Premier Portique : 1 à 2

Pour l'élévation de l'âme de Yossef ben Sarah

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1. Le concept d'image est un fondement essentiel ; l'image implique une certaine ressemblance.

Il est écrit : « Éloqim créa l'homme à Son image. À l'image de Éloqim Il le créa » (1), et il est écrit de même : « car à l'image de Éloqim Il créa l'homme. » (2)

La profondeur de l'essence du concept d'image (Tselem) fait partie de ces choses qui se tiennent dans les régions les plus élevées de l'univers, ce qui inclut la plus grande partie des secrets dissimulés du Zohar [haQadosh].

Mais nous allons ici nous intéresser au terme « image », à la suite des premiers exégètes de l'Écriture (3) de mémoire bénie, au sujet du verset : « Faisons l'homme à Notre image, à Notre ressemblance. » (4)

Les termes « image » et « ressemblance » ne doivent pas être compris littéralement, comme le verset l'indique explicitement : « À quelle image peut-Il être comparé ? » (5)

Cela signifie qu'il existe une certaine forme de ressemblance [entre Éloqim et l'homme] comme dans : « Je suis comme l'oiseau du désert » (6), qui ne veut pas dire que [le Psalmiste] possède des ailes ou un bec, ou bien s'est transformé en un oiseau !, Mais il s'agit d'une similitude dans la manière d'agir, d'errer de ci de là comme l'oiseau du désert, qui vit dans la solitude et vole de place en place.

C'est ainsi que les Rishonim de mémoire bénie comprenaient [ce concept].

Dans cette perspective, le terme « image » signifie que sous un certain angle, [l'homme et Éloqim] peuvent être comparés.

2. La création constante du physique à partir du non-physique.

Néanmoins, lorsque le verset dit : « image de Éloqim », il faut comprendre [cette expression] en relation avec le nom divin spécifique dont il est question [c'est-à-dire Éloqim], et non avec les autres noms. Il est connu que ce nom fait référence à Éloqim en tant que « Maître de toutes les forces » (7), comme l'enseigne le Tour (Ora'h 'Haïm, 5).

Dans la mesure où Il est ainsi appelé « Tout-Puissant », Ses attributs diffèrent essentiellement de ceux des créatures de chair et de sang. Ainsi par exemple de l'homme, qui construit une structure en bois. Il ne produit pas lui-même le bois, par son propre pouvoir, mais il se sert d'un bois déjà existant, et l'agence en une construction organisée.

Puis, après qu'il a arrangé cette structure selon sa volonté, il cesse d'y appliquer sa capacité d'organisation, et la chose construite continue d'exister.

En revanche, Lui [Éloqim], que Son Nom doit béni, au temps de la Création de tous les mondes, les a créés et amenés à l'existence physique à partir du non-physique (Yesh méAyin) (8), par Son pouvoir infini. Depuis lors, et à chaque instant, littéralement, tout leur maintien à l'existence dépend entièrement du fait que par Sa volonté, Hashem, Béni soit Son Nom, épanche Sa puissance et renouvelle sur eux Sa lumière.

Et s'Il devait retirer d'eux Sa puissance, ne serait-ce qu'un instant, ils seraient immédiatement renvoyés au néant. (9)

C'est ce que dit [la prière (10)] instituée par les hommes de la Grande Assemblée (11) « Dans Sa bonté, Il renouvelle (12) constamment chaque jour Son acte de Création. »

Ce qui veut dire réellement « constamment » (״תמיד״ ממּשׁ), à tout instant, et il est écrit explicitement à ce sujet : « Celui qui crée [au présent] les grands luminaires. » (13)

Il n'est pas écrit « 'assah » (qui a fait), mais « 'osséh », qui fait !

C'est ce que [le texte] veut dire en nommant Hashem « Éloqim », Maître de toutes les forces, car Il est le pouvoir Tout-Puissant sur toute force existant dans tous les mondes. Il épanche Son pouvoir et Sa puissance sur eux à tout instant. Ils dépendent constamment de Sa main qui les modifie et les organise selon Son vouloir, qu'Il soit béni.

