4ème PORTIQUE : CHAPITRE CINQ
Plus grande est la crainte du Ciel, plus abondante est la Torah préservée
(Pr. Gross : La crainte assure la pérennité de la sagesse)
La capacité de la grange [à quoi nous avons comparé la] crainte de D.ieu, et qu'une personne prépare pour elle-même détermine la quantité de produit, [c'est-à-dire la connaissance de la] Torah qui sera conservée et se maintiendra en elle (ולהשׁתמר ולהתקים בּתוכו).
Car lorsqu'un père fait don sa fortune à ses enfants, il distribue à chacun selon la capacité de la grange que l'enfant a construite.
Et même si ce père veut généreusement ( וידו פּתוחה - d'une main ouverte) donner à son enfant une grande quantité, puisque l'enfant, du fait de la capacité limitée de sa « grange », n'est pas capable de recevoir davantage, il est impossible au père, à ce moment là, de donner plus.
Et si l'enfant ne prépare pas même une petite aire de rangement, le père ne peut rien lui donner du tout, puisqu'il n'a aucun lieu pour le conserver.
Il en va de même pour Hashem Yidbarakh Shémo. Sa main est grande ouverte, si l'on peut dire, pour accorder sans cesse à tout homme de Son peuple de prédilection une grande profusion de sagesse et de discernement supplémentaires (רב חכמה ובינה יתירה) qui seront conservées en eux et attachées aux « tablettes de leurs cœurs » (Mishlei 3,3), pour qu'ils puissent le réjouir en arrivant dans le monde du repos éternel avec l'étude [de Torah] qu'ils possèdent (beyadam) [« Heureux celui qui vient ici avec en main l'étude de la Torah » On trouve plusieurs occurrences de cette .phrase dans le Talmud : Pess. 50a, MK 28a, Ket. 77b, BB 10b]
Cependant, cela dépend de la « grange de crainte de D.ieu » que la personne a préparée à l'avance. Si une personne construit pour elle-même un vaste magasin de pure crainte de D.ieu, D.ieu lui accordera sagesse et discernement en abondance, à proportion de la capacité de son lieu de rangement. [Ici s'insère la note 50 de Rabbi 'Haïm, placée en fin de chapitre sous le titre : La crainte du Ciel est la sagesse initiale donnée aux sages.]
Tout dépend de la taille de sa grange.
Si une personne n'a pas préparé ne serait-ce qu'une petite aire de rangement, et n'a pas même une petite quantité de crainte de D.ieu, D.ieu préserve, alors D.ieu de Son côté ne lui accordera aucune sagesse, qui ne serait pas préservée en lui et « la Torah serait méprisée » [expression utilisée dans Haguiga 15b].
C'est à ce sujet que le verset dit : « ראשׁית חכמה יראת יהוה » - le début de la sagesse, c'est la crainte de D.ieu (Ps 111, 10).
Le Zohar enseigne : Ouverture de Rabbi 'Hiya : Le début de la sagesse est la crainte de D.ieu. Le verset devrait parler de la fin de la sagesse [C'est à dire que la crainte de D.ieu devrait être le résultat de la connaissance (donc de l'étude) et non la précéder] - et pourtant, [la crainte de D.ieu] est le commencement [i.e. un pré-requis] qui permet d'atteindre le niveau de la sagesse divine... Le premier portail vers la sagesse divine est la crainte de D.ieu.
Il est clair que, bien que la crainte de D.ieu ne soit qu'une mitsva [parmi d'autres], et que le Talmud Yérushalmi Péa (Chap.1, Halakha 1) enseigne toutes les mitsvot ne peuvent être comparées à l'étude même d'une partie de la Torah. Néanmoins la mitsva d'acquérir la crainte de D.ieu est très grande en ceci qu'elle est une condition essentielle au maintien et à la préservation de la sainte Torah., et sans elle, la Torah serait méprisée aux yeux des gens, que D. nous en préserve.
La crainte de D.ieu doit donc précéder l'implication d'une personne dans l'étude de la Torah.
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Note de Rabbi 'Haïm
Note 50 : La crainte du Ciel est la sagesse initiale donnée aux sages
C'est ainsi qu'on explique le commentaire de nos Sages de mémoire bénie (Ber. 55a) : D.ieu ne donne la 'Hokhma (la sagesse) qu'à celui qui possède déjà la 'Hokhma comme [l'enseignent les versets :]
וּבְלֵב כָּל-חֲכַם-לֵב, נָתַתִּי חָכְמָה
Et dans le cœur de tout sage de cœur J'ai donné la sagesse. (Shemot 31,6)
Ou encore
יָהֵב חָכְמְתָא לְחַכִּימִין, וּמַנְדְּעָא לְיָדְעֵי בִינָה
Il donne la sagesse aux sages [et la science à ceux qui savent comprendre]. (Daniel 2,21)
Cela semble évidemment étrange, car s'il en est ainsi, la sagesse (la 'Hokhma) initiale, « où la trouvera-t-on ? »
L'idée exprimée ici, c'est que la crainte de D.ieu est aussi explicitement appelée « sagesse », comme dans :
וַיֹּאמֶר, לָאָדָם-הֵן יִרְאַת אֲדֹנָי, הִיא חָכְמָה; וְסוּר מֵרָע בִּינָה
Et Il a dit à l'homme: "Ah! La crainte de Hashem, voilà la Sagesse; [éviter le mal, voilà la Raison.]" (Iyov 28,28)
Et c'est pour la raison qui a été donnée plus haut, à savoir que c'est son « trésor de bonté »
(יִפְתַּח יְהוָה לְךָ אֶת אוֹצָרוֹ הַטּוֹב Devarim 28,12) dans lequel est gardée et préservée la sagesse.
Ainsi que 'Hazal l'enseignent, HaQadosh Baroukh Hou ne gratifie [une personne] de la sagesse supérieure de la Torah, que pour qu'elle soit préservée [en elle] et que son étude devienne [véritablement] la propriété de la personne [mot à mot : qu'elle soit dans sa main].
[Il ne la donne donc] qu'à quelqu'un qui a déjà la sagesse en lui, c'est à dire une "grange" de crainte de D.ieu, ce qui est un préalable nécessaire comme on l'a déjà enseigné.
(Un homme d'intelligence [Ish tevounot - l'expression, déjà rencontrée, désigne une personne versée dans la science de la Kabbala] comprendra la profondeur des enseignements de nos Sages dmb, d'après notre interprétation, sur la base des enseignements du Ari haKadosh qui dit que la sagesse supérieure ne se révèle que par l'intermédiaire de la Sefira Malkhout, c'est-à-dire l'acceptation du joug de la Royauté divine, comme on l'a indiqué plus haut.)
C'est ce qui explique également les [deux] enseignement de nos Sages dmb,
« D.ieu n'est présent (ou ne possède) dans ce monde que les quatre coudées de la Halakha » (Berakhot 8a) [c'est à dire seulement la Sagesse de la Torah] et
« D.ieu ne possède dans ses coffres que le trésor de la crainte du Ciel אצר שׁל יראת שׁמים » (Berakhot 33b).
Et d'après ce que nous avons dit, il s'agit d'une seule et même chose : אצר שׁל יראת שׁמים un trésor (ou une grange) de crainte du Ciel.
Mis en ligne Rosh 'Hodesh Kislev (30 novembre 2016)