6 (2ème partie)
Chapitre 6 (2)
« Car c'est là tout l'homme » (1) : chaque force spécifique en lui correspond directement à à un monde et à une force unique et spécifique, selon le secret du Shi'our Qoma (2), et de l'ensemble des forces et des mondes, qui sont organisés, si l'on peut dire, d'après la structure de l'homme, comme on le verra plus loin (3).
De la même manière, toutes les Mitsvot sont liées à, et dépendent de la source de leur racine supérieure, dans l'arrangement des éléments de la Merkava, et dans le Shi'our Qoma de tous les mondes, chaque Mitsva particulière comportant dans sa racine une myriade de forces et de lumières provenant de l'arrangement du Shi'our Qoma.
Comme l'enseigne le Zohar : « Toutes les Mitsvot de la Torah sont unifiées avec le Saint Roi Supérieur. Certaines sont dans la Tête du Roi, d'autres dans Son Corps, ses Mains et ses Pieds (4). » Cette idée est également exprimée dans les Tiqounim (5.)
Les Mitsvot de la Torah sont les membres célestes du secret supérieur, et quand elles s'assemblent comme une seule, elles montent pour former un secret unique (6).
Dans ce Nom sont incluses les six-cent-treize Mitsvot de la Torah, qui comprennent elles-mêmes tous les secrets des Royaumes supérieurs et inférieurs. Toutes les Mitsvot sont les parties et les membres qui révèlent le secret de la fidélité (7). Celui qui n'examine pas les secrets des Mitsvot de la Torah ne comprendra pas comment les membres s'unifient dans le secret supérieur. Les membres du corps sont rectifiés par le secret des Mitsvot de la Torah (8).
C'est également ce qu'écrit le Arizal : « Et de la même manière, chacune des Mitsvot a sa place, comme on le sait, dans membre spécifique du Shi'our Qoma supérieur (9).
C'est pourquoi, lorsqu'une personne accomplit la Volonté divine, par l'usage d'un membre et d'une force spécifique qui est en lui pour accomplir une Mitsva particulière, la réparation (tiqoun) qui en résulte a un impact sur le monde supérieur et la force correspondante, pour la rectifier, ou l'élever ou intensifier le niveau de sa lumière et de sa sainteté, selon le désir et la Volonté divine, en fonction de la manière et de la qualité de l'accomplissement, et selon le degré de raffinement, la pureté de la sainteté de la pensée au moment de l'accomplissement de la Mitsva, qui enrichit la bonté de de l'action [physique] (10) qui est l'élément clé, et selon la qualité et le niveau de ce monde supérieur, et la force [qui lui correspond.] Et de là, sainteté et force vitale correspondantes se répandent sur ce pouvoir de l'homme qui a accompli la Mitsva de son Créateur (11).
Lorsqu'une personne a parfaitement accompli toutes les Mitsvot, dans toute la précision de leurs détails physiques, et y associe en outre la pureté absolue et la sainteté des pensées associées, c'est une réparation de tous les mondes et de leur organisation supérieure. Dans toutes ses forces et tous ses membres, il est transformé en une Merkava (un Char divin) pour eux [c'est-à-dire qu'il devient un support qui leur permet d'exister et de fonctionner.] Il est sanctifié par leur sainteté supérieure, et la Gloire de D.ieu réside sur lui constamment.
Comme il est écrit : « tous ceux qui se réclament de Mon Nom, tous ceux que, pour Ma Gloire (לִכְבוֹדִי), J'ai créés, formés, organisés. » Nous apprenons que cette Gloire n'est réparée en-haut que par les réparations effectuées par le peuple dans ce monde, lorsque les gens sont méritants et fidèles, et savent comment opérer les réparations. (12)
Reportez-vous au texte (13).
C'est ce que nos Maîtres de mémoire bénie ont voulu dire en affirmant que les Patriarches sont la Merkava. (14)
De la même manière pour l'opposé, D.ieu nous en préserve. Si une personne abîme l'une de ses forces ou l'un de ses membres du fait de « la faute qu'il a commise » (15), cette dégradation, conformément à sa racine, atteint également le monde supérieur et la force qui correspond à ce membre et à cette force dans l'arrangement du Shi'our Qoma, si l'on peut dire. Elle la brise et la détruit, D.ieu nous en préserve, elle l'abaisse, l'endommage, ou l'obscurcit et diminue la clarté de sa lumière. Elle affaiblit et réduit la force de sa pureté et de sa sainteté, D.ieu nous en préserve. Tous [ces effets] dépendent du niveau de la faute, de la manière dont a été commise, et de la qualité et de l'aspect de ce monde et son niveau relatif [dans la Création]. Car tous les mondes ne sont pas identiques quant à leur faculté d'être endommagés ou corrompus. Pour les mondes les plus bas, c'est la destruction et la ruine, que le Miséricordieux nous protège. En ce qui concerne les mondes [immédiatement] supérieurs, il s'agit d'une rétention de la lumière. Pour les mondes qui sont encore au-dessus, il n'y aura qu'une diminution de l'épanchement de la lumière. Et pour les mondes encore supérieurs, il s'agira d'une diminution de leur intensité lumineuse, et de la pureté de leur merveilleuse sainteté.
