BALAQ 5776 : ISRAËL NE JOUE PAS AVEC LES MÊMES RÈGLES!

Bil'am à Balaq : Israël ne joue pas avec les mêmes règles !

מִי מָנָה עֲפַר יַעֲקֹב, וּמִסְפָּר אֶת רֹבַע יִשְׂרָאֵל; תָּמֹת נַפְשִׁי מוֹת יְשָׁרִים, וּתְהִי אַחֲרִיתִי כָּמֹהוּ

« Qui peut compter la poussière de Jacob, nombrer la multitude d'Israël ? Puissé-je mourir comme meurent ces justes, et puisse ma fin ressembler à la leur ! » (23:10)

Qu'est-ce qui peut relier, dans l'esprit tortueux de Bil'am, les deux parties de ce verset ?

C'est la question que pose le Rav Shimshon Rafaël Hirsch zatsal, dans son merveilleux commentaire du 'Houmach :

Bil'am est-il seulement en train de chanter les louanges d'Israël, et de répéter, d'une manière plus poétique, ce qu'il dit à Balaq depuis le début :

« Tu veux qu'ils soient maudits, mais D.ieu dit qu'ils sont bénis... Ton projet est voué à l'échec ! »

Le recours désespéré à l'intervention de Bil'am repose sur ce qu'on rapporte à Balaq de la force numérique d'Israël :

הִנֵּה עַם יָצָא מִמִּצְרַיִם הִנֵּה כִסָּה אֶת עֵין הָאָרֶץ

« Un peuple est sorti d'Egypte; déjà il couvre la face du pays... » (22:5)

Balaq aurait pu s'accommoder d'un 'Am Israël de dimensions modestes. Mais sa supériorité numérique le terrifie.

Pour Bil'am cependant, ces appréhensions témoignent d'un contresens :

« L'image que tu te fais est complètement fausse. Tu te figures qu'ils peuvent être comptés, comme la 'poussière' (עֲפַר), et tu ne les crains que dans la mesure où ils atteignent une sorte de 'masse critique'. Mais ce peuple là ne peut pas être mesuré de cette façon ! Son importance dans l'histoire humaine est sans relation avec sa force numérique, au contraire de la plupart des nations. Tu as autant à craindre des Bnei Israël lorsqu'ils sont peu nombreux, lorsqu'ils sont appelés יַעֲקב (ya'aqov) que lorsqu'ils paraissent innombrables, et sont appelés יִשְׂרָאֵל (Yisraël) ! »

Et Bil'am poursuit son raisonnement :

« Tu ne sais pas à quel point tu fais erreur, car ce n'est pas seulement le nombre qui n'a pas d'importance en ce qui les concerne. La mort non plus ! Lorsque les autres peuples sont terrifiés par la formidable puissance de la mort, eux ne la craignent pas, car ils sont assurés d'une existence meilleure, lorsque la phase corporelle de leur existence prendra fin. Le terme Yashar - droit - (au pluriel יְשָׁרִים) n'est pas une simple notion de morale sociale pour eux. La Torah à laquelle ils se réfèrent leur permet de juger de leurs efforts vers une vie digne d'un homme à l'aune d'un critère objectif ! Cela signifie qu'ils savent diriger leur vie d'une manière juste, sans se détourner du 'droit' (ישׁר) chemin. »

Et Bil'am conclut ce dialogue brillamment imaginé par le Rav Hirsch :

« J'aimerais être en position de faire le choix qu'ils ont fait. La mort du ישׁר, du juste, a plus d'attraits que les desseins inutiles de mon existence »

Il faut comprendre que si Bil'am fait ici l'éloge des Bnei Israël, ce n'est pas simplement pour justifier de son incapacité à accomplir la mission que Balaq lui a confiée. En quelques paroles précises, il fait comprendre à Balaq qu'Israël vit selon ses propres règles. Ce qui est important pour les autres nations, les facteurs qui déterminent leur succès ou leur échec n'ont pas de pertinence pour le Peuple de D.ieu.

Le jugement de Bil'am s'appliquait certes à un groupe humain dont il observait l'approche dans le désert. Mais il porte en lui une vérité générale au sujet de tous ceux qui s'attachent, en tout lieu et à toute époque, à la Volonté divine !

Mis en ligne le 11 Tammouz 5776 - 17 juillet 2016

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