Chapitre 1.21

L'immersion complète dans la Torah purifie et contribue à la réparation des Mondes

Pour la protection de nos soldats et de tout le peuple d'Israël, pour le retour des prisonniers, pour la guérison des blessés et la consolation de toutes les familles endeuillées.

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« Voici la Loi de l'homme » (1) : lorsqu'il s'adonne à l'étude de la Torah de manière désintéressée, pour garder et accomplir tout ce qui y est écrit, son corps est purifié de la tête aux pieds (2).

C'est ce qu'enseignent Ḥazal : « Pourquoi les mots sources et tentes [sont-ils associés dans le verset (3)] ? Pour nous enseigner que, de même que l'immersion [rituelle] dans une source élève une personne d'un état d'impureté à celui de pureté, les tentes [de l'étude de la Torah] élèvent également une personne d'une situation de culpabilité à une situation méritante. (4) »

C'est ainsi que Ḥazal expliquent l'idée de purification de ce qui est impur par immersion rituelle, et l'exigence de « s'immerger entièrement dans l'eau. (5) » Par l'eau, le corps entier est élevé, et de la même manière, c'est par les paroles de la Torah que l'entièreté de la personne est élevée avec elles (6).

(Ḥazal ont défini [les dimensions minimales d'un miqvé (7)] comme d'une ama sur une ama sur trois amot [soit trois amot cubiques] (8) . Elles correspondent aux trois mondes de Assiy'a, Yétsira et Bériy'a ; aux trois niveaux de Néfesh, Rouaḥ et Néshama ; ainsi qu'à l'action, la parole et les pensées de Torah.)

De même que le corps entier d'une personne est élevé et purifié par l'étude de la Torah et [l'accomplissement des] Mitsvot, de même tous les mondes, qui sont le reflet du Shi'our Qoma (9) de la personne, comme je l'ai écrit dans le chapitre six, sont également raffinés, purifiés et élevés.

Un homme droit, qui sert [HaShem] sincèrement (10) ne devrait pas orienter ses pensées et son intention vers l'élévation et la purification de son corps et de son âme, mais vers l'élévation et la pureté de ses pensées pour se concentrer sur [les affaires] d'en Haut, et sur la réparation des saints mondes.

Ce fut la nature du Service des Patriarches, et de tous les premiers Tsaddiqim, qui accomplissaient la Torah avant qu'elle ne fût donnée [à Israël]. Nos Maîtres ont enseigné : « Parmi les animaux purs (11) » « Nous apprenons ici que Noaḥ étudiait la Torah. (12) »

« Avraham a accompli toute la Torah (13). » et de même dans le Midrash (14).

Ce n'est pas que leur observance résultât d'une obligation légale, car si cela avait été le cas, ils n'auraient jamais fait usage de leur capacité d'initiative intellectuelle, D. préserve, même s'ils percevaient, à partir des racines de leurs Néshamot, qu'ils devaient transgresser ou modifier dans une faible mesure « une des Mitsvot de HaShem (15). »

Ya'aqov n'aurait donc pas pu épouser deux sœurs, et Amram n'aurait jamais épousé sa tante, D. préserve.

Néanmoins, dans leur propre perception et la pureté de leur intellect [ils comprenaient] les réparations extraordinaires qui s'accomplissaient dans les mondes et les forces supérieures et inférieures, ainsi que les dommages et les destructions qui, ḥas veShalom, se produiraient si [ces Mitsvot] n'étaient pas observées.

De la même manière, Noaḥ offrit précisément des sacrifices d'animaux purs, parce qu'il percevait le potentiel supérieur et la racine de chaque animal, et qu'il était capable d'identifier lesquels tiraient leur force et leur racines du côté de la Sainteté. C'est ceux-là qu'il choisit d'offrir. Il perçut également quels animaux tiraient leur force et leur racine du côté de l'impureté, le sitra aḥera, et il décida de ne pas les offrir à HaShem, puisqu'ils n'étaient pas susceptibles d'être agréés.

