4ème PORTIQUE - CHAPITRE UN
Pourquoi il faut mettre l'accent sur l'étude de la Torah.
(Pr Gross : « Un constat alarmant : authenticité et inauthenticité dans l'étude »)
En plus [de tout ce que j'ai déjà écrit], je voudrais consigner par écrit (Tehilim 40,8) et en détails la grandeur de l'obligation qu'a tout Juif de s'adonner à l'étude de la Torah, jour et nuit.
Je voudrais développer, avec un « langage [qui exprime la] grandeur » (Tehilim 12,4), la « précieuse beauté » (Ester 1,4) et la nature supérieure de la Torah, ainsi que de l'homme droit qui s'y consacre, et y revient [sans cesse], avec une « Torah de bonté sur la langue » (וְתוֹרַת חֶסֶד עַל לְשׁוֹנָהּ, Mishlei 31,26) et donne ainsi de la joie à son Créateur.
De même pour « l'homme pétri de connaissance qui se renforce » (וְאִישׁ-דַּעַת, מְאַמֶּץ-כֹּחַ, Mishlei 24,5) qui la soutient [la Torah], et « résout ses difficultés » (expression trouvée dans Mélakhim 12,6 qui signifie : colmater les brèches, - יְחַזְּקוּ אֶת-בֶּדֶק הַבַּיִת - le verset faisant allusion aux réparations du Temple).
Car une longue période de détérioration progressive dans l'étude de la Torah s'est écoulée en Israël.
À présent, après de nombreuses générations, à cause de l'abondance de nos fautes, l'étude a gravement décliné, au point de se trouver au niveau le plus bas, que D.ieu nous protège, comme nous le voyons aujourd'hui dans la majorité de notre peuple, à cause du fardeau de la recherche d'une subsistance, que D.ieu nous prenne en pitié.
En outre, beaucoup de ceux qui « recherchent la proximité de D.ieu » (קִרְבַת אֱלֹהִים יֶחְפָּצוּן Yeshayahou 58,2 ; allusion possible aux 'Hassidim) ont préféré consacrer l'essentiel de leur attention quotidienne en matière d'étude à des livres qui inspirent la crainte du Ciel, ou à des ouvrages de moussar (morale juive), au lieu de dédier leur effort principal à l'étude des Écritures Saintes et de leurs nombreuses lois.
Ils n'ont pas pu voir la lumière de la Torah, ni être touchés par elle.
D.ieu leur pardonnera certainement, car leur intention est pure.
Néanmoins, ce n'est pas ainsi que la lumière de la Torah pourra résider en eux.
En vérité, les ouvrages inspirant la crainte du Ciel sont tous « les voies droites de Hashem » (יְשָׁרִים דַּרְכֵי יְהוָה Hoshea 14,10). Car les premières générations étaient entièrement absorbées dans l'étude approfondie de notre sainte Torah, associée aux « tentes » de la Guemara, des Perushim et des Tossafot (גפּת״), et leurs cœurs s'enflammaient de l'amour de notre sainte Torah, dont la source est le pur amour et la pure crainte de D.ieu !
Ils brûlaient d'un désir ardent d'exalter l'honneur de Hashem, d'étendre Son influence en formant de nombreux disciples de valeur, pour « emplir le monde de la Connaissance [et de la Gloire de D.ieu] » (תִּמָּלֵא הָאָרֶץ, לָדַעַת אֶת-כְּבוֹד יְהוָה Habakuk 2,14).
Le caractère de l'inclination au mal a toujours été de jalouser ces « hommes de D.ieu », qui marchent dans Ses voies, et au cours du temps, elle a instillé un poison tel que certains étudiants se sont concentrés exclusivement sur l'analyse technique de la Torah, sans aucun autre centre d'intérêt [au point que leur étude devint stérile]. Or, nous avons appris que « là où il n'y a pas de crainte, il n'y a pas de Torah » (Avot 3,17), et bien d'autres enseignements de 'Hazal de la même veine, comme on le verra plus loin (Chap.4).
La vocation sainte de beaucoup de dirigeants, « les yeux de la Communauté » (v. Bamidbar 15,24) est de chercher sans cesse à corriger [le comportement de] nos frères, de la Maison d'Israël, en «redressant les chemins dévoyés» (Yeshayahou 45,2) et en « comblant les brèches » (Yeshayahou 58,12), pour ôter les obstacles sur la voie du peuple de D.ieu.
Ils ont donc pris l'initiative de formuler des avertissements, au sujet de la morale et des midot (traits de caractère), par le biais d'ouvrages inspirant la crainte du Ciel, dans le but de redresser le cœur du peuple, pour qu'il s'adonne à l'étude de la Torah par pure crainte de D.ieu.
