul lui fut transférée. La tribu d'Yssakhar est connue pour son assiduité dans l'étude, et sa capacité à produire de nouvelles interprétations.)
Les gens d'Issachar qui révélèrent de nombreux 'hiddoushim :
Il est écrit : « Les mandragores répandent leur parfum... » Ce sont celles que Reouven a trouvées... [La suite du verset « à nos portes se montrent les plus beaux fruits, nouveaux et anciens, que j'ai réservés pour toi, mon bien-aimé ! » est une allusion aux bnei Yissakhar]
« ...à nos portes se montrent les plus beaux fruits, nouveaux et anciens » : les bnei Yissakhar ont amené « nouvelles et anciennes » interprétations aux portes des batei knessiot oubatéi midrashot (des synagogues et des maisons d'étude). Combien de 'hiddoushim ont été révélés grâce à eux.
« Que j'ai réservés pour toi, mon bien-aimé ! » De là nous apprenons que tous ceux qui se consacrent aux paroles de la Torah comme il convient, qui savent les faire apprécier et exprimer de nouveaux aperçus pertinents, leurs paroles montent jusqu'au Trône du Roi, et l'Assemblée d'Israël ouvre les portes pour elles et les conserve.
Au moment où D.ieu entre au Gan Eden pour jouir de la compagnie des Tsaddiqim, on fait sortir ces paroles devant Lui, et D.ieu les contemple et se réjouit, puis, D.ieu Se couronne avec les couronnes supérieures et se réjouit, et ces paroles sont alors enregistrées devant Lui.
Heureux celui dont la part est d'être assidu comme il le faut dans l'étude de la Torah : il est heureux dans ce monde et dans le monde à venir !
Le Midrash explique le verset [Ezekiel 47,12 déjà cité au chapitre 9] (Traduction du Rabbinat du verset complet : « Et, près du torrent, sur ses bords, des deux côtés, s'élèveront toutes sortes d'arbres fruitiers, dont les feuilles ne se flétriront pas et dont les fruits ne s'épuiseront point. Chaque mois, ils donneront de nouveaux fruits, car leurs eaux sortent du sanctuaire : leur fruit servira de nourriture et leurs feuilles de remèdes. »)
« Et au bord du fleuve pousseront toutes sortes d'arbres portant des fruits... » Cela se rapporte aux paroles de la Torah, et il est dit là-bas : que signifie le verset : Chaque mois, ils donneront de nouveaux fruits ? [Notez la racine commune de 'Hodesh (mois), et 'Hiddoush (renouvellement du sens du texte)] : ceux qui produisent chaque jour des 'hiddoushim sont comme un fils premier né pour ses parents, qui apporte la joie à tous.
La joie de son père est renouvelée chaque jour.
Et dans tout lieu de Torah où sont produits des 'hiddoushim, dans le Beth haKnesset ou dans le Beth haMidrash, D.ieu se réjouit à nouveau, continuellement, chaque jour...
Mis en ligne le 26 Shevat 5777 - 22 février 2017