1.20
20. Le processus de la Téshouva à chaque niveau de l'âme
Voici
l'explication détaillée de la séquence des réparations et de la
reconnexion par le moyen de la Téshouva.
[Au niveau de Néfesh:]
Une personne peut créer [par ses fautes] des dommages au niveau de son Néfesh, D.ieu nous en préserve. Elle peut même causer une déconnexion [maximale], et briser le lien des neuf Sefirot depuis Ḥokhma et en-dessous comme on l'a mentionné plus haut. « Elle est tombée d'une manière prodigieuse (1) » dans les profondeurs de la Kelipa (2), D.ieu nous en garde.
Même dans ce cas, par le moyen d'une reconnaissance verbale et sincèrement éprouvée, articulée physiquement au niveau de Néfesh de Rouaḥ (3), le son de ses paroles crée un éveil qui monte dans les niveaux les plus élevés, et permet l'épanchement d'un flux supplémentaire de Sainteté émanée de HaShem vers la source de l'âme, qui descend ensuite au niveau de sa Néshama, puis de son Rouaḥ. Le niveau de Rouaḥ brille alors d'une grande lumière supplémentaire qui a été épanchée sur la partie qui a toujours été reliée, comme on l'a expliqué plus haut, [c'est-à-dire le Néfesh de Rouaḥ.]
[Cette lumière supplémentaire] affaiblit et anéantit les forces mauvaises et les niveaux d'impureté. Elle libère tous ses niveaux, « le prisonnier du confinement (4) » [de la Kélipa] et rétablit la connexion avec le niveau de Rouaḥ.
[Au niveau de Rouaḥ:]
De la même manière si une personne a corrompu ou endommagé le niveau de Rouaḥ, D.ieu nous en préserve, par des paroles inconvenantes, ou par d'autres fautes liées au niveau de Rouaḥ, ainsi que la négligence de l'étude de la Torah qui les comprend toutes (5). Il en résulte un accroissement des forces de l'impureté, D.ieu nous en préserve.
C'est également ce qui empêche son Néfesh de parvenir à l'intégrité comme avant la faute, puisque c'est par l'intermédiaire de Rouaḥ qu'il reçoit cet épanchement de force vitale et de lumière.
C'est par un authentique et sincère regret, par la conscience douloureuse de la gravité de la faute, comme il est écrit : « Que leur cœur crie vers HaShem ! (6) », et par des pensées de Téshouva [dont le monde de la pensée est le siège] où résident les étincelles du niveau de Néshama (qui est le niveau de Malkhout de Binah.) que se crée un éveil, qui monte dans les niveaux supérieurs, et épanche un supplément de Sainteté et de lumière sur la source de son âme, et de là jusqu'au niveau de sa Néshama, qui brille elle aussi d'un éclat supplémentaire vers le niveau de Rouaḥ. « Les sacrifices [agréables] à Éloqim, c'est un esprit contrit ; un cœur brisé [et abattu, ô Éloqim, Tu ne le dédaignes point.] (7) » Un esprit/Rouaḥ brisé, brise le pouvoir de l'impureté qui avait prospéré à cause de ses fautes. Il purifie le saint niveau de Rouaḥ, lui permet de rétablir pleinement sa connexion initiale avec le niveau de Néshama, et de là s'épancher automatiquement sur le niveau de son Néfesh, restaurant ainsi son état de complétude originel.
[Au niveau de Néshama :]
Dans un mouvement analogue, lorsqu'une personne a fauté par des pensées impures, elle provoque l'éloignement des étincelles de Néshama d'au-dessus de lui, [ces étincelles] qui « faisaient briller [jusque-là] leur lumière sur sa tête (8) ». [Cette personne doit] s'engager dans l'étude de la Torah, en approfondissant, grâce à ses capacités d'analyse, ses significations profondes. Elle suscitera ainsi l'épanchement d'une Sainteté supplémentaire sur la racine de son âme (9), et de là à sa Néshama qui fera revenir la lumière au-dessus de lui, améliorera sa compréhension des significations profondes de notre sainte Torah. Une part de cette Sainteté [supplémentaire] et de cette lumière descendra vers ses niveaux de Rouaḥ et Néfesh, pour les restaurer intégralement.
C'est pourquoi Ḥazal enseignent : « Pour celui qui engage toute sa force en répondant au Qaddish] Amen Yéhéi Shéméi rabba Mévarakh [Lé'Olam Lé'alméi Almaya (10)], les décrets sévères qui [pouvaient avoir été prononcés contre lui] sont déchirés, et on lui pardonne même des traces d'idolâtrie ! (11) »
En effet, l'objet principal de cette louange est un épanchement et un impact de lumière supplémentaire sur chacun des quatre mondes : Atsilout, Bériya, Yétsirah et 'Assiah (12).