Mais tout homme qui comprend (אִישׁ תְּבוּנוֹת Mishlei 11,12), dont l'intelligence marche avec droiture comprendra de lui-même que [ces Talmidei 'hakhamim] n'ont jamais eu pour intention, D. préserve, d'éloigner [le peuple] de l'étude de la Torah proprement dite [גפּת״ ], et de les inciter à se consacrer entièrement à ces ouvrages de moussar [qu'ils avaient écrits].
Leur objectif, au contraire, était que le peuple saint s'adonnât essentiellement à la seule sainte Torah, écrite et orale, ainsi qu'à la halakha, qui forment le corps de la Torah, mais qu'il consacrât [un peu de temps aussi à cultiver] la pure crainte de D.ieu.
Aujourd'hui, dans nos générations, à cause de nos nombreuses fautes, cet objectif «a été renversé» (Ester 9,1) et « ce qui est élevé à été abaissé » (הַשָּׁפָלָה הַגְבֵּהַּ Ye'hezqel 21,31).
Ils sont nombreux, ceux qui se concentrent exclusivement sur les ouvrages de moussar et de crainte de D.ieu, et qui prétendent que le but ultime de la vie d'un homme dans ce monde est de s'y consacrer, pour inspirer le cœur, en sorte qu'il s'humilie, soumettant et brisant son penchant au mal, et qu'il accède à la droiture et au bonnes midot.
Et « la couronne de la Torah est rangée dans un coin » !
De mes propres yeux, j'ai vu un tel phénomène si répandu dans une certaine région que dans les maisons d'étude, ils ne possédaient que des livres de moussar, et pas même un édition complète du Talmud ! « Leurs yeux étaient incapables de voir et leurs cœurs de comprendre » (כִּי טַח מֵרְאוֹת עֵינֵיהֶם, מֵהַשְׂכִּיל לִבֹּתָם Yeshayahou 44,18) que ce n'est pas la voie choisie par D.ieu, et qu'[une telle manière d'étudier] n'est pas acceptable.
Et ce n'est qu'une question de temps avant qu'ils ne se trouvent, D. préserve, « sans un maître pour leur enseigner » ! Qu'adviendra dès lors de la Torah ?
Qui mettra un frein à leurs paroles, pour faire savoir aux tribus d'Israël, à « ceux qui craignent Hashem et vénèrent Son Nom » (יִרְאֵי יְהוָה, וּלְחֹשְׁבֵי שְׁמוֹ Malakhi 3,16), la manière de marcher dans la lumière de la Torah ?
« Malheur à nous au jour du jugement, malheur à nous au jour de la remontrance ! » (Ber. Rabba) sur la faute d'avoir négligé l'étude de la Torah (על עון בּטולה שׁל תורה), car Hashem est jaloux à son égard, et il demandera compte de l'affront [fait à la Torah] !
Je vais commencer par centrer mon commentaire sur la notion de l'étude de la Torah pour elle-même (לשׁמה - de manière désintéressée), pour en expliquer le véritable sens.
C'est en effet une cause de chute, certains s'abstenant d'étudier la sainte Torah sur le fondement que « lishmah » signifie « avec une ferveur et une intention constantes ».
Pire que cela, ils considèrent que l'étude de la Torah sans cette ferveur est absolument sans valeur, D. préserve. Dès lors, voyant que leur cœur n'accède pas à ce niveau d'intention parfaite, ils renoncent à commencer même la moindre étude, et « La Torah est ainsi affaiblie » (עַל-כֵּן תָּפוּג תּוֹרָה Hab. 1,4), D. nous en préserve.
En examinant les détails [de ces notions] on donnera, avec l'aide de D.ieu, une explication de ce qu'est la vertu de notre sainte Torah et celle de l'homme qui l'étudie comme il convient.
Il faudra donc rapporter quelques enseignements de 'Hazal, tirés du Talmud, du Midrash, du Zohar haKadosh, qui décrivent les extraordinaires qualités de la Torah et de celui qui l'étudie, ainsi que les récompenses associées à l'étude, et les sanctions pour l'avoir négligée, que D.ieu nous en préserve.
Bien que ces enseignements soient bien connus et largement
diffusés, je les ai tout de même
rassemblés, pour enthousiasmer les cœurs de ceux qui recherchent la ferveur et
l'amour de la Torah de D., et pour [les faire] reposer dans son ombre surnaturelle et merveilleuse.
Mis en ligne le 17 Elloul 5776 (20 septembre 2016)
Chapitre suivant