4ÈME PORTIQUE : CHAPITRE 18
Chapitre dix-huit : L'étude de la Torah lishmah donne un contrôle sur les forces naturelles
(Pr. Gross : La Torah et l'homme : Éclatement du déterminisme naturel)
Donc, l'homme qui accepte sur lui-même le joug de la Torah de Sainteté lishmah, ainsi que nous avons expliqué plus haut [le sens] de cette notion (au chapitre 3), est au dessus des contingences de ce monde [עניני - sujets, notions, questions, matters en anglais].
Et D.ieu veille sur lui avec une השׁגחה פּרטית [Providence individuelle] qui domine les forces de la nature (כּחות הטבעים) et l'ordre cosmique (מזלות), car il est, si l'on peut s'exprimer ainsi, réellement attaché à la Torah et à D.ieu [Lui-même].
Il est sanctifié par la Sainteté supérieure de la sainte Torah, qui est infiniment plus élevée que tous les mondes [créés, comme on l'a vu abondamment dans les chapitres qui concernent l'origine de la Torah comme précédant et servant de modèle à toute création] puisque c'est elle exclusivement, qui donne vie et existence (permanence -הנותנת החיום והקיום) à toute chose [et notamment] à toutes les forces naturelles.
C'est pourquoi l'homme qui s'adonne [à l'étude de la Torah] donne [lui-même] vie et existence (מחיה ומקים) à toute chose, et il est placé au-dessus de toute chose créée.
Par conséquent, comment Hashem pourrait-Il agir avec lui selon l'ordre naturel des choses ?
Ainsi que l'enseignent nos Sages de mémoire bénie :
Il est écrit d'une part : « כִּי-גָדֹל עַד-שָׁמַיִם חַסְדֶּךָ - Car ta grâce s'élève jusqu'aux Cieux » (Ps 57,11) et d'autre part : « כִּי-גָדוֹל מֵעַל-שָׁמַיִם חַסְדֶּךָ - Car ta grâce s'élève par-dessus les Cieux » (Ps 108,5).
לא קשׁיא ! (ce n'est pas une difficulté) : le second verset concerne l'étude de la Torah lishmah. Le premier parle de ceux qui étudient lo lishmah. (Pessa'him 50b)
C'est-à-dire [comme Rabbi 'Haïm l'a déjà montré] que même celui qui étudie lo lishmah est agréé par D.ieu (Ta grâce s'élève jusqu'aux Cieux), malgré les objectifs [personnels qu'il poursuit], exception faite de celui qui veut tourner la Torah en ridicule, חס ושׁלום.
Combien plus encore s'il ne poursuit aucun objectif personnel, même si son implication est de l'ordre d'une simple routine !
Car c'est un point de départ, un tremplin pour parvenir au niveau de lishmah, comme nos Maîtres de mémoire bénie l'ont enseigné (Pess. 50B et Sotah 22b).
Néanmoins [revenons à l'apparente contradiction entre les deux versets des Psaumes] il ne s'est pas encore élevé et sanctifié [suffisamment pour mériter que] D.ieu agisse à son égard de telle sorte que tout ce qu'il ferait soit au-dessus des forces de la nature [auxquelles il reste douc soumis]. C'est pourquoi le verset le désigne comme [méritant une bonté] qui « s'élève jusqu'aux Cieux », c'est-à-dire dans le cadre de l'ordre naturel qui est fixé dans les Cieux, mais pas au-dessus d'eux.
Mais pour celui qui étudie [et est parvenu au niveau de] lishmah, [le verset] déclare : « par-dessus les Cieux » ce qui veut dire qu'il est conduit par D.ieu d'une manière qui transcende l'ordre naturel des choses.
Comme l'enseignent 'Hazal : Viens et vois. Avant le don de la Torah, toutes les choses créées dépendaient de la destinée qui leur était attribuée par avance. Mais après le don de la Torah à Israël, ils [c'est-à-dire les Juifs] ont été soustraits au déterminisme des étoiles et des constellations (מזלות). La conséquence en est que celui qui étudie la Torah n'est pas affecté par le déterminisme des étoiles et des constellations, à la condition qu'il étudie pour accomplir les Mitsvot. Cependant, celui qui ne fait pas cela, c'est comme s'il n'étudiait pas la Torah, et il n'est pas soustrait à l'influence du déterminisme astral.
Plus que cela : [à celui qui étudie la Torah lishmah] on confère un contrôle sur les forces naturelles, au point qu'il pourra leur ordonner [mot à mot : il peut prononcer des décrets] et elles se plieront à toutes ses volontés.
Et tous le craignent, comme l'enseignent Nos Sages (Avot 6,1) : on lui confère la royauté (le gouvernement) et la majesté [il est puissant, respecté et craint comme un roi...] « כִּי נֵזֶר אֱלֹהָיו, עַל-רֹאשׁוֹ » [car la couronne de son D.ieu est sur sa tête. Bamidbar 6,7 où il est question de l'interdiction faite au Cohen de se rendre impur pour un mort] la lumière de la Torah rayonne sur sa tête, et il est protégé, si l'on peut dire, par l'ombre des ailes de la Shekhina (la Présence divine).
C'est ce qu'enseigne le Zohar haQadosh :
Rabbi Elazar a ouvert et a dit : « וָאָשִׂם דְּבָרַי בְּפִיךָ, וּבְצֵל יָדִי כִּסִּיתִיךָ » J'ai déposé mes paroles dans ta bouche, et je t'ai abrité à l'ombre de ma main - Isaïe 51,16, [déjà commenté aux chapitres 11 et 12, dans un contexte et avec une interprétation différents].
Ce verset signifie que celui qui se consacre aux paroles de la Torah, et dont les lèvres prononcent [les mots de la] Torah, D.ieu le protège et étend sur lui les ailes de la Shekhina.
Viens et vois à quelle est la force du pouvoir de la Torah, et comme elle est supérieure à toute autre chose, car tous ceux qui se consacrent à la Torah n'ont rien à craindre des royaumes supérieurs ou inférieurs, et ne craignent pas [non plus] d'événements fâcheux dans ce monde, car il[s sont] attaché[s] à l'Arbre de vie [qui désigne la Torah] et il[s] s'en nourrissent chaque jour, et la Torah enseigne à un homme [comment] marcher dans le sentier de la Vérité et le conseille utilement.
Rabbi Yossi a ouvert et a dit : Comme la Torah est aimée de D.ieu ! Ainsi, celui qui s'adonne à [l'étude de] la Torah est aimé dans les mondes supérieurs et inférieurs, et D.ieu écoute ses paroles et ne l'abandonne ni dans ce monde ni dans l'autre !
Et quand une personne fournit un effort pour servir son Maître et s'applique dans [l'étude de] la Torah, combien de gardiens sont chargés de veiller sur elle. La Shekhina réside sur lui, et tous l'annoncent en disant : « Faites honneur à l'image du Roi ! »
Il est protégé dans ce monde, et le bonheur est son lot dans le monde à venir !
Mis en ligne le 23 Iyar 5777 - 38è jour du 'Omer (19 mai 2017)