[« יְהֵא שְׁמֵיהּ רַבָּא מְבָרַךְ »]
C'est la formule « Yéhéi Shéméi rabba », qui signifie que la bénédiction et la Sainteté supplémentaire de HaQadosh Baroukh Hou se répand et produit ses effets au niveau de « Lé'Olam (13) »
[« לְעָלַם »]
C'est le niveau de Atsilout [le niveau de la racine de Néshama duquel émane la bénédiction supplémentaire] vers le niveau de « Le'olméi. »
[« וּלְעָלְמֵי »]
Ce sont les deux mondes (14) de Bériya et Yétsirah [les niveaux de Néshama et de Rouaḥ].
« עָלְמַיָּא »
C'est le monde de 'Assiya [le niveau de Néfesh].
Ce sont les sources des quatre niveaux de l'homme : (1) la racine de Néshama ; (2) Néshama ; (3) Rouaḥ, et (4) Néfesh.
Lorsqu'une personne se concentre sur la Sainteté de ses pensées en proclamant cette louange, elle suscite un épanchement de Sainteté et de bénédiction sur la racine de sa Néshama, et de là vers sa Néshama, son Rouaḥ, son Néfesh.
C'est ce qui « fera disparaître et éradiquera (15) » toutes les fautes intentionnelles ou involontaires (16) commises à chacun des trois niveaux [inférieurs] au point que ce sera comme si elles n'avaient jamais eu lieu. C'est là l'essence de la Téshouva authentique, comme on l'a expliqué. C'est ainsi que [la personne] est pardonnée de toutes ses fautes.
C'est la même idée que celle qu'expriment Ḥazal : « Les cornes du bœuf que Adam haRishone a offert [en sacrifice] ont précédé ses sabots. (17) » L'intention qui accompagnait le sacrifice du premier homme était de redresser ce qui avait été tordu, de reconstruire ce qui avait été détruit, de rapprocher (18) ce qui avait été éloigné, d'unifier ce qui avait été séparé. Adam a élevé la pureté de ses pensées et de son intention, pour susciter une émanation de lumière et de Sainteté sur ses niveaux les plus élevés (que représentent « les cornes ») et qui sont [les niveaux de] la racine de sa Néshama, et sa Néshama. De là, cette émanation est descendue vers les niveaux de Rouah et Néfesh, pour purifier tous les membres de la tête aux pieds. C'est ce qui est écrit : « Ce sera, parce que ('éqev, littéralement « talon ») vous écouterez. (19) » par référence aux commandements qu'une personne « peut piétiner avec ses talons » (ignorer), qui correspondent aux sabots de l'animal, Néfesh, ainsi qu'il est dit : « le talon de Adam haRishone [c'est-à-dire ses actions] a assombri le soleil (20). » (21)
1 Eikha – Lamentations 1,9 : « Sa souillure [les fautes de Jérusalem, comparée dans notre contexte au niveau de Néfesh de l'âme humaine] est attachée aux pans de sa robe: elle ne songeait pas à l'avenir! Elle est donc tombée d'une manière prodigieuse, et personne ne la console. Vois, ô Éternel, ma misère, car l'ennemi est triomphant. »
2 Les Kelipot (littéralement les « écorces ») sont une référence aux royaumes impurs qui n'ont d'existence qu'indirecte. La faute matérielle a pour conséquence la descente dans la kelipa des éléments inférieurs de Néfesh.
3 Comme on l'a vu, le niveau de Rouaḥ est l'intermédiaire entre les niveaux de Néshama et Néfesh. Chacun de ces niveaux comprend de nombreux niveaux, et le plus bas niveau de Rouaḥ, c'est-à-dire Néfesh de Rouaḥ est le niveau qui fait le lien avec Néfesh. Puisque Rouaḥ est associé à la parole, le niveau le plus bas de Rouaḥ est l'articulation de la parole, c'est-à-dire le mouvement des lèvres. C'est ce processus qui permet la reconnexion de Néfesh et Rouaḥ.
4 Yéshayahou – Isaïe 42,7 « לְהוֹצִיא מִמַּסְגֵּר אַסִּיר – pour tirer le captif de la prison, [du cachot ceux qui vivent dans les ténèbres.] »
5 La Mitsva de l'étude s'accomplit essentiellement par l'articulation des paroles de la Torah. La formule utilisée par Rabbi Ḥayim : « וּבִטוּל תּוֹרָה כְּנֶגֶד כּוּלָּן » renvoie à l'enseignement qui dit que l'étude de la Torah est l'équivalent de toutes les autres Mitsvot : « וְתַלְמוּד תּוֹרָה כְּנֶגֶד כּוּלָּן » (Yéroushalmi Péah 1,1).