C'est le sens des versets : « Ḥanokh marchait avec Éloqim (16) », « Noaḥ marchait avec Éloqim (17) », et « HaÉloqim devant Qui mes pères ont marché (18). » Le nom Éloqim prend ici le sens de « Maître de toutes les forces (19) », et tous [ces grands ancêtres] percevaient les notions de puissances des mondes supérieurs et inférieurs, le fonctionnement des Cieux et de la terre, les règles [qui s'y appliquent] et la séquence des combinaisons et interactions qui résultent du comportement des hommes. Chacun d'entre eux, dans toutes ses entreprises, agissait en fonction de cette séquence, et de ce qu'il percevait et discernait en termes de réparations supérieures correspondant à la racine de son âme.

Ya'aqov avait compris que, compte tenu de la racine de son âme, il pouvait effectuer de grandes réparations dans les forces et les mondes supérieurs en épousant deux sœurs, Raḥel et Léa, qui allaient construire la Maison d'Israël. Il investit par conséquent de nombreux et pénibles efforts pour obtenir qu'elles devinssent ses épouses.

Ce fut également le cas de Amram qui épousa sa tante Yokhéved, de qui naîtraient Moshé, Aharon et Myriam.

C'est également une des raisons pour lesquelles la Torah ne fut pas donnée à Noaḥ, ni à nos saints Patriarches, puisqu'alors, Ya'aqov n'aurait pas été autorisé à épouser deux sœurs, ni Amram sa tante, même si, selon la racine de leurs âmes, ils pouvaient percevoir le bien-fondé d'agir ainsi.

En vérité, ce [délai précédant le don de la Torah permit] la construction de toute la Maison d'Israël, le peuple choisi, et la rectification de tous les Mondes supérieurs et inférieurs.

C'est ce qu'ont enseigné nos Sages de mémoire bénie, lorsqu'ils ont dit que lorsque Qayin épousa sa sœur : « le monde fut construit sur le Ḥessed (la bonté). (20) »


Mis en ligne le 11 'Heshvan 5785 (12 novembre 2024)

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1 « וְזֹאת תּוֹרַת הָאָדָם », expression empruntée à II Shemouel 7,19, où elle est adressée à HaShem par le roi David de manière interrogative : « Est-ce là le lot de l'homme ? »

2 En faisant descendre sur lui une influence positive par la pensée, la parole et l'action, selon le processus développé au chapitre précédent.

3 Bamidbar – Nombres 24,6 : « כִּנְחָלִים נִטָּיוּ, כְּגַנֹּת עֲלֵי נָהָר; כַּאֲהָלִים נָטַע », que le Pr Gross traduit par : « comme des torrents qui déferlent, comme des jardins sur le fleuve, comme des tentes plantées par HaShem. » Il s'agit des bénédictions prononcées à contrecœur par Bil'am le prophète impie. Le terme « אֲהָלִים » (aloès) est lu par nos Sages comme « אֹהָלִים » (tentes), peut-être à cause du (célèbre) verset précédent « מַה-טֹּבוּ אֹהָלֶיךָ, יַעֲקֹב; מִשְׁכְּנֹתֶיךָ, יִשְׂרָאֵל – Qu'elles sont belles tes tentes, ô Ya'aqov Tes demeures, ô Israël ! »

4 Berakhot 16a.

5 Wayiqra – Lévitique 15,16 : « וְרָחַץ בַּמַּיִם אֶת-כָּל-בְּשָׂרוֹ ».

6 Érouvin 4bPessaḥim 109a-b.

7 Bain rituel.

8 Ama (pluriel : amot) : coudée, soit environ cinquante centimètres. Le volume minimal d'eau d'un miqvé est donc de 0,375 m3. En pratique, on adopte des mesures supérieures.

9 L'homme est considéré comme un microcosme. Il a été créé en dernier lieu à partir d'éléments de toute la Création. En lui se reflètent tous les mondes et il interagit avec eux pour le bien, ou, 'has veShalom, pour le mal. (V. Chapitre 6.)

10 Le Service (עֲבוֹדָה) désigne généralement toutes les activités qui visent à servir HaShem, Torah, Mitsvot, bonnes actions. Au début du second Portique Rabbi Ḥayim mettra l'accent sur le Service du cœur, c'est-à-dire la prière. Un des thèmes du second Portique développera cette idée que la prière doit être orientée vers les mondes supérieurs et non vers des demandes personnelles.

