4ème PORTIQUE : CHAPITRE HUIT
Chapitre huit : Une grange vide n'est pas une grange - La crainte sans Torah n'est rien.
(Pr. Gross : Sans sagesse, pas de véritable crainte)
Cependant, on peut apprendre de ces deux métaphores (םשׁלימ) de 'Hazal [la grange et le produit qu'elle peut contenir d'une part ; la petite quantité de conservateur dans une grande quantité de produit d'autre part] le contraire de ce que beaucoup de gens de notre Peuple font par erreur, en consacrant tout leur investissement dans l'étude de la Torah exclusivement à des ouvrages [visant à développer la] crainte de D.ieu et à des livres de Moussar.
Pour ce qui est de l'image de la grange, comme précédent nécessaire à la possibilité même de stocker un produit, il ne viendrait à l'idée de personne, sachant que la grange permet la conservation du produit, de consacrer tout ou presque de son temps à la construire, sans jamais y apporter quoi que ce soit à engranger !
De la même façon, comment une personne pourrait-elle en venir à penser que le but d'un Juif est d'investir la totalité de son temps d'étude à la construction d'une "grange" de crainte de D.ieu, une grange vide, qui pour tous les efforts fournis, n'accomplira que le seul commandement « Tu craindras l'Éternel ton Dieu », et qui, en réalité, n'est pas une grange du tout !
Quand 'Hazal ont affirmé que « D.ieu ne possède qu'une grange de crainte de D.ieu », cela ne s'applique qu'à une grange qui contient une abondante moisson de Torah écrite (Tanakh), de Mishna, de Halakha et de tous les autres aspects de la Torah [comme le Targoum, le Midrash, les commentaires de Rashi, de Maimonide, du Ramban, du Maharal etc...], car la crainte de D.ieu est leur « trésor de bonté » qui préservera sa connaissance de la Torah, qui l'organisera soigneusement, lui permettant de la retrouver, inscrite sur les « tablettes de son cœur », ainsi que le montrent les paroles suivantes de nos Maîtres : « Ha Kadosh Baroukh Hou ne possède rien dans Son Monde sinon les quatre coudées de la Halakha » (Ber. 8a).
(La racine de cette question est connue : ces deux niveaux de la Torah [d'une part] et la crainte de D.ieu [d'autre part], se trouvent [dans deux positions différentes] dans les midot supérieures. La crainte ne possède rien en propre, « elle vient dans sa pureté ».
[L'expression « כי היא נקיה באה » est empruntée à une expression plus longue qui figure dans Niddah 31b : « la femme ne possède rien en propre, elle vient dans sa pureté ». L'idée est ici que la dimension féminine dénote la réceptivité, tandis que le masculin est émetteur. Ainsi la dimension féminine ne possède rien en propre. Le concept de Malkhut est donc associé à la dimension féminine, ainsi que, dans ce contexte, la « grange » de la crainte de D.ieu, qui ne possède rien en propre si elle n'est emplie de Torah. - Note du Rav Fraenkel]
La crainte n'est qu'un contenant destiné à recevoir une marchandise qui provient du niveau supérieur de la Torah, comme il est écrit : « וַיהוָה, בְּהֵיכַל קָדְשׁוֹ » ("Et D.ieu est dans Son saint Sanctuaire" - Habakuk 2,20). Qu'on se réfère au Tikkounim.
[En l'espèce, Tikkounei Zohar, 3ème Tikkoun : En quoi est-il essentiel que « sans crainte de D.ieu pas de sagesse (de la Torah) » (Mishna Avot 3,17), car la crainte de D.ieu est le grenier de la sagesse de la Torah, c'est son lieu de rangement, sa cachette, et la maison du Roi {c'est à dire la dimension de Malkhut, en tant que réceptacle qui reçoit et ne possède rien en propre} Le secret de cette question est dans le verset : « וַיהוָה, בְּהֵיכַל קָדְשׁוֹ »]
C'est ainsi que [Shlomo hamelekh s'exprime (dans Mishlei 15,16)] « Mieux vaut un petit gain avec la crainte de D.ieu qu'une grange pleine d'un vide tourmenté » [« Mieux vaut une fortune médiocre avec la crainte de l'Éternel qu'une grande richesse, accompagnée de trouble. » C'est la traduction du Rabbinat. On a traduit d'après le contexte]
Mis en ligne le 11 Tevet 5777- 8 janvier 2017