1.15
L'analogie des trois niveaux du souffleur de verre : comment des étincelles de Néshama peuvent entrer dans un corps.
Pour la protection de nos soldats, pour le retour des prisonniers, pour la guérison des blessés et la consolation de toutes les familles endeuillées.
Cela est surprenant (1). Le terme Néshama (נְשָׁמָה – âme) n'est-il pas associé à Néshima (נְשִׁמָה – la respiration) ? [Comment peut-il en être ainsi] alors que la respiration d'une personne est un souffle qui vient manifestement du cœur, monte d'un endroit inférieur, et qui n'est en outre qu'une « lumière réfléchie (2) », d'un niveau peu élevé ?
En réalité, l'analogie entre [Néshama] et Néshima ne s'applique pas à la respiration humaine, mais plutôt au souffle des lèvres de HaShem Yitbarakh Shémo, si l'on peut s'exprimer ainsi, comme il est écrit : « Il insuffla dans ses narines un souffle de vie. (3) »
De la même manière, Ḥazal ont comparé la manière dont la force vitale d'une personne descend en elle à la méthode de fabrication des ustensiles en verre, une référence au processus de la résurrection, comme il est dit : « Si l'ustensile de verre, qui est fabriqué par le souffle de l'homme [peut être réparé s'il se brise], à plus forte raison l'homme qui est fabriqué par le souffle divin [peut-il être ressuscité] (4). »
C'est aussi ce qu'enseigne le Midrash Téhillim (5).
C'est à ce sujet [la confection d'ustensiles de verre] qu'on tire la preuve, par l'analyse du souffle qui sort de la bouche de l'artisan au moment de la fabrication, et qui passe par trois étapes :
Premièrement, le souffle est encore dans la bouche [du souffleur de verre], avant qu'il n'entre dans le tube (6) vide. À ce stade, il est appelé Néshima, respiration.
Deuxièmement, lorsque le souffle entre dans le tube et descend comme un Kav (une colonne d'air). À ce stade, il est appelé Rouaḥ, souffle.
Troisièmement, l'étape inférieure. Le souffle quitte le tube [pour entrer] dans le verre [en fusion (7)] et l'emplir pour façonner un ustensile conforme à la volonté du souffleur, et qui contient son Rouaḥ, son souffle. On l'appelle alors Néfesh, terme qui connote le fait de s'arrêter, de se reposer (8).
Cette métaphore s'applique également au concept des trois niveaux de l'âme, Nefesh, Rouaḥ et Néshama, qui proviennent, si l'on peut dire, de la respiration de HaShem.
La troisième étape [correspond au] niveau de Néfesh, le plus bas [auquel le souffle divin] soit descendu, et s'est complètement intégré au corps.
La seconde étape [correspond au] niveau de Rouaḥ, qui s'écoule d'en-haut comme un flux. La partie la plus élevée de [Rouaḥ] est reliée au-dessus [d'elle] au niveau inférieur de la Néshama, d'où elle descend et entre elle aussi dans le corps humain, [où la partie inférieure de Rouaḥ] est reliée avec la partie la plus élevée de Néfesh. Comme il est écrit : « au jour où se répandra sur nous un esprit d'en haut (9) » et « Je répandrai mon esprit sur toute chair (10) ». Le [Rouaḥ] produit un effet sur une personne en étant répandu d'en-haut, comme on l'a indiqué. Les connexions entre les différents niveaux de l'âme seront expliquées en détails plus loin (11).
Quant à la première étape, elle [correspond au] niveau de Néshama, et il s'agit de la véritable respiration de HaShem, dont l'essence est entièrement dissimulée, et dont la source est bénie, si l'on peut dire, au sein du souffle de la bouche de HaShem, et dont l'essence n'entre jamais dans le corps [physique] de l'homme.
Avant la faute (12), le mérite de Adam haRishone était tel que l'essence [du niveau de Néshama résidait dans son corps]. Mais ensuite, du fait de cette faute, [le niveau de Néshama] lui fut retiré, et [ne peut désormais] que planer au-dessus de lui (13).
[C'est le lot de toute l'humanité], à l'exception de Moshé Rabbénou, que la paix soit sur lui, qui mérita que l'essence [de sa Néshama] réside dans son corps. C'est pourquoi [la Torah] le désigne comme « Homme de Éloqim (14) », comme il est connu que la dimension des trois mondes de Bériyah, Yétsirah et 'Assiyah est absolument divine, depuis leur niveau de Néshama et au-dessus (15).
