1.19
19. Par l'interconnexion des niveaux de l'âme, dans Sa Bonté infinie, HaShem associe Son Nom à Israël
C'est
l'idée qui sous-tend le verset : « L'esprit (Rouaḥ)
d'un homme le soutient dans sa maladie, [mais] Qui (Mi)
relèvera un esprit (Rouaḥ) déprimé (1). »
C'est-à-dire que la « maladie » est la conséquence
d'une faute au niveau de Néfesh. C'est généralement le cas de
toutes les transgressions qui se situent au niveau de Néfesh, le
niveau le plus bas et le plus proche du Sitra
aḥera (2) comme il est écrit : « Ses pieds descendent à la mort,
[ses pas aboutissent au Cheol.] (3) »
[ou encore] « Un Néfesh qui commet une faute (4) »
[ainsi que] « ces fautes contre leurs âmes (bénafshotam) (5) »
et de nombreux autres exemples. Voyez [le Arizal (6)].
[Cette maladie] peut être corrigée et élevée par le niveau de Rouaḥ, comme on l'a expliqué.
Néanmoins, si le niveau de « Rouaḥ est déprimé (7) », et endommagé et corrompu du fait des fautes liées au niveau de Rouaḥ, alors « Mi peut le relever. » Cette réparation s'opère par le niveau de Néshama, qui est appelé « Mi », comme l'enseigne le Zohar (8).
« Une personne intelligente (9) » comprendra que les considérations générales au sujet des trois niveaux de l'âme (Néfesh, Rouaḥ, Néshama) sont également reflétées dans la source supérieure de ces trois niveaux, c'est-à-dire Qoudsha Berikh Hou, Shékhina, et Em haBanim (la mère des enfants).
C'est ainsi que les fautes commises dans les mondes inférieurs font que la Shékhina de notre force, le secret du Néfesh supérieur, se déconnecte de sa source supérieure. C'est le secret de l'exil, c'est-à-dire lorsque les Néfashot (les âmes) d'Israël sont submergées par de mauvais désirs, D. nous en préserve. Voyez les écrits du Arizal (10).
Néanmoins, les dix niveaux [de la Shékhina] ne sont pas tous [déconnectés]. Seuls les neuf niveaux depuis le niveau de Ḥokhma et en-dessous, comme on l'a indiqué plus haut. Le niveau le plus élevé, le secret de Keter, qui est son point d'origine, reste attaché de manière permanente à la parure de [la Séfira] de Yessod du niveau de Rouaḥ, et ne s'en sépare jamais. C'est pourquoi on le décrit comme 'Atarah (couronnement, parure), puisqu'il devient le Kéter (la couronne) du niveau inférieur de la Shékhina.
Voyez les écrits du Arizal (11), et ce que notre grand Maître le Gaon Éliyahou de mémoire bénie a écrit dans son commentaire sur les Hékhalot (12).
Voyez les écrits du Arizal (13).
Mais le niveau supérieur de Rouaḥ ne peut jamais être séparé de sa place, D. nous en préserve, du fait des fautes commises dans les mondes inférieurs. Cependant, elles peuvent causer dommage et corruption, D. nous en garde, dans [le processus descendant de diffusion] par les Vav Qetsavot (14), comme on le sait.
Quant au niveau supérieur de Néshama, c'est le secret de l'intellect, les Trois Têtes mentionnées au chapitre 15. Les actions des hommes dans les royaumes inférieurs n'ont aucun impact, aucun moyen de corrompre ou d'endommager [à ce niveau], D. nous en préserve. Mais ces actes peuvent entraîner leur [apparent] retrait des mondes inférieurs, D. préserve. C'est ce qu'on apprend du Ets Ḥayim : [leur influence] ne vient que par « le secret de la complétude » et dépend des actions accomplies dans les mondes inférieurs, puisqu'ils sont comme une émanation du niveau le plus bas de Em haBanim, comme on le sait, et comme il est écrit : « HaShem, par la Sagesse (Ḥokhma), a fondé la terre ; [par l'intelligence, Il a affermi les cieux.] (15) » un monde protégé de tout impact extérieur, comme on le sait.
C'est ce que nous apprend la vision [de Ya'aqov] : « Une échelle était dressée vers la terre (16) » On ne lit pas qu'elle était dressée sur la terre (בָּאָרֶץ) mais vers la terre (אַרְצָה). Cela signifie que le sommet de sa racine essentielle est [attaché] dans les Cieux, et descend par degrés pour atteindre le sol. C'est la force vitale de la Néshama d'une personne qui est émanée, si l'on peut dire, de la respiration divine, et qui descend de là progressivement comme [sur] une échelle ou [le long] d'une chaîne pour se lier à Rouaḥ, et Rouaḥ à Néfesh jusqu'à atteindre ce monde inférieur et s'y manifester dans le corps physique de l'homme.
