QUATRIÈME PORTIQUE : CHAPITRE QUATRE
Pour l'élévation de l'âme de mon vénéré père James ben Fanny Natanson, ZL
La crainte de D.ieu est une grange pour abriter la récolte
(Pr. Gross : Sans crainte, point de sagesse)
Cependant, [après avoir affirmé que l'essentiel de la mitsva est son accomplissement effectif et non l'intention associée] on ne peut certainement pas dire que l'étude de la Torah n'exige pas la pureté de l'intention et la crainte de D.ieu, D. préserve, ainsi que l'enseignent 'Hazal dans une Mishna explicite : « S'il n'y a pas de crainte, il n'y a pas de sagesse » (Avot, 3,17).
C'est le sens de ce qui est écrit [dans TB Yoma 72b au sujet de Mishlei 17,16] : « A quoi sert au fou d'avoir de l'argent en main pour acquérir de la sagesse? Il n'a pas d'intelligence (ou de cœur). » Malheur aux érudits en Torah [Le texte dans Yoma porte : les ennemis des sages... Rabbi 'Haïm n'a pas conservé l'euphémisme traditionnel] qui s'adonnent à l'étude de la Torah sans [posséder] la crainte du Ciel !
Celui qui connaît [la Torah] mais n'a pas de crainte du péché, celui là ne possède rien, car la Torah ne se maintient que par la crainte du péché. (Shemot Rabba sur Ki Tissa)
[Plusieurs passages du Zohar confirment cette idée :]
Rabbi Shimon bar Yo'haï disait : « La crainte est le portail par où on entre dans la foi. C'est sur cette mitzva que repose le monde. C'est l'essence et la base de toutes les autres mitzvot de la Torah. Celui qui se conduit avec crainte accomplit tout, et celui qui ne se conduit pas avec crainte n'accomplit aucune des mitzvot de la Torah.
Qu'est-ce que le joug de la royauté divine ? C'est comme un bœuf... De la même manière, une personne doit d'abord accepter le joug sur elle, et ensuite Le servir de la manière requise. Et si elle ne commence pas par accepter [ce joug sur ses épaules], il sera incapable de servir, ainsi qu'il est dit : עבדו את יהוה בּירא /Servez D.ieu dans la crainte (Ps 2,11). Que signifie « dans la crainte » ? On l'apprend du verset : רֵאשִׁית חָכְמָה יִרְאַת יְהוָה / Le commencement de la sagesse : la crainte de D.ieu (Ps 111,10) C'est donc le commencement de tout, car c'est avec cela qu'il entre dans tout le reste de la sainteté. Mais si on ne la trouve pas en lui, alors la sainteté supérieure ne réside pas en lui non plus.
Nos Maîtres disent encore : « Tout celui dont la crainte de la faute précède (ou dépasse) sa sagesse, sa sagesse se maintiendra » (Avot 3,9) car la crainte de D.ieu est un préalable essentiel pour préserver la sagesse de la Torah.
Et encore, dans Shabbat 31a : « Resh Lakish demanda : quel est le sens du verset (Is. 33,6) :
וְהָיָה אֱמוּנַת עִתֶּיךָ, חֹסֶן יְשׁוּעֹת חָכְמַת וָדָעַת; יִרְאַת יְהוָה, הִיא אוֹצָרוֹ / La foi (émouna) de ton temps ('Itékha) et la force du salut est la sagesse et la connaissance, mais la crainte de D.ieu est son trésor (B.Gross) / sa richesse (Rabbinat).
[Chacun des six mots clé du verset renvoie à un des six ordres de la Torah orale à savoir :] אֱמוּנַאַ correspond à Zéraïm [עִתֶּיךָ (ton temps) correspond à Moed etc] et ce verset comprend toute la Torah orale ; Mais la fin du verset dit cependant que la crainte de D.ieu est אוֹצָרוֹ , son trésor / sa richesse [ou peut-être, comme on va le voir plus loin, sa chambre au trésor].
Ce verset compare la Torah à une abondante récolte, et la crainte de D.ieu à un grenier ou à une grange qui peut contenir et protéger une grande quantité de produits.
La crainte de D.ieu est la grange protectrice grâce à laquelle la sagesse est protégée en l'homme.
Et si l'homme ne commence pas par préparer soigneusement ce lieu protecteur, cette grange, alors c'est comme si toute l'abondance de cette récolte de Torah se trouvait laissée à l'air libre dans les champs, exposée au piétinement des bœufs et des ânes [d'après le Gaon, deux formes du Yetser hara], D. préserve, et la sagesse de la Torah ne se maintiendra pas.
De la même manière, 'Hazal enseignent : on peut trouver une personne qui étudie Midrash, Halakha, Aggadah mais qui n'a pas de crainte de D.ieu. Une telle personne n'a rien du tout.
Il est comme un homme disant à son ami qu'il possède mille unités d'un produit [mille jarres d'huile ou mille fûts de vin]. Son ami lui demande : As-tu une grange ou un grenier pour entreposer tout cela ? Si c'est le cas, alors ces marchandises sont bien à toi. Sinon, il n'y a rien dans ta main [Ta possession est toute théorique, car tu ne pourras pas conserver ces biens. On peut dire qu'ils appartiennent en réalité au vent, à la pluie, aux animaux susceptibles de les piétiner et même peut-être à des voleurs...]
De même, on dit à une personne qui s'adonne à l'étude : Si tu as la crainte de la faute, alors elle [la sagesse de la Torah] t'appartient entièrement comme le dit le verset [d'Isaïe déjà cité] : La foi (émouna) de ton temps ('Itékha) et la force du salut est la sagesse et la connaissance, mais la crainte de D.ieu est son trésor.
Mis en ligne le 23 'Heshvan 5777 (24 novembre 2016)