La Torah est un garde-fous
Fanatisme religieux : la Torah nous garde des fous...
L'actualité éclaire sous un sombre jour les manifestations du fanatisme religieux le plus violent, et particulièrement la volonté mortifère d'imposer sa croyance à autrui, sous peine de mort terrestre ou d'infernale damnation.
Ce phénomène, bien entendu, n'a rien de nouveau. Au cours de sa longue histoire, l'église catholique n'a pas lésiné sur le bois des bûchers. L'inquisition espagnole, la plus cruelle de toutes, n'a été dissoute qu'en 1834. L'Islam a connu régulièrement de ces poussées de fièvre meurtrière, comme celle que dut fuir le Rambam au temps des Almohades. Plus récemment, la « foi » communiste a fait couler des fleuves de sang.
Dans tous ces cas, les Juifs ont une place de choix parmi les victimes.
Mais on peut se demander pourquoi le Judaïsme a pour l'essentiel échappé à cette dérive, qu'ont connue presque toutes les croyances humaines.
Le Rav Raphaël Sadin, dans un cours donné sur Torah-Box, répond de manière éclairante à cette question.
Le Judaïsme, tout d'abord, n'a jamais considéré que la vérité d'une doctrine dépend du nombre de ceux qui y adhèrent. La Torah n'a pas besoin d'un plus grand nombre d'adeptes pour qu'on soit «rassuré» sur Sa Vérité ! Il faut que les Juifs s'y attachent et en accomplissent les préceptes, ce qui est en soi un objectif bien assez ambitieux !
Mais il est une seconde raison, d'une nature différente, et qui tient à la construction de la Loi juive, dans sa relation avec la structure de la personne humaine. L'homme est composé de Nefesh (l'action), Roua'h (la parole) et Neshama (la pensée). À chaque niveau correspondent des commandements positifs et des transgressions. Et nos Maîtres nous enseignent que les transgressions les plus graves se situent aux niveaux les plus élevés.
Il est bien plus grave de médire de son frère que de manger du porc, et penser que la Torah ne vient pas de D. est pire que répandre du lachone har'a.
Pour autant, le système pénal de la Torah semble refléter une conception exactement inverse : celui qui transgresse le Shabbat, ou qui commet l'adultère est mis à mort (si les conditions - très rigoureuses - d'une condamnation par le Beth Din sont réunies).
Tandis que celui qui cultive des pensées hérétiques ne
saurait être inquiété par aucun tribunal terrestre !
Est-ce à dire que la Torah correspondrait merveilleusement au libéralisme contemporain : chacun a le droit de penser ce qu'il veut ? Rien n'est plus faux ! La « tolérance » de la civilisation occidentale tend à affirmer que tout se vaut, et détruit ainsi la notion même de vérité.
Pour la Torah, les fautes commises par la pensée sont au contraire les plus graves, parce qu'elles touchent l'âme dans sa partie éternelle. L'homme est certes libre de penser ce qu'il veut, mais il est infiniment responsable de l'usage qu'il fait de cette liberté.
Néanmoins, un tribunal humain ne saurait s'immiscer dans cette part sublime des relations de l'homme avec son Créateur.
C'est la plus puissante des garanties contre la violence fanatique.