C'est ce qui est dit explicitement [dans le Zohar] : « HaShem-Éloqim [façonna l'homme, - poussière détachée du sol] fit pénétrer dans ses narines un souffle de vie, et l'homme devint un être vivant. » [c'est sa Néshama] au sujet de laquelle il est écrit : « Il fit un rêve, et voici : une échelle était dressée. » L'échelle représente certainement son âme vivante (17).
« Et voici : des anges divins montaient et descendaient le long de cette échelle (18). » Comme je l'ai longuement développé (19), l'homme est « l'âme vivante » des mondes supérieurs, des puissances et des anges, et leurs montées, leurs descentes et tous leurs actes à tout moment dépendent entièrement des actions, des paroles et des pensées du corps physique de l'homme. La référence première aux « montées », puis aux « descentes (20) » correspond à l'objectif principal de l'homme, qui est d'élever d'abord chacun des mondes, du bas vers le haut, et ensuite seulement d'attirer la lumière du haut vers le bas, ce qui fait que [comme le dit la suite du verset], « Puis, HaShem apparaissait au sommet [au dessus de lui]. (21) » comme on l'a vu.
Comme elles sont douces, les paroles de nos Sages de mémoire bénie ! « Resh Laqish a dit au nom de Rabbi Yannaï que HaQadosh Baroukh Hou a lié Son Nom à celui d'Israël. Cela ressemble à un roi qui possédait la petite clé d'une boîte à bijoux. Il se dit : ''Si je laisse la chose en l'état, [cette clé] sera perdue. Je vais donc l'attacher à une chaîne.'' De la même manière, HaQadosh Baroukh Hou a dit : ''Si Je laisse Israël dans cette situation, ils se perdront parmi les nations. Je vais donc leur associer Mon grand Nom !'' (22) »
Ḥazal font allusion à la collectivité de la nation unique.
Mais « leurs yeux voient plus loin (23) », comme [les Sages] savent le faire dans les choses saintes, et ils font donc ici également référence aux individus. La métaphore de la clé mérite un approfondissement, comme je l'ai écrit plus haut (24) : l'homme est la clé qui ouvre et ferme les portes des forces et des mondes, des palais supérieurs et inférieurs, qui sont tous au pouvoir de ses actions au niveau de Néfesh, qui est l'essence et la racine du niveau de Néfesh de tous les mondes.
Le Maître de toute chose, dans Sa grande bienveillance et Sa Volonté de faire du bien à Ses créatures, s'est préoccupé de la possibilité de réparation [des fautes,] et Il a dit : « Si Je les laisse sans une connexion entre les trois niveaux de Néfesh, Rouah et Néshama, et si l'un (c'est-à-dire) le plus bas niveau de Néfesh devait tomber dans les profondeurs du mal, ḥas veShalom, il n'y aurait plus aucun niveau disponible pour le rétablir, et il serait définitivement perdu, ḥas veShalom, comme il est écrit : « J'anéantirai ce Néfesh-là du milieu de son peuple (25) » Comment, dès lors, une âme qui a transgressé pourrait-elle connaître la rédemption ?
HaShem a donc proposé « une merveilleuse solution (26) » et établi les trois niveaux de Néfesh, Rouaḥ et Néshama, de sorte que chacun d'entre eux relie son premier niveau, le plus élevé, avec le niveau le plus bas de celui qui lui est supérieur, à, la manière d'une chaîne, dont le maillon le plus élevé est connecté au maillon le plus bas de celui qui se trouve au-dessus de lui.
Ce qui fait que même si le Néfesh est retranché et tombe dans les profondeurs des forces de l'impureté, D. nous en préserve, il peut être relevé et rédimé par sa connexion avec le niveau supérieur, celui de Rouaḥ. De la même manière pour tout dommage infligé au niveau de Rouaḥ, comme on l'a expliqué.
C'est le sens de la formule [du Talmud yéroushalmi] « Je vais donc leur associer Mon grand Nom ! » Les trois niveaux de Néfesh, Rouaḥ et Néshama, plus [le quatrième niveau] de la racine de la Néshama, ont pour source les quatre lettres du Tétragramme, c'est-à-dire que le Nom Lui-même intègre tous les maillons de la chaîne qui permet à HaShem de S'attacher à nos âmes.
