Note 13
La dynamique constante du « Yesh méYesh » et du « Yesh méAyin » et les quatre niveaux de mondes.
Pour la protection de nos soldats, pour le retour des prisonniers, pour la guérison des blessés et la consolation de toutes les familles endeuillées.
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la séquence descendante des quatre niveaux de mondes – Atsilout
Bériah Yétsirah et 'Assiah (1) – on aurait mieux compris que le verset (2) fasse référence en premier lieu à la Création (Bériah) et
ensuite seulement à la Formation (Yétsirah).
L'idée sous-tendue, c'est que "Yétsirah" a le sens de donner une forme à quelque chose qui existe déjà (Yesh méYesh), tandis que Bériah signifie créer une nouvelle existence à partir de rien (Yesh méAyin). Tous les commentateurs de la Torah, jusqu'au Zohar haQadosh (3), sont d'accord à ce sujet.
Le sens de ce verset, c'est donc qu'encore à présent, après la Création, Il nous apparaît comme formateur des montagnes par un processus de « Yesh méYesh » alors que le geste novateur de la création « Yesh méAyin » [nous semble avoir] déjà eu lieu au cours des six jours de la Création, mais en vérité, il en va de chaque instant comme il en a été [des six jours de la Création.] C'est-à-dire que HaQadosh Baroukh Hou les crée [les mondes] et les renouvelle [par un processus de] « Yesh méAyin », par le souffle de vie qu'il épanche constamment en eux selon Sa Volonté (4).
C'est également ce qu'enseignent Ḥazal : « Il est le Yotser, Il est le Boréh (5) », [dans le même ordre que] le verset cité.
« Mais sache et comprends de l'origine des choses (6) » ce qu'est le concept des quatre [niveaux] de mondes que sont Atsilout, Bériah, Yétsirah et 'Assiah. Car il est connu que que les mondes sont descendus progressivement de niveau en niveau, et qu'au cours de cette descente, ils devinrent de moins en moins raffinés et de plus en plus matériels. Ces niveaux sont groupés en quatre ensembles distincts qui correspondent à leur niveau (exception faite des lumières supérieures subtiles, qui sont trop raffinées pour être décrites comme appartenant à Atsilout.)
Le premier de ces quatre ensembles qui ont émané [du Créateur] et que nous soyons en mesure de nommer est appelé Atsilout.
Atsilout a deux significations. Le terme exprime d'abord une notion de connexion (חִבּוּר) comme dans « etslo – אֶצְלוֹ » (à côté de Lui), et en second lieu l'idée d'émanation spirituelle, comme il est écrit : «HaShem descendit dans une nuée et lui parla, et, détournant une part de l'esprit (wayatsel – וַיָּאצֶל) qui l'animait, la reporta sur ces soixante-dix (..) Anciens. (7) » Enfin, le terme est lié à "Atsiléi yada' – אַצִּילֵי יָדַי" (les aisselles, ou les articulations), qui sont à la fois constamment reliées au corps, mais aussi le point de départ de l'émanation des mains .(8)
En effet, le monde de Atsilout est entièrement divin, comme le dit le Zohar : « Lui et Ses Causes ne font qu'Un. (9) »
Voir le Ets Ḥayim : « Il est appelé ''Ayin'' [c'est-à-dire le non-physique] (10) parce qu'aucun intellect ne peut saisir l'essence de Atsilout et sa relation, car Lui, Sa Force vitale et Ses Causes ne sont qu'Un »
Le second monde [ensemble de niveaux] descend depuis le premier niveau, et sa propre existence y est perçue, quoique dans une très faible mesure, de sorte qu'il peut être appelé « Yesh » (littéralement « il y a », qui désigne quelque chose de physique.) C'est le « Yesh méAyin », et il est appelé Bériah, comme on l'a expliqué.
Le troisième monde [ensemble de niveaux] descend du second ensemble, et il est moins raffiné et plus matériel. Son existence est plus perceptible. Il est « Yesh méYesh » [c'est-à-dire une existence matérielle provenant d'une autre existence matérielle.] C'est pour cela qu'il est appelé Yétsirah (la formation), comme celui qui donne forme à une matière [déjà existante], c'est-à-dire « Yesh méYesh. »
Le quatrième monde [ensemble de niveaux] est l'achèvement de l'œuvre de tous les mondes qui le précèdent, et constitue leur réparation adéquate ultime, qui est l'intention divine pour toute Sa Création.
Ce niveau est le plus bas [le plus physique], et il est la résidence de l'homme, qui exerce son contrôle sur les mondes par la puissance de ses actions.