11 Béreshit – Genèse 7,8.

12 Rashi sur Béreshit Genèse 7,2 : « De tout animal pur : Qui sera pur pour Israël. D'où nous apprenons que Noaḥ a étudié la Torah. »

13 Yoma 28b et Qiddoushine 82a.

14 Béreshit Rabba 92,4 : « Yossef observait le Shabbat avant que [le commandement] en fût donné. »
Bamidbar Rabba 14,2 : « Yossef, qui observait le Shabbat avant qu'il ne soit donné... »
Midrash Tanḥouma, Béhar 1 : « Avraham notre père observait la Torah avant qu'elle ne fût donnée. Rabbi Shemouel ben Naḥman a dit au nom de Rabbi Alexandri : « Avraham observait même les lois de Érouv tavshiline » (règles particulières au cas où le Yom Tov tombe immédiatement avant Shabbat.) »
Midrash Téhillim 1,13 : « Rabbi Shemouel ben Naḥmani a dit au nom de Rabbi Yonathan que Avraham observait même les lois de Érouv tavshiline et de Érouv atsérot...(lois qui concernent l'aménagement d'une cour – Ḥatser – pour pouvoir transporter un objet dans l'espace défini.) »

15 Wayiqra – Lévitique 4,13.

16 Béreshit – Genèse 5,24 : « וַיִּתְהַלֵּךְ חֲנוֹךְ, אֶת-הָאֱלֹקִים ».

17 Béreshit – Genèse 6,9 : « אֶת-הָאֱלֹקִים, הִתְהַלֶּךְ-נֹחַ ».

18 Béreshit – Genèse 48,15 (paroles mises dans la bouche de Ya'aqov) : « הָאֱלֹקִים אֲשֶׁר הִתְהַלְּכוּ אֲבֹתַי לְפָנָיו ».

19 « בּעל הכחות כּלם » V. Chapitre 2.

20 Une relation interdite avec sa propre sœur est désignée comme un Ḥessed dans Wayiqra 20,17. Rashi commente en citant la Guémara Sanhédrin 58b : Si Qayin a épousé sa sœur, c'est que HaShem a accompli un acte de grâce pour construire le monde par lui, comme il est écrit (Téhillim 89, 3) : ''Le monde sera construit par ḥessed.'' ». Rav Pam (de la Yéshiva Torah veDa'at) explique que la nature du ḥessed est d'exercer la bonté, ce qui peut s'entendre d'une bonne ou d'une mauvaise manière. Quand le ḥessed est appliqué à autrui, on considère que c'est un bien. Mais s'il est appliqué à soi-même, c'est un mal. Le terme ḥessed, utilisé dans le contexte d'une relation interdite est donc un mauvais usage du ḥessed. Néanmoins, avant le don de la Torah, ce n'était pas considéré comme mauvais. C'était légitime, et même nécessaire dans le cas de Qayin, pour que le monde se construise, sur la base d'une relation qui deviendrait plus tard être interdite. Avraham Avinou est l'incarnation du ḥessed. Il transmit le bon ḥessed à Yitsḥaq, et le mauvais ḥessed à Yishmaël. C'est donc dans la nature de Yishmaël de vouloir se faire à lui-même un ḥessed en s'appropriant tout ce qu'il peut, et notamment Érets Israël.
(Inversement, Rav Pam explique la notion de Guevoura (la force restrictive, la retenue) selon la Mishna Avot (4,1) : « Qui est fort (גִבּוֹר) ? Celui qui maîtrise ses instincts. » C'est une bonne chose d'exercer cette retenue vis-à-vis de soi-même, et une mauvaise de l'appliquer à autrui. Yitsḥaq était l'incarnation de la Guévoura. Il a transmis la bonne Guévoura à Ya'aqov et la mauvaise à 'Essav. Par conséquent, c'est dans la nature de 'Essav d'exercer sa force sur autrui, en cherchant à contrôler le monde. Le défi du niveau suivant, Tiféret, c'est de combiner ces deux approches, l'une dirigée vers autrui pour exercer la bonté, l'autre vers soi-même, pour faire preuve de retenue. C'est un niveau difficile à atteindre. Ya'aqov représente cette vertu. C'est pourquoi il est appelé « le choix des Patriarches. »)

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