[Cependant, pour le reste de l'humanité] à l'exception de [Moshé], personne n'eut ce mérite. Seulement [certains méritent] de voir clairement les étincelles de lumière provenant [du niveau de Néshama, et qui planent] au dessus d'une personne méritante, chacune selon son niveau et ses capacités.
Comme il est écrit : « Il insuffla dans ses narines un souffle de vie. » C'est l'image qui est au-dessus d'une personne (16).
« Si [le Nefesh par l'accomplissement de la Mitsva et le Rouaḥ par l'étude de la Torah] le méritent, une grandeur supplémentaire descendra d'en-haut [sur la personne]. Une Sainteté sera suscitée d'en-haut, qui résidera sur elle et l'entourera de tous côtés, et cet éveil qui réside au-dessus d'elle vient d'un lieu élevé. Quel est son nom ? Néshama est son nom (17). »
C'est cette [émanation d'étincelles du niveau de Néshama] qui procure à la personne un plus grand accès à la compréhension de l'intellect profond qui est dissimulé dans notre sainte Torah ainsi qu'il est dit : « la Néshama éveille une personne à la compréhension (18). » et « elle l'éveillera par la Sagesse supérieure...(19) »
[Cependant,] tout être humain n'a pas ce mérite. « Sache que celui qui a le pouvoir d'agir [par de bonnes actions] disposera d'une extraordinaire capacité à mémoriser la Torah et à comprendre tous ses secrets. Et les secrets de la Torah lui sont révélés. (20) »
On examinera plus loin en détails cette relation avec la racine de l'âme d'une personne (21).
« Il est vrai que le Rouaḥ est en l'homme, et c'est la Néshama divine (nishmat Shaqaï) qui donne la compréhension. (22) » ce qui signifie que le niveau de Rouaḥ descend, produit son effet et entre dans le corps [de l'homme], mais la Néshama est une Néshama divine (nishmat Shaqaï). L'essence du Souffle divin n'exerce pas une influence [directe], et ne se révèle pas dans l'homme. Elle réside dans les hauteurs d'en-haut, dans la bouche de HaShem, si l'on peut dire. Mais c'est elle qui donne l'intelligence grâce aux étincelles qui sont au-dessus [de la personne], et qui lui permettent d'engager son intellect dans les profondeurs des parties cachées de la sainte Torah.
C'est ce qu'enseignent le Zohar et les Méqoubalim (23) lorsqu'ils font référence au niveau de Néshama comme résidant dans l'esprit d'une personne. Leur intention est de faire le lien entre les étincelles de lumière émanée qui donnent l'intelligence à son esprit et à son intellect, et non pas [d'évoquer] l'essence [du niveau de Néshama] elle-même.
Leur intention essentielle, c'est d'évoquer le lien avec les « trois têtes de Rouaḥ (24) », secret de l'intellect, qui se manifestent parfois par des étincelles et parfois sont cachées. Elles sont le Secret du Supplément (25) pour celui qui le mérite, comme on le sait, et [elles ne viennent] pas [à une personne] en tant que niveau principal de la Néshama (26).
Notre grand Maître le génie, le Ḥassid, notre enseignant Éliyahou de mémoire bénie écrit cela également dans son commentaire sur les Hékhalot (27).
Mais c'est une seule et même chose. La partie inférieure de la Néshama qui produit des étincelles dans la connaissance et l'intellect [d'une personne], pour lui donner la compréhension, est identique aux trois têtes de Rouaḥ dans son intellect, comme on l'expliquera, avec l'aide de D. (28)
1 L'idée évoquée à la fin du chapitre précédent que la respiration est attachée au niveau de rouaḥ.
2 « אוֹר חוֹזֵר », littéralement une « lumière en retour ». L'expression est utilisée pour décrire la réflexion de la lumière de la lune qui provient de celle du soleil, et qui lui est incomparable. En ce sens, c'est un reflet de la lumière de la force vitale de HaShem transmise à l'homme, et qui est reproduite par la respiration humaine, quoi qu'à un niveau incomparablement inférieur au niveau très élevé de la force vitale qui a été insufflée dans l'homme.
3 Béréshit – Genèse 2,7 : « וַיִּפַּח בְּאַפָּיו, נִשְׁמַת חַיִּים »
5 Midrash Téhillim 2,11 : « De même que l'ustensile de verre qui est fabriqué grâce au souffle [d'un être de] chair et de sang peut être réparé s'il se brise, de même, et à plus forte raison de l'homme, qui est fabriqué par le souffle de D.ieu comme il est écrit : ''Il insuffla dans ses narines un souffle de vie.'' »
6 Qu'on appelle une « canne » (ou autrefois une « fêle »). En réalité, il y a plus de trois étapes dans la fabrication d'un ustensile de verre par la technique du soufflage, mais cela n'enlève rien à la valeur de la métaphore.
