CHAPITRE SIX
L'action est primordiale
(comme l'enseigne le troisième portique)
[Pr. B. Gross : le Primat de l'action]
Avertissement : le texte en romain correspond à la traduction du texte du Nefesh ha'Haïm. [Le texte en italiques et en rouge, placé entre crochets est issu des notes du Professeur Benyamin Gross, du Rav Avinoam Fraenkel, ou, en l'absence de précision, de mes propres notes (ce n'est pas une manière de mettre mes notes au même niveau que les leurs, à D.ieu ne plaise, mais juste une commodité typographique).]
Il est certain que la pensée d'une personne est ce qui s'élève dans les hauteurs les plus élevées des mondes les plus hauts.
[Alors que l'action est rattachée au niveau de Nefesh, la parole à Roua'h, la pensée, comme on l'a vu, est associée au niveau de Neshama, qui vient des niveaux les plus élevés de la Création, et donc est capable d'interagir avec eux.]
Et si la personne qui accomplit une mitswah y associe la pureté de la pensée et de l'intention, ses actions opéreront des réparations [tikkounim] dans les mondes les plus élevés [que seule la pensée est capable d'atteindre].
Et pourtant, la pensée n'est pas essentielle pour nous, comme on l'a expliqué.
Voici ce que dit le Zohar hakadosh :
« S'il a l'occasion d'accomplir une mitswah et peut y associer la pensée [adéquate], il est certainement méritant.
[Néanmoins,] même s'il n'associe pas la pensée, il a tout de même du mérite, parce qu'il a accompli la volonté de son Maître.
Il n'est pas considéré comme celui qui accomplit Sa volonté pour elle-même (לשׁמה), avec l'intention d'honorer son Maître.
Il est comme celui qui ignore le motif, car le concept de לשׁמה dépend de la volonté, et l'action accomplie לשׁמה (pour elle-même) dans ce monde inférieur, élève l'action du monde supérieur et la rectifie ; ainsi, l'action du corps perfectionne l'action de l'âme, car D.ieu désire le cœur et la volonté de l'homme.
Et cependant, même s'il n'existe aucun désir du cœur (qui est la clef de tout), c'est à ce sujet que David a prié que « וּמַעֲשֵׂה יָדֵינוּ, כּוֹנְנָה עָלֵינוּ; וּמַעֲשֵׂה יָדֵינוּ, כּוֹנְנֵהוּ - L'œuvre de nos mains fais la prospérer pour nous » (Ps 90:17).
Que signifie : כּוֹנְנָה עָלֵינוּ - fais la prospérer pour nous ? Que notre action réussisse et opère les réparations [tikkounim] comme il convient dans les mondes supérieurs, pour nous, bien que nous ne sachions pas comment orienter notre volonté, et que nous n'ayons que la seule action à notre crédit, que nos actions prospèrent. Où cela ? Au niveau élevé où les perfectionnements [tikkounim] doivent avoir lieu. »
[On comprend ici toute la question de l'intention correcte dans l'accomplissement des mitswot, et en particulier dans la prière. Bien qu'il soit évident que nous devons chercher autant que possible à associer l'intention, la volonté du cœur, la pensée correctes, il est non moins certain que beaucoup (la plupart ?) d'entre nous ne peuvent y parvenir en tout temps et en tout lieu, quelle que soit la mitswah qu'on accomplit. Alors, nous dit le Zohar hakadosh, nous nous appuyons sur cette prière de David, qui s'adresse ainsi à Hashem : "Nous ne savons pas placer convenablement notre volonté dans la prière, alors, que l'acte Te suffise ! Substitue-Toi à nous, si l'on peut dire, pour suppléer à ce manque, et opérer Toi-même les réparations que notre service devrait accomplir, si nous y avions associé les intentions correctes".
C'est aussi le sens (et l'importance) des prières dites לשׁם יחוד (leshem yi'houd) que nous disons avant d'accomplir certains mitwoth publiques ou privées (Téfilines, Lecture publique de la Torah, Shir haShirim du vendredi soir etc.). Ces prières demandent à Hashem de « faire comme si... » nous étions conscients de la portée de chaque mot, de chaque lettre, de chaque combinaison, et par conséquent de faire en sorte que l'effet se produise, malgré une cause défaillante...]
De la même manière, on a expliqué à propos de la prière dans le troisième portique l'idée qu'on doit se concentrer sur Hashem en tant que מקום שׁל עולם - Lieu du monde, concept développé plus haut.
On a également expliqué l'idée de la concentration sur le mot אחד dans le premier verset du Shema.
Et on a indiqué encore que ces deux aspects complètent la mitswah, mais ne sont pas une condition obligatoire de son accomplissement.
Car une personne qui n'aurait aucune conscience de ces concepts, soit qu'ils ne lui soient pas familiers, soit qu'il n'ait pas étudié le sujet en profondeur, soit qu'il craigne de causer des destructions des principes de la Torah, D. préserve (ce qui peut effectivement se produire si l'on connaît mal ces questions), cette personne sert Hashem יתבּרך.
Et elle accomplit les prescriptions de la Torah écrite comme celles de la Torah orale avec les décisions de nos Maîtres de mémoire bénie !
Elle croit, et lorsqu'elle récite le premier verset du Shema, elle comprend l'idée générale qu'Il est un, même si elle ne saisit pas [dans sa profondeur] le concept de l'unité divine.
Elle concentre sa prière vers Hashem, d'une manière générale, sans analyse approfondie.
Une telle personne est appelée « Serviteur de D.ieu » !
(C'est ce qu'on trouve dans le Pardes Rimonim, [un des premiers textes publiés de la Kabbala, écrit au XVIème s. par R. Moshé Cordovero] au sujet de la croyance aux Sefirot)
On n'expose ici ces idées que pour ceux qui en ont une connaissance adéquate, et plus aencore à ceux לְיִרְאֵי יְהוָה, וּלְחשְׁבֵי שְׁמוֹ - qui craignent Hashem et révèrent Son Nom (Mal. 3:16), et qui sont capables d'approfondir [ces concepts].
C'est pourquoi on ne devrait jamais, D. préserve, omettre aucun détail des prescriptions de nos Rabbins, si infime soit-il, lorsque nous accomplissons physiquement un commandement divin. Et plus encore, qu'on ne diffère pasle temps fixé pour les accomplir, au prétexte d'une purification de la pensée.
Plus on est minutieux dans les détails de l'action, plus on est digne de louanges.
Mis en ligne le 2 août 2016 - 27 Tammouz 5776