4ÈME PORTIQUE : CHAPITRE 16

Chapitre seize : L'étude de la Torah libère des contingences matérielles

(Pr. Gross : Libération effective des aliénations)

[Celui qui s'adonne à l'étude de la Torah] sera également soulagé de toutes les difficultés de la recherche d'une parnassa, ainsi que de toutes les distractions matérielles qui détournent d'une concentration constante sur la Torah de Sainteté.

C'est ce qu'enseignent nos Sages dmb, « כּל המקבּל על התורה, מעבירין ממנו על מלכות ועל דרך ארץ » (Avot 3,5 - Tout celui qui accepte sur lui le joug de la Torah, on le soulage du joug du gouvernement et du joug de l'obligation de rechercher sa subsistance - derekh eretz)

[L'expression דרך ארץ, mot à mot : le chemin de la terre, est difficile à traduire. Elle a le sens généralement de « bonne conduite », comportement conforme aux usages et au respect d'autrui et de soi-même. Ici, selon tous les commentateurs, elle signifie « recherche des moyens de subsistance ». Cette recherche est « le chemin de la terre » dans le sens où il s'agit de la manière normale d'agir pour un homme. On note donc ici que l'étude de la Torah a le pouvoir de permettre à l'homme d'échapper aux nécessités « normales ». De même qu'Israël, s'il est méritant, échappe aux lois de la nature et de l'histoire (ein mazal leIsrael), de même Hashem permet à celui qui consacre sa vie à l'étude d'échapper à la manière habituelle de rechercher sa subsistance.]

C'est pour cette raison que la Torah a été donnée dans le désert : de même que le désert n'est ni ensemencé, ni labouré, de même celui qui prend sur lui-même le joug de la Torah est allégé du poids [de l'exil et de la recherche de la subsistance]. De même également que dans le désert, on n'est pas soumis à l'impôt, de même ceux [qui étudient] la Torah sont libres (בּני חורין) dans ce monde. (Bamidbar Rabba et Midr. Tan'huma).

Selon le Zohar, celui qui sait comment étudier et ne le fait pas doit en rendre compte sur sa vie (אתחיב בּנפשׁיה, mot à mot « responsable sur son âme »). En outre, on fait peser sur lui le fardeau de devoir gagner sa vie, en même temps qu'il est soumis aux mauvaises choses [c'est-à-dire à des distractions sans rapport avec la Torah], comme le dit le verset (au sujet de Issakhar) : « Il a penché son épaule pour recevoir le poids (la pression)... » celui qui cherche à éviter la contrainte de la Torah « subira (mot-à-mot : sera le serviteur des) taxes ».

Et l'inverse est également vrai.

[Voici le verset complet (Genèse 49,15) : וַיַּרְא מְנֻחָה כִּי טוֹב, וְאֶת-הָאָרֶץ כִּי נָעֵמָה; וַיֵּט שִׁכְמוֹ לִסְבֹּל, וַיְהִי לְמַס-עֹבֵד. Traduction du Rabbinat : « II a goûté le charme du repos et les délices du pâturage; et iI a livré son épaule au joug et iI est devenu tributaire (ou, pour Jacques Kohn zl : « Il se soumet au tribut du serviteur »)

Il faut noter ici que le Pshat du Zohar haQadosh est absolument contradictoire avec celui de Rashi sur ce verset qui fait partie des bénédictions de Ya'aqov à ses fils (parashat Waye'hi), et précisément celle qui concerne Issakhar. Là où le Zohar comprend qu'il s'agit de celui qui veut se débarrasser du joug de la Torah, Rashi explique : « Il a incliné son épaule pour porter : Pour porter le joug de la Torah. » Et encore : « Il se soumet au tribut du serviteur : Et il est devenu pour tous ses frères en Israël comme « un serviteur qui apporte le tribut »: Il fixera pour eux les décisions de la Tora (Midrach tan'houma 11, Beréchith raba 99, 10) et il calculera le calendrier, ainsi qu'il est écrit : « Et les fils de Yissakhar, instruits à connaître les dates afin de savoir ce que doit faire Israël, leurs chefs au nombre de deux cents » (I Divrei haYamim 12, 33), (la suite du verset ajoutant : « et tous leurs frères suivant leurs ordres »). Il a donné deux cents chefs du Sanhédrin »

Ce renversement du sens n'est pas facile à expliquer, même si nous savons que les 'Hakhamim ne se sentent jamais tenus par le Pshat, et ne craignent jamais d'en inverser la signification.

Quoi qu'il en soit, ce qu'il faut comprendre ici, c'est que celui qui étudie la Torah recevra une aide sous la forme d'un soulagement (partiel ou total) du poids des contraintes matérielles, tandis que celui qui, ayant les capacités et le loisir d'étudier, néglige la Torah, celui-là subira la charge de la recherche d'une parnassa, et plus encore, rencontrera des obstacles de toutes sortes qui l'empêcheront d'étudier, tant qu'il n'aura pas fait téshouva.]

La Halakha précise d'ailleurs que les Talmidéi 'Hakhamim sont exemptés de toute taxation : « Un Talmid 'Hakham a le droit de dire : 'Je ne paierai pas de taxes, comme il est écrit (Ezra 7,24) : [Nous vous faisons savoir, en outre, qu'en ce qui concerne tous les prêtres, Lévites, chantres, portiers, serviteurs et employés de ce temple de Dieu,] il n'est pas permis de mettre à leur charge ni droits, ni impôts, ni péage.' » [Le verset précise le nom de ces impôts : minda (taxe foncière), belo (impôt par tête) et Halakh (taxe pour le financement des voyages royaux)] (Nedarim 62b et Baba Bathra 8a).