1 Mishléi – Proverbes 18,14 : « רוּחַ-אִישׁ, יְכַלְכֵּל מַחֲלֵהוּ; וְרוּחַ נְכֵאָה, מִי יִשָּׂאֶנָּה ». Le Rabbinat propose une leçon un peu différente : « Un esprit viril sait supporter la maladie ; mais un esprit abattu, qui le soutiendra ? »
2 סִטְרָא אַחְרָא, mot-à-mot « l'autre côté », le domaine du mal (voir chapitre 4, note 16).
3 Mishléi – Proverbes 5,5 : « רַגְלֶיהָ, יֹרְדוֹת מָוֶת; שְׁאוֹל, צְעָדֶיהָ יִתְמֹכוּ », c'est-à-dire que le niveau le plus bas, les pieds (le Néfesh) descendent à la mort, qui est le Sitra aḥera.
4 Wayiqra – Lévitique 5,1 : « וְנֶפֶשׁ כִּי-תֶחֱטָא ».
5 Bamidbar – Nombres 17,3 où il est question de la rébellion de Qora'h et de ses acolytes : « הַחַטָּאִים הָאֵלֶּה נַפְשֹׁתָם ».
6 Ets Ḥayim Sha'ar 6, Sha'ar haAqoudim 2 : « Lorsqu'un homme du monde physique est au niveau du secret de Néfesh, il est attiré et subit la contrainte de l'inclination au mal, la klipa, selon le secret de « une âme (Nefesh) qui péchera » (Wayiqra 5,1). Mais quand un homme est au niveau du secret de Rouaḥ, il ne faute plus autant, comme [le révèle] le secret du verset : « Crée en moi un cœur pur, Éloqim, et fais renaître dans mon sein un esprit (Rouaḥ) droit. » (Téhillim 51,12). Et quand un homme est au niveau du secret de Néshama, il est loin de toute faute, mais il doit veiller à l'influence des Aḥorayim [le mal indirect]. Enfin, quand un homme parvient au niveau du secret de la Néshama de la Néshama [c'est-à-dire Ḥaya], il ne commet plus aucune faute. »
Pri Ets Ḥayim Sha'ar Qriat Shéma' Shé'al HaMitah, chapitre 8 : « … Après cela, lève-toi, tiens-toi [debout] et confesse tes fautes, car le sommeil n'est-il pas un soixantième de la mort ? Particulièrement maintenant, lorsque ton intention est d'élever Mayim Nukvim [c'est-à-dire l'abandon absolu et total de toi-même à HaShem], et que tu vas être comme celui qui a quitté ce monde pour monter Au-Dessus. C'est pourquoi [il te faut] d'abord confesser tes fautes, selon le secret [du verset] : ''l'âme pécheresse seule mourra (הַנֶּפֶשׁ הַחֹטֵאת, הִיא תָמוּת)'' (Yéḥezqel 18,4), parce que le secret de la faute dépend de son Néfesh, qui est dans le Monde de l'action (Assiya'). Par [cette confession, le Néfesh] sera séparé du Monde de l'action, et tu ne seras pas affecté par les ḥitsonim (les forces de l'impureté.) »
7 Comme on l'a vu en Mishléi 18,14.
8 Le prophète Yéshayahou – Isaïe 40,26 écrit : « Levez les regards vers les cieux et voyez! Qui (מִי) les (אֵלֶּה) a appelés à l'existence ? » Dans l'introduction du Zohar Ib, on trouve une explication ésotérique de ce verset, qui distingue les deux niveaux de « Mi » et de « Mah ». « Mi » fait référence à un niveau non révélé de HaShem (qui implique une source inconnaissable, la question étant : « qui ? ». Pour sa part, « Mah » est lié à un niveau révélé, une source connaissable, le point de départ de toute connaissance, comme le suggère la recomposition du mot Ḥokhma (Sagesse) en Koaḥ Mah (« la force de la question »), c'est-à-dire le potentiel de connaître ce qui est. Dans ce sens, le verset signifie simplement que lorsqu'on observe la création matérielle, on comprend que c'est une entité divine abstraite et inconnaissable qui l'a créée.