6 Eikha – Lamentations 2,18 : « צָעַק לִבָּם, אֶל ה׳- – Que leur cœur crie vers HaShem ! O rempart de la fille de Sion, fais couler tes larmes comme un torrent jour et nuit ! Ne t'accorde aucun répit ! Que ta pupille ne s'arrête pas de pleurer ! »
7 Téhillim – Psaumes 51,19 : « זִבְחֵי אֱלֹקִים, רוּחַ נִשְׁבָּרָה: לֵב-נִשְׁבָּר וְנִדְכֶּה- אֱלֹקִים, לֹא תִבְזֶה »
8 Iyov – Job 29,3 : « בְּהִלּוֹ נֵרוֹ, עֲלֵי רֹאשִׁי ». Il est intéressant de noter ici que ces versets font précisément référence à la période que Iyov avait connue avant que l'épreuve ne le frappe : « Ah ! Que ne suis-je tel que j'étais aux temps passés, aux jours où Éloqah me protégeait; où Son flambeau brillait sur ma tête, et où Sa lumière me guidait dans les ténèbres; tel que j'étais aux jours de mon automne, alors que l'amitié de Éloqah s'étendait sur ma demeure; que Shaqqaï était encore avec moi ».
9 C'est-à-dire le niveau le plus élevé, le plus proche de la source de la Lumière divine.
10 « יְהֵא שְׁמֵיהּ רַבָּא מְבָרַךְ לְעָלַם וּלְעָלְמֵי עָלְמַיָּא » Littéralement : « [Amen]. Que Son grand Nom soit béni pour toujours et à jamais ». Dans ce contexte, les mots « לְעָלַם וּלְעָלְמֵי עָלְמַיָּא » font référence aux quatre mondes par lesquels le processus de Téshouva se développe, « 'Olam » ayant la double signification de « monde » et d' « éternité. »
11 Shabbat 119b.
12 Rabbi Ḥayim introduit ici la note 17, traduite après le présent chapitre.
13 Ou « Lé'Alam » selon la prononciation séfarade.
14 « וּלְעָלְמֵי » est un pluriel, et fait donc référence à deux mondes.
15 Daniel 9,24 : « לְכַלֵּא הַפֶּשַׁע ולחתם (וּלְהָתֵם) חטאות (חַטָּאת) »
16 Rabbi Ḥayim utilise deux des termes qui signifient « faute » : «'Awone» et « Ḥèt ». 'Awone désigne une faute intentionnelle, tandis que Ḥèt évoque une faute involontaire (v. Yoma 36b et Rashi sur Shemot 34,7.)
17 Avodah Zara 8a. Rabbi Ḥayim utilise le mot « même » (גַם כֵּן) pour souligner qu'il s'agit d'une interprétation complémentaire de l'enseignement du Talmud selon lequel « les cornes ont précédé les sabots. » Le Peshat de Rashi sur ce passage, c'est que le bœuf sacrifié avait ceci de particulier qu'il avait été créé, à l'instar de Adam lui-même, comme un être complètement achevé. Puisqu'il avait été tiré du sol, ses cornes sont apparues avant ses sabots. Adam a donc sacrifié un animal qui avait été formé comme un être complet, comme lui, de manière à obtenir l'expiation pour lui-même. Rabbi Ḥayim va au-delà de ce Peshat, pour illustrer le processus de Téshouva par la reconnexion des éléments de l'âme humaine, du haut vers le bas. L'exemple du processus de Téshouva de Adam haRishone est particulièrement pertinent ici, dans la mesure où il avait gravement endommagé la Création, en y amenant la mort elle-même (voir note 7). La Téshouva de Adam haRishone constitue une sorte de paradigme pour tout processus de Téshouva, tant que nous vivons dans un monde où la mort existe.
18 Le mot Qorban (sacrifice) provient de la même racine que Iqriv (approcher).
19 Dévarim – Deutéronome 7,12 : « וְהָיָה עֵקֶב תִּשְׁמְעוּן ». Rashi explique : « Si vous écoutez les mitsvot faciles, celles que l'on peut piétiner avec ses « talons » ('iqvaw). »
20 Wayiqra Rabba (Vilna) Aḥaréi Mot 20,2 ; Qohélet Rabba (Vilna) 8,2.
21 Rabbi Ḥayim introduit ici la note 18, traduite après le présent chapitre.