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Note 1 de Rabbi Haïm : la re-création permanente n'est pas perceptible, le Tétragramme fait référence aux quatre éléments.

Bien que rien de nouveau ne soit perceptible à l'œil [de ce processus de re-création permanent], les quatre éléments [feu, air, eau et terre], qui sont, comme l'enseigne le Zohar (14), les racines primordiales de l'acte de Création et de l'essence de toute chose, sont les lettres du Nom divin Yud-Qéh-Vav-Qéh dont les assemblages et les combinaisons continuels ne sont absolument pas perceptibles. Hashem les recompose à tout instant conformément à Sa Volonté. Leur recomposition constante est faite des mille quatre-vingt combinaisons du Nom, par le changement des voyelles (15), qui correspondent aux 1080 parties uniques d'une heure, (16) et qui subissent de la même manière de nouvelles modifications à chaque heure, selon de nouvelles combinaisons. En outre, les caractéristiques du jour ne sont pas identiques à celles de la nuit, et celles d'un jour donné ne sont pas non plus les mêmes que celles du lendemain, ainsi qu'il est dit expressément : Il renouvelle (hameadesh) l'œuvre de la Création (17).

Mis en ligne le 7 Av 5783 (25 juillet 2023)

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1 « וַיִּבְרָא אֱלֹקְים אֶת-הָאָדָם בְּצַלְמוֹ, בְּצֶלֶם אֱלֹקְים בָּרָא אֹתוֹ » Béréshit – Genèse 1,27.

2 «כִּי בְּצֶלֶם אֱלֹקְים, עָשָׂה אֶת-הָאָדָם » Ibid. 9,6.

3 Le Nefesh haḤaïm utilise ici le terme « ראשׁונים » (Rishonim - premiers), qui désigne les commentateurs du moyen-âge, et notamment le Rambam (Maïmonide) au début de son « Moré névoukhim » (Le guide des égarés). Ils ne sont appelés premiers que par rapport à la dernière génération des Sages de l'époque post-talmudique (appelés Guéonim – les géants), qui avaient eux-mêmes succédé aux Amoraïm et aux Tannaïm, les Sages de la Guémara et de la Mishna respectivement.

4 « נַעֲשֶׂה אָדָם בְּצַלְמֵנוּ כִּדְמוּתֵנוּ » Ibid. 1,26.

5 « וְאֶל-מִי, תְּדַמְּיוּן אֵל; וּמַה-דְּמוּת, תַּעַרְכוּ לוֹ » Yeshayahou – Isaïe 40,18.

6 « דָּמִיתִי, לִקְאַת מִדְבָּר; הָיִיתִי, כְּכוֹס חֳרָבוֹת » que le Rabbinat traduit par : « Je ressemble au pélican du désert, je suis devenu pareil au hibou des ruines. » Tehillim – Psaumes 102,7.



7 « בּעל הכחות כּלם » C'est la pensée qu'on doit avoir lorsqu'on prononce ce nom, notamment dans une berakha (bénédiction) : Éloqim est le Maître de toutes les forces de la Création.








8 Les concepts de Yesh (littéralement « Il y a » - la création physique) et Ayin (littéralement « il n'y a pas » - le « non-physique ») et leurs relations seront examinés plus en détail au chapitre 2 du troisième portique.

9 C'est-à-dire qu'ils cesseraient d'exister physiquement. Cette idée est abondamment développée dans le troisième Portique, notamment dans le premier chapitre, où Rabbi Ḥayim la rapporte à la référence à HaShem comme Maqom (lieu) du Monde. On notera que Rabbi Ḥayim utilise l'expression « אפּס ותהו » qui signifie approximativement « nul et vide ».

