TSAV 5778

Continuité et renouvellement

« וְלָבַשׁ הַכֹּהֵן מִדּוֹ בַד, וּמִכְנְסֵי-בַד יִלְבַּשׁ עַל-בְּשָׂרוֹ, וְהֵרִים אֶת-הַדֶּשֶׁן אֲשֶׁר תֹּאכַל הָאֵשׁ אֶת-הָעֹלָה, עַל-הַמִּזְבֵּחַ; וְשָׂמוֹ, אֵצֶל הַמִּזְבֵּחַ. ד וּפָשַׁט, אֶת-בְּגָדָיו, וְלָבַשׁ, בְּגָדִים אֲחֵרִים; וְהוֹצִיא אֶת-הַדֶּשֶׁן אֶל-מִחוּץ לַמַּחֲנֶה, אֶל-מָקוֹם טָהוֹר

Le Cohen revêtira sa tunique de lin, et des caleçons de lin il revêtira sur sa chair, il prélèvera la cendre [laissée par] le feu qui consommera la 'Ola sur l'autel, il la mettra à côté de l'autel.

Il se déshabillera de ses vêtements, il revêtira d'autres vêtements, il fera sortir la cendre vers le dehors du camp, vers un endroit pur »

Wayiqra 6,3-4

Commencer la journée par un peu de nettoyage semblera certainement tout à fait sensé, en cette période de grand ménage ! Quelle meilleure manière de préparer le Mizbéa'h pour les offrandes du jour nouveau que de se débarrasser des résidus peu plaisants de la veille ?

Rashi, citant Yoma 23b, précise que le changement de vêtements du Cohen n'est pas « une obligation, mais une règle de bonne conduite (אֵין זוֹ חוֹבָה, אֶלָּא דֶּרֶךְ-אֶרֶץ) : il ne faut pas qu'en retirant la cendre il risque de salir les vêtements dans lesquels il effectue constamment son service »

Mais la Torah, affirme le Rav Shimshon Raphaël Hirsch, n'est pas un manuel d'entretien du Beth haMiqdash ! D'ailleurs, le prélèvement de la cendre (Téroumat hadeshen) ne constitue pas du tout une préparation de l'autel pour le nouveau cycle de Qorbanot.

C'est ce que précise Rashi, qui indique que nos Maîtres distinguaient deux types d'activités : « Quand la quantité de cendre était devenue importante et qu'il n'y avait pas de place pour le bois, on les en faisait sortir. Ce n'était pas une obligation quotidienne, tandis que le prélèvement de la cendre était un devoir journalier. »

Les détails halakhiques de la Téroumat hadeshen montrent clairement qu'on ne peut pas considérer cette mitsva comme une des tâches habituelles de nettoyage du Sanctuaire. Si c'était le cas, on pourrait s'attendre à ce que n'importe quel Juif pût l'accomplir. Au lieu de quoi, c'est une 'Avodah de même rang que les autres, qui exige un Cohen en costume complet, et non un factotum en bleu de travail ! La petite quantité de cendre ainsi prélevée n'est pas destinée à la décharge. Elle est soigneusement déposée, et non répandue, en un lieu précis, proche de l'autel. La plupart d'entre nous préféreront garder les cendres hors de vue, et non les placer devant la porte de la maison... Pourtant, la Téroumat hadeshen était déposée dans un emplacement bien visible, du côté Est, face au public.


C'est une règle générale du Service du Sanctuaire que la sainteté attachée à tout élément utilisé au cours de l'Avodah cesse à l'instant même où est accomplie la mitsva à laquelle cet élément est associé. En d'autres termes, tout objet matériel sanctifié au cours d'un rituel accompli au Beth haMiqdash perd son statut de sainteté lorsque ce rituel s'achève, et n'est plus soumis aux lois de « mé'ilah » (l'interdiction de s'approprier les biens consacrés au Beth haMiqdash - Par exemple, les agriculteurs pouvaient recueillir le sang des sacrifices pour en faire un fertilisant).

En appliquant cette règles à la Téroumat hadeshen, on pourrait s'attendre à ce que les cendres prélevées, une fois déposées, perdissent tout caractère de sainteté.

Ce n'est pourtant pas le cas !

Il apparaît donc clairement que le prélèvement de la cendre n'est pas un préparatif matériel des Qorbanot du jour qui vient, mais plutôt une sorte de trait d'union avec le jour précédent.

Il résume les événements de la veille, et les rassemble en un rappel qui se tient en sentinelle près de l'autel, affirmant fortement à ceux qui viennent ici servir Hashem : ce qui sera accompli aujourd'hui le sera dans une rigoureuse continuité de ce qui a été fait hier, et avant-hier et le jour d'avant. Certes, vous agirez avec une force et un enthousiasme renouvelés, mais vous n'avez pas besoin de réinventer la roue. Votre contribution personnelle à la Sanctification du monde a été décrite et planifiée depuis la plus haute antiquité. Chaque petit-fils et arrière petit-fils de Juif se tient devant D.ieu, porteur de la même mission pour sa vie que celle qui fut confiée à nos pères. Personne n'est obligé d'innover, ou de redécouvrir à nouveaux frais ce que Hashem attend de l'homme.

Plus encore, la contribution de chacun vient s'ajouter à un édifice savamment construit et magnifiquement embelli au cours des millénaires de notre histoire. Ce petit tas de cendres témoigne de la miraculeuse continuité entre le service d'hier et celui d'aujourd'hui. Il reste soumis aux lois de « mé'ilah », non comme une exception à la règle, mais parce que sa tâche n'est jamais terminée. Il ne peut revenir à un statut profane.


Mais nous n'avons vu que la moitié du tableau. La Torah fait immédiatement suivre la Téroumat hadeshen de la mitsvah de retirer le gros des cendres de sur l'autel, et de les emporter intégralement hors du camp. Avec pour effet de faire disparaître toute trace de l'avodah des jours précédents.

La Torah transmet ici un message différent, presque contradictoire : nous ne pouvons pas nous reposer sur les lauriers du passé, ni le nôtre, ni celui de qui que ce soit.

La pensée de ce qui a été accompli ne saurait fournir un prétexte au renoncement. Nous devons aborder le Service de chaque jour avec passion et enthousiasme : « עִבְדוּ אֶת-יְהוָה בְּשִׂמְחָה - Servez Hashem dans la joie », enseigne le Psalmiste (Ps 100,2, verset dont j'ai fait la devise de ce site...)

La Téroumat hadeshen nous rappelle la continuité ; l'enlèvement des cendres (Hotza'at hadeshen) donne à chaque jour une force nouvelle. Il nous apprend à considérer chaque jour comme s'il était le premier de notre service de D.ieu !

Librement adapté du Rav Yts'haq Adlerstein - Torah.org

Mis en ligne le 5 Nissan 5778 - 21 mars 2018

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