« Un jour, Rav Huna bar 'Hisda soumit les Rabbins à une taxe. Rav Na'hman bar Itz'haq lui dit : 'Tu as transgressé la Torah, les Prophètes et les Hagiographes ! Les Rabbins n'ont pas besoin de protection [humaine, que les taxes servent à financer]' » (Baba Bathra 8a).

Tout Talmid 'Hakham qui s'adonne entièrement chaque jour à l'étude de la Torah, pour accroître l'honneur du Ciel n'aura besoin d'aucune épée, d'aucune lance ni de rien de ce qui agit comme un protecteur, car c'est D.ieu Lui-même qui le protégera ! (Eliahou Rabba).

Si une personne se conduit convenablement [d'après le derekh eretz entendu ici dans le langage du Midrash comme comportement correct, convenable, ou peut-être aussi normalement, c'est-à-dire d'après les règles ordinaires de la vie sociale], et n'étudie que le 'Houmash [les cinq livres de Moïse], on lui donne un ange pour la protéger. S'il étudie toutes les parties du Tanakh [Torah, Néviim, Ketouvim - Torah, Prophètes, Hagiographes], on lui dépêche deux anges pour le protéger comme il est écrit (tehilim 91,11) : « כּי מלאכיו יצוה־לך לשׁמרך בּכל־דרכיך - Car Ses anges [au pluriel, c'est-à-dire au moins deux] ont l'ordre de veiller sur toi dans toutes tes voies ». Mais celui qui étudie Tanakh, Mishna, Midrash, Halakhot, Aggadot, et qui se met au service des Talmidéi 'Hakhamim, Hashem Lui-même le protège, comme il est écrit (tehilim 121,5) : « ה׳ שׁומרך - Hashem veillera sur toi ».

En fonction du niveau d'authentique acceptation du joug de la Torah sur lui-même, avec toutes ses ressources, on lui ôtera en proportion les soucis de ce monde, et une protection personnelle [d'origine] supérieure planera au dessus de lui.

C'est comme un fils qui améliore son comportement vis-à-vis de son père : celui-ci sera enclin à faire tout ce que son fils demandera.

C'est ce qu'enseignent nos Sages, dmb :

D.ieu satisfait tous les désirs de ceux qui étudient la Torah (Avoda Zara 19a ; Midrash Tehilim 1,17).

Il est écrit dans tout le Tanakh que les biens de ceux qui étudient la Torah prospèrent (Avoda Zara 19b).

Hashem, au moment propice, accomplit la volonté de celui qui enseigne la Torah en public (Midrash Mishlei 8,35).

Celui qui étudie la Torah voit ses besoins constamment satisfaits, sans peine ni effort d'aucune sorte, comme il est dit [dans le passage Eshet 'Haïl (la « femme vaillante ») des Proverbes - Mishlei 31,10-31] :

Tout le temps qu'un Talmid 'Hakham est occupé à l'étude de la Torah, Hashem lui fournit sa subsistance, comme il est dit : « Elle fournit la nourriture à toute sa maison ».

Béni soit le Maqom, béni soit-Il Qui a choisi les 'Hakhamim et leurs disciples. De même qu'ils siègent dans la prière et les maisons d'étude, et qu'ils ne manquent pas une occasion d'étudier et de réviser au [seul] Nom du Ciel, la crainte de D.ieu dans leurs cœurs, et les paroles de la Torah sur leurs lèvres, pour accomplir le verset : « Il est bon pour l'homme d'accepter le joug [de la Torah] dans sa jeunesse » (Eikha - Lamentations - 3,27), de même, quand ils demanderaient le monde entier, si l'on peut dire, Il le leur donnerait immédiatement ! (Eliahou Rabba Parasha 18).

Et plus encore que cela, si une personne accepte sur elle le joug de la Torah, elle fuira certainement les honneurs et les hautes fonctions, car sans cela, il est impossible d'étudier la Torah lishmah, et [une telle étude] ne sera pas du tout durable.

Comme le disent nos Sages dmb : « Ne cherche pas la grandeur pour toi-même et n'aspire pas aux honneurs » (Avot, 6,4) car il n'est pas permis à un homme de poursuivre ces [vanités].

Cependant, Hashem est grand dans le conseil, et il lui accordera le bonheur et la grandeur, contre son gré !

Ainsi qu'il est écrit : Béni soit le Maqom, béni soit-Il Qui a choisi les 'Hakhamim et leurs disciples. De même qu'ils siègent dans la prière et les maisons d'étude, et qu'ils ne manquent pas une occasion d'étudier et de réviser au [seul] Nom du Ciel, la crainte du Ciel dans leurs cœurs, et les paroles de la Torah sur leurs lèvres, et qu'ils acceptent sur eux avec joie le joug du Ciel, alors, haQadosh Baroukh Hou accorde aux Tsaddiqim un bonheur équivalent, si l'on peut dire, même contre leur gré, et [contre ce qu'ils perçoivent comme étant] leur intérêt.

C'est ainsi qu'il faut comprendre le verset : « אך וחסד ירדפוני כּל־ימי חיי - La bonté et le 'hessed me poursuivent tous les jours de ma vie. Cela veut dire que même si je les fuis, ils me poursuivront même contre mon gré !

Mis en ligne le 30 Nissan 5777, Rosh 'Hodesh Iyar, 15ème jour du 'Omer (26 avril 2017)

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