De même, il existe de nombreux niveaux progressifs [d'impact sur les mondes.]
Ḥazal font référence à de nombreuses reprises aux détériorations [causées par] la faute, et à la dégradation de l'image du Roi.
Comme il est écrit : À cause de cela, celui qui transgresse les commandements de la Torah, c'est comme s'il avait abîmé le Corps du Roi, comme il est dit : « Et on sortira pour contempler les cadavres de ces hommes qui se révoltèrent contre Moi », littéralement « contre Moi » (הַפֹּשְׁעִים בִּי). Malheur à ces coupables qui transgressent les paroles de la Torah, et ne savent pas ce qu'ils font ! (16)
Et il est encore écrit : Tous ceux qui transgressent les commandements sont comme s'ils avaient endommagé l'image du Roi. (17)
Comme on l'a vu plus haut, la détérioration [due à la faute] se répand, et cause un impact sur les éléments et l'arrangement des forces et des mondes au sein du Shi'our Qoma, puisqu'elles sont toutes incluses en lui, et contribuent, pour une part de leur essence, à sa construction et à sa création. (18)
1 Qohélet – Ecclésiaste 12,13 : « כִּי-זֶה כָּל-הָאָדָם », que Manitou traduit : « [Crains Éloqim et observe Ses commandements] car c'est là le tout de l'homme. »
2 Littéralement « la mesure du corps », c'est-à-dire la structure de l'aspect divin en tant qu'il inclut et organise la séquence interconnectée de toutes les capacités créatrices et de tous les mondes, comme on le verra plus loin.
3 Il s'agit de la structure physique de ses membres et de ses nerfs ainsi que de la structure émotionnelle et spirituelle, qui sera développée au deuxième Portique, Chapitre 5.
4 Zohar II Yithro 85b. Le Pr Benno Gross ajoute une citation de la suite du texte : « Aucun précepte n'est extérieur à Son corps. Celui qui transgresse un des préceptes de la Torah porte atteinte au Corps du Roi. »
5 Tiqounéi Zohar Tiqoun 70 129b et 130a.
6 Zohar II Térouma 162b. Le Pr Benno Gross ajoute une citation de la suite du texte : « Les mondes supérieurs et inférieurs sont unifiés dans ce Nom. »
7 Le Pr Benno Gross traduit : « Les commandements sont une réplique des organes et des membres qui laissent transparaître le mystère du Fidèle. » Le Rav Fraenkel traduit l'araméen « מְהֵימְנוּתָא » par faith (foi, fidélité) et ne semble pas en faire un attribut divin. Cette partie du texte original est très difficile.
8 Zohar II Térouma 165b.
9 Sha'ar ahYiḥoudim, chapitre 2.
10 Cette phrase emprunte à la formulation de Qiddoushine 40a, mais dans un contexte différent. En Qiddoushine 40a, le fait d'associer une pensée (kavanna) correcte à l'accomplissement effectif signifie que la bonne pensée seule est équivalente à l'action physique. Ici au contraire, l'idée est que les pensées adéquates ajoutent à la valeur de l'accomplissement, mais ne sauraient s'y substituer. Rabbi Ḥayim insistera plus loin sur cette dimension du Service divin.
11 Rabbi Ḥayim introduit ici la note 8, reproduite à la fin du chapitre.
12 Zohar II Térouma 155a, citant Yéshayahou – Isaïe 43,7 (traduction du Rabbinat).
13 Zohar Raya Méhemna III Pinḥas 239a.
14 Béréshit Rabba Lekh Lekha 47,6.
15 Wayiqra 4,23 : « חַטָּאתוֹ, אֲשֶׁר חָטָא », littéralement « la transgression qu'il a transgressée. »
16 Zohar II Yithro citant Yéshayahou – Isaïe 66,24.
17 Tiqounéi Zohar Tiqoun 70 131a.
18 Rabbi Ḥayim introduit ici la note 9, reproduite à la fin du chapitre.