4ème PORTIQUE : CHAPITRE 21
Chapitre vingt et un : Les Sages de la Torah sont plus grands après la mort, et sont rassasiés de la lumière mise en réserve.
(Pr. Gross : Une vie éternelle)
[Comme on l'a vu] Ceux qui peinent dans l'étude de la Torah peuvent atteindre un niveau admirable alors qu'il sont encore dans ce monde d'obscurité, et employer leur Esprit de Sainteté (רוח הקדשׁ) pour contempler la lumière supérieure. Malgré cela, les Tsaddiqim sont incomparablement plus grands après leur mort que durant leur vie [terrestre].
Puisque leur âme pure est « pleinement rassasiée » de Torah et de mitswot, et « elle revient dans la maison de son père » [Wayiqra 22,13 où il est question de la fille d'un Cohen, veuve ou divorcée, qui revient dans la maison paternelle, et y est de nouveau autorisée à consommer la Terouma.] dans l'état premier, pur et saint où elle a été donnée.
Et avec la lumière supplémentaire (וביתרון אור) de la Torah, et avec dans sa main tout ce qu'il a appris [תלמודו בּידו - Expression fréquente dans le Talmud], toutes les portes [des Cieux] sont ouvertes devant lui, et [l'âme] ouvre sa voie à travers les firmaments, pour être reliée au faisceau de la vie avec Hashem son D.ieu.
Comme il est dit (Eliyahou Rabba) : וְרָאוּ בְנֵי-יִשְׂרָאֵל, אֶת-פְּנֵי מֹשֶׁה, כִּי קָרַן, עוֹר פְּנֵי מֹשֶׁה - et les Bnei Israël remarquaient le visage de Moïse, dont la peau était rayonnante. De peur qu'on puisse dire que depuis que Moshé Rabbénou est parti pour le monde à venir, la couronne de la face rayonnante a diminué en quelque façon, le verset enseigne : וְלֹא-קָם נָבִיא עוֹד בְּיִשְׂרָאֵל, כְּמֹשֶׁה, אֲשֶׁר יְדָעוֹ יְהוָה, פָּנִים אֶל-פָּנִים - Mais il n'a plus paru, en Israël, un prophète tel que Moïse, avec qui avait connu Hashem face à face. Ainsi, de même que le rayonnement du « visage » d'en-haut est éternel, de même le rayonnement du visage de Moshé, qui est entré avec lui dans le monde à venir.
Cela ne s'applique pas seulement à Moshé, mais à chaque Talmid 'Hakham qui s'est adonné à l'étude de la Torah de sa jeunesse jusqu'à son grand âge, et qui a quitté ce monde. En réalité, il n'est pas mort, mais il jouit d'une vie éternelle ainsi qu'il est écrit : « וְהָיְתָה נֶפֶשׁ אֲדֹנִי צְרוּרָה בִּצְרוֹר הַחַיִּים, אֵת יְהוָה אֱלֹהֶיךָ - l'existence (le Nefesh) de mon Seigneur restera liée au faisceau des vivants que protège Hashem, ton D.ieu » (I Shmuel 25,29). Le Talmid 'Hakham, le Tsaddiq, est comparé [si l'on peut dire] avec D.ieu [Lui-même]. Comme D.ieu, dont le Nom est Grand et Béni, et Qui vit éternellement, le Talmid 'Hakham qui s'est adonné à l'étude de la Torah de sa jeunesse jusqu'à son grand âge, et qui a quitté ce monde est encore vivant, et vit éternellement. Et où se trouve sa Néshama ? Sous le Trône de Gloire !
[Après avoir quitté ce monde,] l'âme [du Talmid 'Hakham] est soutenue par les étincelles de la lumière supérieure, subtile et cachée, comme l'enseignent 'Hazal :
Chaque Talmid 'Hakham qui s'adonne à l'étude de la Torah dans la difficulté... Rabbi Abahou dit qu'il est soutenu par le rayonnement de la Shekhina comme le dit le verset : « וְהָיוּ עֵינֶיךָ רֹאוֹת אֶת-מוֹרֶיךָ - tes yeux pourront voir ton guide » (Yeshayahou 30,20).
Que signifie le verset : « [Quant à moi, puissé-je, grâce à ma droiture, contempler ta face et,] à mon réveil, me rassasier de ta vue ! » (Ps17,15) Ce sont les Talmidéi 'Hakhamim qui se privent de sommeil dans ce monde et Hashem les rassasie du rayonnement de la Shekhina dans le monde à venir. (Baba Bathra 10a).
Rabbi Yehouda ben Rabbi Shim'on a interprété : celui qui noircit son visage dans l'étude de la Torah dans ce monde, Hashem fait briller Sa lumière sur lui dans le monde à venir, comme il est dit : « מַרְאֵהוּ, כַּלְּבָנוֹן--בָּחוּר, כָּאֲרָזִים - son aspect est celui du Liban, superbe comme les cèdres. » (Shir haShirim 15,5) [Jeu de mots sur לְּבָנ, le Liban et LaBN, blanc]
Tout cela correspond au niveau très élevé d'implication des Talmidéi 'Hakhamim, et à leur extraordinaire attachement à la sainte Torah, ainsi qu'enseignent 'Hazal :
Au sujet des Tsaddiqim, il est dit que : « וְאֹהֲבָיו, כְּצֵאת הַשֶּׁמֶשׁ בִּגְבֻרָתוֹ - Ses bien-aimés sont comme le soleil dans sa force », au contraire des anges du Service, dont le niveau est fixe, et qui ne peuvent changer [et donc ne peuvent s'élever, comme le soleil].
