Chapitre 5 : Le Juif est un être hybride, inférieur autant que divin

Pour la guérison de nos proches, Isaac ben Louise, Lionel ben Lucienne,

Raphaël-Avrahahm ben Rivqa, Yonah-Rivqa bat Sarah et de tous les malades en Israël.

Pour l'élévation de l'âme de Sammy Shemouel Ghozlan ז״ל

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Il a surgi de la Volonté divine que l'homme du monde inférieur (1) soit conçu [de telle manière que] les mondes supérieurs sont sous son contrôle.

Le Zohar haQadosh et les œuvres du Arizal (2) qui évoquent la séquence hiérarchique descendante et l'interrelation entre les mondes nous ont appris que les détails, l'organisation et le comportement de chaque monde inférieur dépend entièrement des caractéristiques du pouvoir du monde qui leur est [immédiatement] supérieur, de sorte que le [monde du dessus] contrôle [le monde du dessous] à la manière dont l'âme contrôle le corps.

De la même façon [tous les niveaux des mondes sont connectés] dans cette séquence de niveaux successifs, jusqu'à ce qu'ils soient finalement reliés à HaShem Yitbarakh, qui est l'âme de tous. Comme il est écrit :

« Chacun des mondes supérieurs et inférieurs, depuis le point originel supérieur et secret, jusqu'au plus bas de tous les niveaux, chacun d'entre eux contient le niveau suivant, chaque [niveau] étant contenu dans le précédent. (3) »

« Toutes les lumières interconnectées l'une avec l'autre et s'illuminent réciproquement […] Il est fait référence à la lumière révélée en tant qu'elle est le vêtement du Roi, et la lumière intérieure [est dissimulée] (4). »

Ce concept est notamment expliqué [par R. Ḥaïm Vital] : chaque Partsouf et chaque monde se déploie et se revêt du Partsouf et du monde situé en dessous de lui, et devient son essence intérieure et son âme. (5)

Tous les mondes sont assemblés en quatre classes [générales], qui sont [en ordre ascendant] : Ophanim, Ḥayot, Khissé Kévodo (Trône de Gloire), Atsilout. (6)

L'âme de chaque classe de mondes est la classe qui lui est supérieure, comme il est écrit :

« Et quand les Ḥayot marchaient, les roues avançaient aussi avec elles, et quand les Ḥayot s'élevaient de terre, les roues s'élevaient aussi. Où l'esprit voulait aller, elles allaient, et les roues s'élevaient dans le même sens qu'elles, car l'esprit de la Ḥaya était dans les roues. Avec elles elles marchaient, avec elles elles s'arrêtaient; quand elles s'élevaient de terre, les roues s'élevaient comme elles; car l'esprit de la Ḥaya était dans les roues. » (7)

Le comportement des Ḥayot correspond au Monde du Trône de Gloire au-dessus d'elles, ainsi que nos Sages l'ont écrit : « Le Trône de Gloire porte ceux qui le portent » (8)

Comme l'écrit le Zohar : « les Ḥayot portent ceux qui les portent (…) le Trône de Gloire porte les Ḥayot. » (9)

L'âme vivante du Trône de Gloire, c'est le secret de la racine supérieure de l'assemblée des âmes d'Israël, qui est beaucoup plus élevée que le niveau du Trône lui-même. C'est l'homme qui siège sur le Trône comme il est écrit : « sur cette forme de trône une forme ayant apparence [démout] humaine par-dessus. (10)» (11)

C'est ce qui explique le commentaire du Zohar sur le verset : « Tu me serres de près derrière et devant, et Tu poses sur moi Ta main. » (12), où « derrière » fait référence à l'acte de Création (Ma'assé Véréshit) [c'est-à-dire le dernier dans le processus de Création], et « devant » fait référence à l'œuvre du Char (Ma'assé Merkava).

Du point de vue du corps [physique de l'homme], c'est « derrière » [c'est-à-dire le dernier dans la séquence du] processus de création, [et au niveau le plus bas dans la hiérarchie.]

