1.11
L'homme est à l'origine du processus qui permet aux anges de sanctifier HaShem
Pour la protection de nos soldats, pour le retour des prisonniers, pour la guérison des blessés et la consolation de toutes les familles endeuillées.
C'est la raison pour laquelle les anges, qui sanctifient [HaShem] dans les Cieux les plus élevés attendent avant de réciter leur triple sanctification (trisagion) (1) que nous [Israël] ayons récité la triple sanctification dans le monde le plus bas (2), bien que leur sanctification soit supérieure à la nôtre.
Ce n'est pas qu'ils cherchent à honorer Israël, mais c'est parce qu'ils n'ont absolument aucune possibilité propre d'ouvrir la bouche pour sanctifier leur Créateur, avant que le son de la sanctification d'Israël monte vers eux depuis le monde le plus bas.
La récitation de la sanctification élève et relie les mondes, chaque monde avec le monde qui est au-dessus de lui, pour accroître leur Sainteté, et raffiner leur lumière, comme l'enseigne le Zohar : « Et ces [anges] sur la droite chantent la louange et élèvent la volonté en disant : ''Saint...'', et ceux qui sont à gauche chantent la louange et élèvent la volonté en disant : ''Béni...'', et ils s'associent dans la Sainteté avec tous ceux qui savent la manière de sanctifier leur Maître dans l'unité. Tous sont intégrés l'un à l'autre dans une unité singulière, et attachés l'un à l'autre jusqu'à ne former qu'un seul nœud et un seul esprit, et ils sont reliés à ceux qui sont au-dessus [d'eux], tous étant incorporés les uns aux autres. (3) »
Le Pri Ets Ḥayim explique que l'objectif de la récitation de la sanctification est d'élever et de relier les mondes supérieurs, et d'accroître ainsi leur Sainteté et leur niveau de lumière supérieure (4) (de là peut-être vient la coutume de s'élever au moment de réciter la Qédousha.)
C'est un processus qu'aucun ange ni Séraf (5) n'est capable d'initier, comme on l'a expliqué plus haut. Par conséquent, aucun [ange] ne peut ouvrir la bouche avant que le souffle de la récitation de la sanctification ne soit monté d'Israël, la communauté de ce monde inférieur.
C'est pour cela que, si Israël, dans le monde entier, restait silencieux et s'abstenait de réciter la sanctification, ḥas veShalom, il arriverait que [les anges] devraient également se taire et seraient empêchés de réciter leur sanctification.
Comme l'écrit le Zohar (6) : « [Et j'entendais le bruit de leurs ailes, pareil, quand ils s'avançaient, au murmure d'eaux puissantes, à la voix du Tout-Puissant ; un bruit tumultueux comme celui d'un campement:] quand Israël s'arrêtait, leurs ailes pendaient immobiles (7). » Ce qui signifie que lorsqu'Israël s'arrête et fait silence dans le monde inférieur, les ailes des anges s'immobilisent [et sont affaiblies], car la récitation de la sanctification de l'ange implique ses ailes. Comme l'ont enseigné Ḥazal : « Le verset dit : [quand Israël s'arrêtait, leurs ailes pendaient immobiles]... Lesquelles [de leurs ailes] étaient affaiblies ? Rav Ḥananel dit au nom de Rav : celles avec lesquelles ils chantent la louange. (8) »
[Cet affaiblissement des ailes est également décrit] dans le Zohar, bien que là-bas les ailes soient comprises comme une expression de rassemblement (9).
Par conséquent, parmi les nombreuses légions d'anges, il existe de nombreux groupes : un groupe dit : « Qadosh ! (saint) », et ce sont les Sérafim, ainsi que l'enseigne Hékhalot haZohar : comme il est écrit « Les Sérafim se tenaient debout, à Son Service (…) s'appelant l'un l'autre en disant : ''Qadosh (saint) !'' (10) ».
Le second groupe, face au premier louent le Créateur et disent : « Baroukh kévode HaShem miméqomo (Bénie soit la Gloire de HaShem depuis son Lieu)... » et ce sont les Ofanim et les Ḥayot.
Comme l'ont enseigné Ḥazal : ce sont les Ofanim qui disent « Baroukh... » (11)
C'est ainsi que les hommes de la Grande Assemblée ont agencé les prières et [notamment] celle [de la bénédiction] du Yotser Or (12), de sorte que chaque groupe d'anges sanctifie HaShem d'après la source de leur racine dans les mondes (13).
Néanmoins, Israël, l'assemblée de ce monde [physique,] récite les deux formules, c'est-à-dire « Qadosh... » et « Baroukh... », car [les Bnei Israël] sont constitués de toutes les sources de toutes les racines.
C'est également l'idée qui sous-tend la récitation du Péreq Shirah, comme l'enseignent Ḥazal : « Ceux qui récitent chaque jour le Péreq Shirah [sont assurés d'une place dans le Monde à venir.]14 »
Par cette récitation, l'homme incorpore toutes les forces de toute chose [créée], il donne aux anges [qui sont préposés] à toutes ces créatures le pouvoir de leur faire réciter ces chants. Ils attirent ainsi [un épanchement] de vie à tous les mondes inférieurs (15).