7 Cette pièce de verre fondu est appelée « manchon. »
8 C'est-à-dire « arrêter », à l'issue d'un processus, comme dans Shemot 31,17 au sujet du Shabbat : « וּבַיּוֹם הַשְּׁבִיעִי, שָׁבַת וַיִּנָּפַשׁ ». Rashi commente : « Le mot nofèch, tel qu'il est employé ici, se rapporte toujours à l'idée d'une « âme » (Nefesh) : On reprend son âme et son souffle en se reposant de la fatigue du travail. Celui dont il est écrit : « Il ne se fatigue ni ne se lasse » (Yéshayahou 40, 28) et dont toute l'œuvre s'est accomplie par Sa simple parole, a cependant inscrit dans la Torah le mot de : « repos » à Son propre sujet. C'est pour rendre accessible à l'oreille humaine ce qu'elle est apte à comprendre. »
9 Yéshayahou – Isaïe 32,15 : « עַד-יֵעָרֶה עָלֵינוּ רוּחַ, מִמָּרוֹם »
10 Yoël – Joël 3,1 : « אֶשְׁפּוֹךְ אֶת-רוּחִי עַל-כָּל-בָּשָׂר »
11 Au chapitre 17.
12 La consommation du fruit de l'arbre de la connaissance du bien et du mal.
13 Voir 4,28.
14 Dévarim – Deutéronome 33,1 : « וְזֹאת הַבְּרָכָה, אֲשֶׁר בֵּרַךְ מֹשֶׁה אִישׁ הָאֱלֹקִים ». Voir aussi Portique 3, chapitres 13 et 14.
15 Ets Ḥayim, Sha'ar 26, Sha'ar haTselem chapitre 1. Dans ce passage difficile, l'idée semble être que chacun des mondes est relié à la pure dimension divine. C'est pour cela que Moshé pouvait être physiquement un homme résidant dans le monde de 'Assiyah et être simultanément désigné comme « אִישׁ הָאֱלֹקִים».
16 Zohar Raya Méhemna Nasso 123b citant Béréshit 2,7 : « ''Il insuffla dans ses narines un souffle de vie'' : c'est la forme qui plane au-dessus de l'homme, au sujet de laquelle il est écrit (Ber.28,12) : ''Il rêva et voici une échelle...'' Celle-ci est en effet l'âme de vie, le Trône de HaShem désigné par le Tétragramme, crainte et amour, Torah et Mitsva. En elle ils résident, elle est le Trône d'où proviennent toutes les âmes d'Israël, et c'est elle la forme qui plane sur la tête de l'homme. »
17 Zohar Ḥadash II Ruth 64c.
18 Zohar Sitréi Torah I Lekh Lekha 79b.
19 Zohar Ḥadash II Ruth 38b
20 Ets Ḥayim Sha'ar 22, Sha'ar Mokhin Dekatnout, 3.
21 Au chapitre suivant.
22 Iyov – Job 32,8. « אָכֵן, רוּחַ-הִיא בֶאֱנוֹשׁ; וְנִשְׁמַת שַׁקַי תְּבִינֵם » Le Rabbinat traduit : « Mais celle-ci [la Sagesse] est chez les hommes une inspiration divine ; le souffle du Tout Puissant les rend intelligents. »
23 Les érudits versés dans l'étude de la Qabbala (hébreu : מְקֻבָּלִים)
24 C'est une référence aux trois premières Sefirot (c'est-à-dire les têtes des dix Sefirot) de Rouaḥ, soit Ḥokhma, Binah et Da'at, qui forment la partie intellectuelle du niveau de Rouaḥ.
25 C'est-à-dire qu'elles sont attribuées à une personne en tant qu'acquisition d'un niveau de Sainteté, en raison des actions de cette personne par le Secret du Supplément, par opposition à un niveau qui était en elle à la naissance, et qui a seulement besoin d'être révélé.
26 C'est-à-dire que ces étincelles sont liées à la manifestation du niveau de Néshama dans la partie supérieure de Rouaḥ, mais elles ne font pas directement partie du niveau de Néshama.
27 (Voir chapitre 18 note à préciser) Il s'agit du Gaon de Vilna, le Maître de Rabbi Ḥayim de Volozhyne, qui fait une différence entre le niveau de Néshama qui ne pénètre pas dans le corps, et les trois Têtes de Rouaḥ comprises dans la Néshama et qui entrent dans le corps.
28 Dans les chapitres suivants.