Comme Ḥazal l'ont enseigné : « ''Éloqim vit ce qu'Il avait fait, et voici que c'était éminemment bien'' éminemment bien (טוֹב מְאֹד), cela signifie l'homme était bien (11) »
Rabbi Shemouel Bar Ami a enseigné : Depuis le commencement de la Création de l'Univers, HaShem a voulu une association avec [le monde] d'en-bas (12).
De même, Rabbi Ami [a enseigné : HaQadosh Baroukh Hou a désiré que, de même qu'Il a un lieu de résidence dans les mondes supérieurs, Il en possède un dans le monde le plus bas (13).]
Ou encore [Rabbi Shemouel Bar Nahmani a enseigné : Lorsque HaQadosh Baroukh Hou a créé le monde, Il a voulu avoir un lieu de résidence dans le monde le plus inférieur (14).]
C'est pourquoi [ce niveau de monde] est appelé 'Assiyah (le monde de l'action), lié à la rectification de la matière, selon le langage du verset : « (Abraham) courut au troupeau, choisit un veau tendre et gras et le donna au serviteur, qui se hâta de l'accommoder (la'assot) (15). » Il y a beaucoup d'autres exemples (16).
De
même [Rabbi
Tanḥoum a enseigné] :
'Assiyah est une rectification de quelque chose, de sorte qu'elle
soit améliorée par comparaison avec son état antérieur, comme il
est dit (au sujet de David haMélekh) « et David fit
un nom (17). »
1 En hébreu : « אֲצִילוּת, בּרִאָה, יְצִירָה, עֲשִׂיָּה »
2 Amos 4,13 : « c'est Lui qui a formé (yotser) les montagnes et créé (boréh) le vent; c'est Lui qui raconte (oumaguid) à l'homme ce dont il a parlé. »
3 Zohar Ḥadash I Béréshit 29b : « Lorsque Éloqim a créé Son monde, Il les a créés [le texte passe au pluriel, pour désigner les mondes] à partir de rien [Ayin, littéralement « il n'y a pas »], et Il les a amenés à l'existence et leur a donné une forme concrète. Chaque fois que tu rencontres le verbe Boréh, c'est une référence à une création qui est venue à l'existence à partir de rien. »
4 Voir chapitre 2 du présent Portique.
5 Avot 4,22 : « שֶׁהוּא קֵל, הוּא הַיּוֹצֵר, הוּא הַבּוֹרֵא »
6 Citation stylistique de Daniel 9,25.
7 Bamidbar 11,25 : « וַיֵּרֶד ה׳ בֶּעָנָן, וַיְדַבֵּר אֵלָיו, וַיָּאצֶל מִן-הָרוּחַ אֲשֶׁר עָלָיו » Il s'agit de l'esprit prophétique de Moshé qui a été émané sur les Anciens d'Israël.
9 Introduction au Tiqounéi Zohar 3b, où « Ses Causes » sont identifiées aux Midot de Atsilout (qui sont les Sefirot, les instruments de la conduite de la Création divine). Voir III,4 pour une citation plus développée.
10 Le concept de « Ayin » sera développé en III,2.
11 Béréshit Rabba 8,5 qui cite Béréshit 1,31. Les mots « méod – מְאֹד » et « Adam – אָדָם » sont écrits avec les mêmes lettres, ce qui permet au Midrash d'en tirer une équivalence.
12 Béréshit Rabba 3,9.
13 Midrash Tanḥouma Béḥouqotaï 3.
14 Midrash Tanḥouma Nasso 16.
15 Béréshit – Genèse 18,7 où « לַעֲשׂוֹת » signifie préparer pour rendre possibles la consommation ou l'usage.
16 Rav Israël Salanter (1809-1883, fondateur de l'école contemporaine du Moussar) écrit dans son Even Israël : « Rabbi Ḥayim de Volozhyne explique le verset (Bér. 2,3 où l'on apprend que HaShem a interrompu l'œuvre de la Création le Shabbat) ''en ce jour Il se reposa de l'œuvre entière qu'il avait faite (לַעֲשׂוֹת).'' Le mot la'assot signifie selon lui ''rectifier'' comme dans ''Il se hâta de l'accommoder''. À partir de la Création, à toutes les époques, HaShem a confié à l'homme la tâche de ''faire'', et les clefs de l'agencement des mondes, de sorte qu'il les détruise, ḥas veShalom, ou au contraire qu'il les maintienne à l'existence, en fonction de ses actions. »
17 Zohar Hadash I Béréshit 29b, qui cite II Shemouel 8,13 : « Quand il revint de battre la Syrie, David se fit (וַיַּעַשׂ דָּוִד, שֵׁם) encore un nom en battant dix-huit mille hommes dans la vallée du Sel. »