10 La formule est utilisée à deux reprises dans le texte de la prière quotidienne du matin : « הַמְחַדֵּשׁ בְּטוּבו בְּכָל יום תָּמִיד מַעֲשה בְרֵאשִׁית », littéralement : « Il renouvelle avec bonté chaque jour en permanence l'œuvre de la Création. »

11 La Grande Assemblée (« כְּנֶסֶת הַגְּדוֹלָה ») comprenait cent-vingt Sages et prophètes, et établit de nombreuses lois, dont celles qui concernent le texte des prières et la formulation des bénédictions (v. Berakhot 33a), entre le début du cinquième et celui du troisième siècle avant l'ère courante. Parmi ces prophètes se trouvaient Daniel, Hananiah, Mishaël, Azariah, Mordekhaï, Néhemiah et d'autres. Parmi eux se trouvaient aussi les premiers « Ḥakhamim » (les Sages), comme Shim'on haTsaddiq. Au compte de leurs grandes décisions figurent entre autres la fixation du canon biblique juif, l'institution de la fête de Pourim, la fixation du rituel des jours ordinaires, du Shabbat et des fêtes (voir entre autres sources Pirké Avot 1,1, et Rambam, Introduction au Mishnéh Torah).

12 Ici Rabbi Haïm introduit une note 1 reproduite ci-contre.

13 « לְעֹשֵׂה, אוֹרִים גְּדֹלִים », Téhillim – Psaumes 136,7, verset qui figure également dans la prière quotidienne.

14 Zohar II Waéra 23b : « Rabbi Shim'on dit : Viens et vois. Au secret de la foi, il y a quatre composants primordiaux, et ce sont les pères de tous les mondes et du secret du saint Char supérieur. Ce sont les quatre éléments du feu, de l'air, de l'eau et de la terre » Cette source est également mentionnée aux chapitres 17 du deuxième Portique, et 10 du troisième.

15 V. chapitre 16 du deuxième Portique, qui décrit les composants d'un mot, dont fait partie la vocalisation des consonnes. Rabbi Isaiah ben Avraham Horowitz (c.1555-1630, dit le Shelah HaQadosh) propose une décomposition détaillée de ces 1080 combinaisons, de même que le Gaon de Vilna, à la fin de son commentaire du Sefer Yetsirah. En résumé, il y a cinq voyelles principales, plus le Shéva :
- אָ, אֵ, אֹ, אִ, אֻ, אְ
- Chacune de ces six vocalisations est appliquée à chaque lettre du tétragramme י-ה-ו-ה , formant ainsi 24 combinaisons (6 x 4)
- Chacune de ces 24 combinaisons des lettres vocalisées du tétragramme est ensuite appariée avec les six formes de la lettre Aleph. Par exemple, pour la première lettre du tétragramme « י » (yud) on obtient : יאָ, יאֵ, יאֹ, יאִ, יאֻ, יאְ, ce qui donne 144 paires (26 x 6)
- Au total, ces 144 paires de lettres comprendront 36 occurrences de chacune des quatre lettres du tétragramme, et 144 occurrences de la lettre Aleph. La valeur numérique de 36 fois Yud-Qéh-Vav-Qéh est de 936 (36 x 26). La valeur numérique de 144 fois Aleph est bien sûr 144. La valeur totale de ces 144 paires de lettres est donc de 936 + 144 = 1080
- Chaque heure du jour est donc divisée en 1080 incréments uniques.
- La raison pour laquelle c'est à la lettre Aleph que sont appariées les lettres du tétragramme, c'est que cette lettre représente elle-même la valeur numérique 26. Elle est en effet constituée d'une barre inclinée, un Vav (6) et de deux Yuds (10), l'un au dessus et l'autre au dessous (soit 10 + 10 + 6 = 26).

16 Le Rambam, dans son Mishneh Torah (Hilkhot Qiddoush ha'Hodesh 6,2) précise que ce nombre est utilisé pour diviser l'heure, parce qu'il est divisible par beaucoup de nombres.

17 Siddour Pata'h Éliyahou, p.53 (entre autres nombreuses références, la présence de ce texte dans les livres de prières ne faisant l'objet d'aucune divergence, ni différence Ashkénaze-Séfarade par exemple)

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