Comme elle est belle, la puissance du Maître de la maison [D.ieu], qui embellit la couronne de Ses serviteurs, comme la Sienne propre !
Si tu veux dire que celui qui a lu et révisé beaucoup et celui qui a peu lu et peu révisé rayonneront de la même façon dans le monde futur, sache qu'il n'en est pas ainsi.
Béni le Maqom, Il est béni, devant Qui il n'y a aucun favoritisme... Comme il est dit : « יָתֵר מֵרֵעֵהוּ צַדִּיק; וְדֶרֶךְ רְשָׁעִים תַּתְעֵם - Le Juste est supérieur à tous... », et à chaque personne selon la voie qu'elle a choisie.
C'est là le secret de la Lumière qui a été créée le premier jour de la Création, que Hashem a réservée pour les Tsaddiqim.
Rabbi Elazar a dit : « מָה רַב-טוּבְךָ, אֲשֶׁר-צָפַנְתָּ לִּירֵאֶיךָ - Comme il est grand, le Bien que tu as réservé [pour ceux qui Te craignent] » [צָפַנְתָּ- de la racine צפנ, qui désigne le Nord, et qui signifie aussi caché. On a traduit par 'réservé' mais il faudrait dire caché et mis en réserve pour un usage ultérieur]. Viens et vois, D.ieu a créé l'homme dans le monde de telle sorte qu'il pourra perfectionner son service et son action, pour mériter la Lumière supérieure qu'Il a réservée pour les Tsaddiqim, ainsi qu'il est dit : « עַיִן לֹא-רָאָתָה, אֱלֹהִים זוּלָתְךָ--יַעֲשֶׂה, לִמְחַכֵּה-לוֹ - Aucun œil [sauf le Tien] n'a vu ce qu'Il fera à ceux qui Lui sont fidèles » (Yeshayahou 64,3) Et comment une personne peut-elle mériter cette lumière ? Avec la Torah (Zohar Bereshit 47a).
« [Ceux] qui furent arrachés avant leur temps, et dont la fondation a été emportée par la rivière » : ce sont les Tamidéi 'Hakhamim qui « arrachent » le sommeil de leurs yeux dans ce monde, D.ieu leur révèle [Ses] secrets dans le Monde à venir comme il est dit : « leur fondation a été emportée par la rivière » : Ces [secrets] sont les raisons cachées des Mitswot, qui constituent la lumière supérieure qui a été cachée.
C'est pourquoi la Mishna Avot enseigne : « Tous ceux qui s'adonnent à l'étude de la Torah lishma méritent bien des choses » (Avot 6,1)
Mais [la Mishna] ne précise pas ce que sont ces choses !
Ce ne peut pas être les choses énumérées à la suite de cet enseignement, parce que juste après, il est écrit : « non seulement cela mais encore... » ce qui implique qu'il s'agit d'un enseignement distinct.
[Les "choses énumérées à la suite" de ce premier enseignement de la Mishna sont impressionnantes : "Il est appelé ami, bien-aimé, il aime D.ieu, il aime les créatures, il réjouit D.ieu, il réjouit les créatures. Elle [la Torah] le revêt d'humilité, de crainte et le rend à même d'être juste, pieux, droit, fidèle, l'éloigne du péché et le rapproche du mérite. On met à profit ses conseils et sa sagesse, son discernement et sa puissance, car il est écrit : À moi les conseils et la sagesse, je suis compréhension, à moi la puissance. Elle [la Torah] lui procure la souveraineté, la maîtrise, un jugement éclairé ; des secrets de la Torah lui sont révélés, il devient comme une source jaillissante et comme un fleuve dont le courant ne s'interrompt jamais. Il devient réservé, longanime, il pardonne l'affront qui lui est fait et elle [la Torah] le grandit et l'élève au-dessus de toute chose."]
Cela fait donc allusion au « polissage » et au raffinement de l'âme [effectué par] la lumière cachée, que les anges des Hauteurs, les 'Hayot et les saints Sérafim, les prophètes et les visionnaires ne purent jamais percevoir.
Ainsi que l'enseignent 'Hazal : La Prophétie de tous les prophètes ne s'applique [qu'aux jours du Mashia'h] mais en ce qui concerne les Talmidéi 'Hakhamim, « Aucun œil [sauf le Tien] n'a vu ce qu'Il fera à ceux qui Lui sont fidèles ». Il s'agit de [l'expérience à venir] du Gan Eden, et du vin vieux qui, d'après le Talmud, est la signification de « Aucun œil [sauf le Tien] n'a vu... »
Les raisons secrètes de la Torah sont identiques à ces choses qui n'ont pas encore été révélées, que la Mishna désigne par « beaucoup de choses », parce qu'elles ne peuvent être perçues ou expliquées.
'Hazal enseignent : Heureux l'homme qui a des paroles de Torah, qui s'assoit et lit, et révise d'une manière humble et tranquille.
Où cette personne doit-elle résider ? Avec D.ieu comme il est dit : « יֹשֵׁב, בְּסֵתֶר עֶלְיוֹן; בְּצֵל שַׁדַּי, יִתְלוֹנָן - Il demeure sous la sauvegarde du Très-Haut, et s'abrite à l'ombre du Tout-Puissant ».
De la même manière qu'ils se font uniques et solitaires dans ce monde-ci, ils séjournent seuls avec D.ieu [dans le monde futur].
Mis en ligne le 17 Kislev 5778 - 5 décembre 2017