SHEMOT 5777
Voici les noms : l'amour de D.ieu et la mission de « chaque un »
ואלה שמות בני ישראל הבאים מיצרימה
Voici les noms des fils de Yisrael qui sont venus en Égypte. (Shemot, 1,1)
Le mot שם, (pluriel שםות) ne signifie pas seulement noms, mais aussi dans d'autres contextes, «réputation» (ce que rappelle le français renom, ou renommée). C'est ainsi que le Midrash, commente le célèbre verset de Kohelet (7,1) : שם טב משמן טב (« un bon renom est préférable à l'huile parfumée »). Le cas de 'Hananiah, Mishael, et Azariah qui n'avaient pour eux que « le bon renom », est comparé à celui de Nadav et Avihou qui avaient reçu l'onction par l'huile sainte du Mishkan.
Le Sfat Emet explique que 'Hananiah, Mishael, et Azariah étaient des « self-made men », si
l'on peut dire. Ils ne tenaient leur statut dans la Avoda que de leur propre travail
et de leur effort personnel. C'est le mérite de cet effort qui leur permit de
sortir sains et saufs de la fournaise à laquelle Nevouhadnetsar les avait
condamnés.
Inversement, Nadav et Avihou tenaient leur position de Hashem Lui-même, comme
en témoigne l'onction d'huile sainte dont ils avaient fait l'objet. Malgré cet
avantage, leur vie se termina tragiquement, le jour même de l'inauguration du
Mishkan.
Le contraste entre le שם טב, le bon renom, et le שמן טב (l'huile de l'onction) apparaît ici en pleine lumière !
Or, c'est pour répandre la lumière de la Qédousha dans le monde de Hester (le monde où D.ieu se dissimule) que les Shevatim, la descendance de Ya'aqov, sont descendus en Egypte.
Les Patriarches avaient su se situer à un niveau spirituel tout à fait exceptionnel. Mais il semble que leurs accomplissements ne parvinrent pas à marquer le Monde d'un impact approprié (que sont devenues, par exemple, les quarante mille personnes qu'Avraham et Sarah avaient amenées « sous les ailes de la Shekhina » ?).
D'où la nécessité pour les Tribus de faire prendre conscience au Monde de la Présence divine dans la vie ordinaire.
Le Sfat Emet met en lumière un parallèle dans notre vie quotidienne : le Shabbat crée un environnement d'extraordinaire Qedousha. Mais cette Sainteté n'est pas réservée au Shabbat. C'est même le contraire. Le concept même (le « ענין ») du Shabbat, c'est de faire émerger la Sainteté de nos activités au cours de la semaine ! C'est ainsi que nous sommes quotidiennement engagés dans la Avoda, car notre travail profane contient un potentiel de Service divin : amener la Qedousha du Shabbat au cœur de chaque jour de la semaine !
Rashi explique l'énumération, apparemment inutile, des noms des fils de Ya'aqov : « להודיה חבתן ; pour faire connaître combien Hashem leur est attaché ». C'est pour affirmer l'amour de Hashem pour les Bnéi Yisrael. Il chérit chacun d'entre eux, et par conséquent les identifie, « chaque un » par son nom.
Le Sfat Emet pose la question : à qui la Torah veut-elle faire connaître l'amour de D.ieu ? Et il répond: c'est aux Bnei Ysrael eux-mêmes qu'Il veut adresser ce message. Chacun de nous doit savoir qu'il ou elle a été envoyé dans ce monde avec une mission qui lui est propre. Et tout comme les étoiles s'allument dans la nuit, nous avons été envoyés en Égypte pour révéler la lumière qui s'y trouve. Oui, même en Égypte, on trouvera de la lumière ! De même qu'à Pessa'h nous devons nous considérer comme « sortant d'Égypte », de même chacun d'entre nous a pour mission de ramener une part de la lumière qui y est cachée.
D'après Rav. Natan 'Hayim Leff - Torah.org.
Mis en ligne le 18 Tevet 5777 - 16 janvier 2017