KI TISSA 5777

Hashem est mon berger : je ne manque de rien !

וַיֹּאמְרוּ אֵלָיו קוּם עֲשֵׂה-לָנוּ אֱלֹהִים אֲשֶׁר יֵלְכוּ לְפָנֵינוּ-כִּי-זֶה מֹשֶׁה הָאִישׁ אֲשֶׁר הֶעֱלָנוּ מֵאֶרֶץ מִצְרַיִם, לֹא יָדַעְנוּ מֶה-הָיָה לוֹ

« Fais-nous des Éloqim qui iront devant nous, car cet homme Moshé qui nous a fait monter du pays d'Égypte, nous ne savons pas ce qu'il est advenu de lui. »

Shemot 32,1.

Il ne s'agissait pas d'idolâtrie. En tout cas pas au sens habituel.

On aurait presque préféré que ce soit le cas, enseigne le Rav Shimshon Rafaël Hirsch, ZL. Si les Hébreux avaient cédé à la tentation de remplacer D.ieu par un autre être divin sous la forme d'un veau, nous pourrions pousser un soupir de soulagement ! Du moins, est-ce une faute dans laquelle nous ne risquons plus guère de tomber !

Mais ce n'était pas de l'idolâtrie. Et après des millénaires, l'erreur commise alors n'a pas été entièrement éradiquée !

Le Pshat de notre verset est très clair : ce n'est pas D.ieu qu'ils voulaient remplacer, mais Moshé, leur grand leader, dont ils ignoraient le sort.

Ils croyaient en Hashem, D.ieu unique, cela ne fait pas de doute. Mais leur demande montre qu'ils se trompaient sur la relation qu'Il entretient avec l'homme.

Moshé ne revenait pas. Une sorte de panique envahit une partie du Peuple : quel est notre avenir en l'absence de celui qui « nous a fait monter du pays d'Égypte » ?

Sans une personnalité comme Moshé, qui représente tout ce que D.ieu aime chez l'homme, comment pourrions-nous désormais bénéficier de Son aide ?

Et s'il n'est plus là, il faut trouver un substitut symbolique, qui, comme Moshé, trouvera grâce aux yeux de D.ieu. Dans leur esprit, ce n'était pas seulement possible. C'était nécessaire.

Qu'est-ce qu'un homme peut connaître de D.ieu ? Il existe entre Lui et nous un infranchissable fossé. Comment, dès lors, pouvons-nous Le servir, sans rien comprendre de Lui ?

La meilleure méthode semble être de se saisir des qualités et des idéaux les plus proches du peu que nous pouvons appréhender. On peut ainsi parvenir à une approximation de ce qu'Il est. C'est une manière de réaliser à quel point nous dépendons de Lui, et de mériter Sa grâce...

On s'accorda donc sur une représentation symbolique de l'idéal humain le plus élevé, pour servir le D.ieu unique par son intermédiaire. Le Créateur, certainement, répondrait favorablement à la sincérité de leur initiative, investirait ce symbole de Sa Sainteté, et en ferait le lien entre le Divin et l'humain.

C'est ce qu'ils pensèrent, comme tant d'autres après eux !

Car cette conception n'a pas disparu avec la destruction du veau. Elle a régulièrement resurgi du sein de nombreuses cultures et croyances.

La fausseté de cette idée est un des principes les plus fondamentaux du Judaïsme.

Notre tâche n'est pas de comprendre D.ieu, mais de Lui ressembler. Nous ne devons pas tenter de Le rapprocher de nous, mais il nous incombe d'être plus proches de Lui.

On peut essayer de L'influencer, de L'importuner pour qu'il satisfasse nos désirs. Essentiellement, on recherche les bénédictions qu'Il peut nous accorder. Par conséquent, tout moyen de Le rendre plus immédiat, plus réel, est positif. D'après une telle conception, la fabrication de ces instruments, de ces béquilles est une bonne chose et non une faute.

La Torah enseigne tout autre chose ! Nous n'avons pas à nous soucier de ce que nous allons obtenir. Notre problème doit être ce que nous allons faire ! Nous ne devons avoir d'autre souci que d'accorder à tout instant nos actes à Sa volonté, en gardant à l'esprit que Sa Volonté est absolument libre. Rien ne limite Ses choix. On ne peut pas le manipuler, חס ושלום, pour qu'Il fasse ce que nous voulons.

Ceux qui ont fait pression sur Aharon, et réclamaient un nouveau Moshé, pensaient que l'homme peut contrôler l'avenir. C'est un pouvoir qu'ils attribuaient à Moshé.

Ils ne le voyaient pas pour ce qu'il était : un instrument dans les mains de Hashem. Exceptionnel, certes, mais rien de plus qu'un Kéli ! Ils le voyaient comme capable d'influencer les décisions de D.ieu. Le langage du verset trahit leur pensée : « cet homme Moshé qui nous a fait monter du pays d'Égypte » : ce n'est pas D.ieu qui nous a fait sortir, c'est Moshé, dans son rôle de garantie du lien avec D.ieu.

Terrible erreur ! Le rôle de Moshé était de transmettre la Torah. Il fallait certainement un être exceptionnel pour cela, mais c'est la Torah qui garantit le lien avec Hashem, et non Moshé. Dans son humilité hors normes, Moshé s'est fait le pur instrument de la transmission du Texte, de la Loi, de l'héritage éternel du Peuple juif.

Aucun besoin de le « remplacer » !

Génie du Judaïsme ! Contrairement à d'autres croyances, nous n'avons besoin d'aucun intermédiaire pour communiquer avec D.ieu. Il nous suffit d'étudier Sa Torah et d'en accomplir les commandements !

יְהוָה רֹעִי, לֹא אֶחְסָר

S'engager dans une autre voie, c'est faire retour au veau d'or...

Librement adapté du Rav Itshak Adlerstein - Torah.org

Mis en ligne le 15 Adar (Pourim) 5777 -  12 mars 2017




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