Néanmoins, à un niveau plus profond, c'est « Mi » (qui) qui a créé « Éléi » (ces créations), « Mi » étant un singulier et « Éléi » un pluriel. Par conséquent, lorsque nous observons ce monde qui nous apparaît comme séparé du D.ieu Unique (c'est-à-dire pluriel, multiple) il nous faut considérer qu'en réalité, il ne procède que du D.ieu Unique (c'est-à-dire singulier). Cette idée est représentée par le Nom Éloqim lui-même, qui peut être recomposé en Mi et Éléi. Éloqim est la dimension de HaShem qui module Sa force vitale en sorte de donner l'apparence d'un fonctionnement « naturel » des choses, qui semble séparé de Lui. C'est ce qu'indique la valeur numérique de « Éloqim », la même que celle de « HaTéva » (la nature). Dans ce monde, l'existence de HaShem est dissimulée dans la nature. Notre tâche ici-bas est donc de réaliser pleinement que toute cette diversité n'est que l'apparence sous laquelle il n'existe que Lui. À l'inverse, ceux qui ont commis la faute du veau (le érev rav) ont proclamé : « אֵלֶּה אֱלֹקֵיךָ יִשְׂרָאֵל – Ceux-là (Éléi) sont tes dieux, Ô Israël ! » (Shemot 32,4) Ils ont séparé Mi de Éléi et ils ont affirmé que c'est la pluralité qui constitue la réalité absolue. Ils ont nié l'existence de la singularité radicale de D.ieu dans leurs vies. Cette affirmation contient la véritable essence de l'idolâtrie, dont le premier fondement est de nier l'unité du monde, de manière à s'affranchir des responsabilités qui sont liées à la notion d'un D.ieu Unique.
9 Citation stylistique de Mishléi – Proverbes 11,12.
10 Ets Ḥayim Sha'ar 36, qui fait référence aux quatre exils du peuple juif, et de la descente spirituelle correspondante causée par leurs actions.
11 Pri Ets Ḥayim Sha'ar haAmida (au sujet de la Berakha sur les minim – les hérétiques).
12 V. p.36 note 247.
13 Ets Ḥayim Sha'ar 11, Sha'ar haMélakhim ; Ets Ḥayim Sha'ar 36 sha'ar Miyout Hayaréaḥ ; Ets Ḥayim Sha'ar 48 Sha'ar haQelipot, Chapitre 3 ; Pri Ets Ḥayim Sha'ar Rosh haShana chapitre 2.
14 C'est-à-dire les « six fins » correspondant aux Midot.
15 Mishléi – Proverbes 3,19 : «ה׳-בְּחָכְמָה יָסַד-אָרֶץ; כּוֹנֵן שָׁמַיִם, בִּתְבוּנָה ».
16 Béreshit – Genèse 28,12 : « וְהִנֵּה סֻלָּם מֻצָּב אַרְצָה. » Rashi écrit : « [Les anges] y montaient et descendaient : Ils montaient d'abord, puis ils descendaient (Beréchith raba 68, 12). Les anges qui l'avaient accompagné à l'intérieur d'Érets Israël ne devaient pas sortir du pays : ils sont donc remontés au ciel. Et ceux attachés aux autres pays sont descendus pour l'accompagner. ».
17 Zohar Raya Méhemna III Nasso 123b qui cite Béreshit 2,7 et 28,12.
18 Béreshit – Genèse 28,12 : « וְהִנֵּה מַלְאֲכֵי אֱלֹקִים, עֹלִים וְיֹרְדִים בּוֹ. »
19 V. chapitre 10 du présent Portique.
20 Comme Rashi le précise.
21 Béreshit – Genèse 28,13 : « וְהִנֵּה ה׳ נִצָּב עָלָיו, וַיֹּאמַר, אֲנִי ה׳ אֱלֹקֵי אַבְרָהָם אָבִיךָ, וֵאלֹקֵי יִצְחָק; הָאָרֶץ, אֲשֶׁר אַתָּה שֹׁכֵב עָלֶיהָ-לְךָ אֶתְּנֶנָּה, וּלְזַרְעֶךָ. » (Rabbinat : « Puis, HaShem apparaissait au sommet et disait: "Je suis HaShem, le D.ieu d'Abraham ton père et de Yitsḥaq ; cette terre sur laquelle tu reposes, Je te la donne à toi et à ta postérité. »)
22 Talmud Yéroushalmi Ta'anit 2,6.
23 Expression utilisée par le Talmud Baba Kamma 92b pour désigner un oiseau (qui, d'après Rashi, est constamment à la recherche de nourriture.) Dans notre contexte, l'expression signifie que Ḥazal sont toujours en recherche d'enseignements et de nouvelles significations.
24 V. chapitre 3 du présent Portique.
25 Wayiqra 23,30 : « וְהַאֲבַדְתִּי אֶת-הַנֶּפֶשׁ הַהִוא, מִקֶּרֶב עַמָּהּ ». Rashi écrit : « Je ferai perdre (וְהַאֲבַדְתִּי) : Le texte emploie souvent le mot ''kareth'' sans que l'on sache en quoi il consiste. Lorsqu'il précise ici : ''Je ferai perdre'' il m'apprend que le ''kareth'' n'est rien d'autre qu'un anéantissement. »
26 Yéshayahou – Isaïe 28,29 : « Cela aussi émane de HaShem-Tsévaqot : Il conçoit des desseins merveilleux et déploie une haute sagesse. »