1 Dans la Qédousha récitée au moment de la ḥazara (répétition) de la 'Amida, dont le texte vient de Yéshayahou – Isaïe 6,3. : « וְקָרָא זֶה אֶל-זֶה וְאָמַר, קָדוֹשׁ קָדוֹשׁ קָדוֹשׁ ה׳ צְבָאקוֹת; מְלֹא כָל-הָאָרֶץ, כְּבוֹדוֹ – S'adressant l'un à l'autre, ils [les anges de la vision du prophète] s'écriaient: "Saint, saint, saint est HaShem-Tsévaqot ! Toute la terre est pleine de Sa Gloire!" »
2 Voir plus haut 1,6 et Note 6.
3 Zohar II Péqoudéi 247b où la sanctification d'Israël est décrite, en tant qu'elle permet celle des anges.
4 Pri Ets Ḥayim, Sha'ar Ḥazarat ha'Amidah(répétition de la 'Amidah), chapitre 3.
5 Une catégorie de créatures célestes, dont il sera question un peu plus loin.
6 Zohar III Balaq 190b : « Mais ils [les anges] n'ont pas reçu [la permission de réciter] : ''Saint... » si ce n'est à l'unisson d'Israël, car ils ne récitent pas la Qédousha sinon avec Israël. Et si tu demandes : le verset ne dit-il pas ''S'adressant l'un à l'autre, ils s'écriaient : Saint...'' (Yéshayahou – Isaïe 6,3) ? Quand [cela se produit-il ?] Au moment ou Israël sanctifie dans ce monde inférieur, et tant qu'Israël n'a pas sanctifié dans ce monde inférieur, ils ne peuvent pas sanctifier. »
7 Yéḥezqel – Ézéchiel 1,24-25.
8 Ḥaguiga 13b.
9 Zohar Ḥadash I Béréshit 21b, où le terme ailes (כַּנְפֵיהֶם) et rassemblement (כַּנוּפְיָא) sont apparentés et interprétés comme ayant une signification commune.
10 Yéshayahou – Isaïe 6,3 : « שְׂרָפִים עֹמְדִים מִמַּעַל לוֹ, שֵׁשׁ כְּנָפַיִם שֵׁשׁ כְּנָפַיִם לְאֶחָד: בִּשְׁתַּיִם יְכַסֶּה פָנָיו, וּבִשְׁתַּיִם יְכַסֶּה רַגְלָיו-וּבִשְׁתַּיִם יְעוֹפֵף. »
11 Ḥoulin 91b-92a : « Comme l'a dit Rav Ḥananel au nom de Rav : trois groupes d'anges du Service récitent chaque jour un chant tiré du verset [Yéshayahou 6,3] « Qadosh Qadosh Qadosh HaShem... » ; un groupe dit : « Qadosh » et un autre groupe « Qadosh HaShem Tsévaqot ; toute la terre est emplie de Sa Gloire ! » (…) Ce sont les Ofanim qui disent le verset : « Baroukh kévode HaShem miméqomo (Bénie soit la Gloire de HaShem depuis son Lieu) » car le verset suivant mentionne « la voix des Ofanim » (Yéḥezqel 6,13). » Notez que le Rabbinat traduit « קוֹל הָאוֹפַנִּים » par « le bruit des roues », qui est le sens premier du terme ofanim.
12 Cette bénédiction, qui précède la récitation du Shéma' Israël dans la prière du matin, commence par : « בָּרוּךְ אַתָה ה׳ אֱלֹקֵינוּ מֶלֶךְ הָעוֹלָם יוֹצֵר אוֹר וּבוֹרֵא חֹשֶׁךְ » (Sois Béni HaShem notre Éloqim Roi du Monde qui a formé – Yotser – la lumière et créé l'obscurité), d'où son nom de « Yotser ».
13 En 3,6, Rabbi Ḥayim reviendra en détails sur les différents groupes d'anges qui récitent la Qédousha et leurs perspectives particulières.
14 Éliyahou Rabba 1,14. Le Péreq Shirah est un texte court, ancien, de style midrashique, dont l'origine n'est pas connue, mais auquel nos Sages accordent une grande importance. Il décrit le chant (Shirah) des quatre-vingt cinq composantes de la Création (v. note suivante).
15 Liqoutéi Torah, Waètḥanane : « Quelle est l'idée qui sous-tend l'exigence de réciter chaque jour le Péreq Shirah ? Sache que toutes les créatures dans le monde ont un ange qui leur est préposé. C'est le secret [de ce Midrash qui dit :] « Il n'est pas un brin d'herbe en ce monde qui n'ait un Mazal (une constellation, ou un ange) pour le frapper et lui dire : pousse ! » (Béréshit Rabba 10,6 citant Iyov 38,33) C'est par l'intermédiaire de cet ange que l'épanchement et la force vitale descendent sur cette créature, et cet ange ne peut agir dans les mondes inférieurs que lorsqu'elle récite le chant [qui lui est propre]. C'est par ce chant que l'ange reçoit la force vitale, et la ressource qu'il pourra répandre sur les mondes inférieurs. C'est pourquoi ces chants viennent des anges et des mazalot, chacun selon son espèce. Mais quant à ce qui est écrit au sujet du Péreq Shirah, à savoir que tout celui qui le récite chaque jour recevra de nombreux bienfaits, cela tient à ce que tu sais déjà, c'est-à-dire qu'« Il a créé l'homme à l'image de Éloqim », et de même tous les mondes dépendent du Shi'our Qoma de HaShem, de même toutes les créatures des mondes inférieurs sont arrimées au Shi'our Qoma de l'homme des mondes inférieurs, et elles sont bénies par lui. Par conséquent, celui qui récite quotidiennement [ce chant] et sait comment se concentrer sur la manière dont le texte fait allusion aux créatures, [celui-là] fait descendre un épanchement sur toutes les créatures qui dépendent de lui, et sa récompense est grande. (une idée semblable est développée dans le Ḥessed léAvraham, œuvre de Rabbi Avraham Azoulay, le grand-père du Ḥida.)