Et du point de vue de la racine supérieure de l'âme vivante de l'homme, c'est « devant » [c'est-à-dire le point de départ précédent] l'œuvre du Char et le monde du Trône de gloire.

En outre, l'âme vivante de l'homme est le secret de la respiration (נְשִׁימַת פִּיו) de HaShem, si l'on peut dire, comme on l'expliquera, avec l'aide de D., au chapitre 15 du présent Portique.

Par conséquent, les mondes sont contrôlés par les actions de l'homme, qui selon ses inclinations [bonnes ou mauvaises] invoque la racine de son âme supérieure qui est au dessus d'eux (des mondes) et qui est l'âme qui les anime. Lorsqu'il agit, ils agissent, et lorsqu'il s'arrête, ils s'arrêtent.

C'est le sens de ce qui est dit : lorsqu'une âme vivante fut insufflée dans ses narines, plus élevée que les mondes dans leur essence même. Le résultat fut que « l'homme devint une âme vivante », âme de tous les mondes.

C'est également ce qu'a écrit Rabbi Ḥayim Vital, à savoir que l'âme humaine est l'essence de toute chose (13).












1 L'expression utilisée ici, האדם התחתון, fait référence à l'homme qui évolue dans le monde physique. On notera qu'une autre expression, « האדם העליון – l'homme supérieur » désigne HaShem Lui-même (v. premier Portique, 16 et second Portique, 12.) L'utilisation de ces expressions correspond d'une part à la parenté entre « Adam » (l'homme) et « dimouï » (ressemblance), et d'autre part à l'idée que l'homme est à l'image de Éloqim.

2 Ce qu'on appelle « œuvres du Arizal » (Rabbi Yitsḥaq Louria, 1534-1572) ne sont pas de sa propre plume, mais ont été recueillies par ses disciples. Le plus illustre d'entre eux, Rabbi Ḥaïm Vital (1542-1620), en fut également le principal rédacteur, et lorsqu'on fait référence aux œuvres du Arizal, c'est généralement de son travail qu'il est question. Néanmoins, au chapitre 10 du 4ème Portique, Rabbi Ḥaïm développera certaines idées qui ne sont apparues que dans l'œuvre d'un autre disciple du Ari, Rabbi Israël Saroug (XVIè siècle, mort au premier tiers du XVIIè siècle.)

3 Zohar I Béréshit 19b.

4 Zohar Idra Zouta III Haazinou 291b.



5 Rabbi Ḥayim fait ici référence au 'Ets Ḥayim, Portique 40, Shaar Pnimiyout véḤitsoniyout, et au Peri 'Ets Ḥayim, Shaar haShabbat, chapitres 7,8 et 24. Le terme Partsouf (פּרצוף) désigne l'aspect extérieur ou composite de la Séfira. La Sefira est comparable à une particule subatomique, tandis que le Partsouf correspond à une molécule.

6 Ces quatre niveaux correspondent au vocabulaire utilisé par Yéḥezqel pour décrire la Merkava. Ils sont synonymes (en ordre ascendant de proximité avec HaShem) de Ophanim-Assiy'a, Ḥayot-Yétsira, Khissé Kévodo-Béri'a, Atsilout. Les quatres mondes feront l'objet d'une explication plus détaillée au chapitre 13 du présent Portique.

7 Yéḥezqel – Ézéchiel 1,19-21.

8 Sotah 35a (sur Shemot 32,19) où on explique que l'Arche « portait ses porteurs », idée étendue au Trône divin.

9 Zohar Ḥadash I Yithro 66b.




10 Yéḥezqel – Ézéchiel 1,26.

11 Rabbi Ḥayim introduit ici la note 5, reproduite à la fin du chapitre.

12 Téhillim – Psaumes 139,5 : « אָחוֹר וָקֶדֶם צַרְתָּנִי; וַתָּשֶׁת עָלַי כַּפֶּכָה »














13 Le Juif est donc cet être unique, hybride, relié simultanément à la source et à l'achèvement de toute la Création. C'est ce qui lui donne le pouvoir de contrôle, bien qu'il n'ait d'existence apparente que dans le monde le plus inférieur.

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