2.6

La Torah, les Mitsvot et les prières sont pour les mondes ce que nourriture et boisson sont pour le corps.

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Nourriture et boisson sont nécessaires au maintien de l'âme dans un corps, puisque sans elles [l'âme] serait séparée du corps. De même, c'est par la connexion entre l'Essence divine et les mondes, qui est le secret du « Grand Homme (1) », que pour établir et maintenir [les mondes à l'existence], sans qu'ils rejettent Son Âme, Il a décrété que cette connexion dépendrait de l'étude de la Torah, de l'accomplissement des Mitsvot et du Service de la prière du peuple juif. Sans cela, Il retirerait d'eux Son Essence, et [les mondes] retourneraient immédiatement à leur état de néant (2) [antérieur à la Création].

C'est pourquoi Ḥazal ont enseigné : Que signifie le verset : « comme aux quatre vents du ciel, Je vous ai dispersés, dit HaShem. » ? De même que le monde ne saurait subsister sans les vents (3), de même le monde ne pourrait exister sans Israël (4).

Autre enseignement : « Mon âme, bénis HaShem ! Allélouqa ! » Qu'avait le Roi David à l'esprit lorsqu'il louait HaShem avec son âme ? [le Midrash propose ici plusieurs comparaisons entre la relation de l'âme et du corps d'une part et la connexion de HaShem avec les mondes d'autre part, dont la suivante :] cette âme ne mange pas au sein du corps, de même HaShem ne « mange » pas [ainsi l'âme qui ne mange pas doit venir louer HaShem qui ne « mange »pas] (5).

Dans le même esprit, Ḥazal enseignent : De même que l'âme ne mange ni ne boit, de même HaShem ne mange ni ne boit (6).

En faisant référence à la nourriture et à la boisson, placés au-dessus d'autres plaisirs [mondains], nos Sages développent l'idée dont il vient d'être question, à savoir que bien que l'âme elle-même ne mange ni ne boive, la connexion, l'union du corps et de l'âme pour la durée fixée à la vie de l'homme dépendent de la consommation de nourriture et de boisson.

De la même manière, L'Essence Unifiée de HaShem (7) n'est absolument pas affectée, ḥas veShalom, par l'accomplissement des Mitsvot, l'étude de la Torah ou le service (la prière), et cela n'a aucun effet sur Lui d'aucune sorte comme il est écrit : « les actions humaines, qu'elles soient bonnes ou mauvaises, n'ont aucun impact d'aucune sorte sur l'Essence de HaShem, ḥas veShalom (8) »

Cependant, HaShem a décrété que Sa connexion avec les mondes, qui est agencée selon les détails de la structure de l'homme y compris les organes et les processus digestifs, dépend des bonnes actions de Son peuple saint, qui sont la nourriture et la boisson des mondes (9). (10) C'est ce qui fait qu'ils se maintiennent à l'existence et reçoivent force, Sainteté et lumière, par le biais d'une bonne connexion avec HaShem, selon Sa Volonté.

Tout est donc dépendant du niveau de l'action du peuple choisi, qui répare et unifie les mondes, leur permettant de recevoir un épanchement de lumière et de Sainteté supplémentaire de la part de HaShem (11), comme la nourriture donne des forces et raffine le corps.

C'est l'idée développée par Ḥazal, lorsqu'ils expliquent le verset : « Venez, mangez de mon pain (ma nourriture) (12) » [qui se rapporte à ceux qui étudient la Torah], littéralement Ma nourriture, comme pour décrire la nourriture de HaShem, comme il est dit : « Prépare la table pour ton Maître (13) », « tu y mangeras »... ce dur rocher (14) [car il n'y a aucun profit ni rien à espérer si ce n'est de la Torah de ce Tsaddiq] qui soutient, si l'on peut dire [ce monde, plus efficacement que que tous les sacrifices]... C'est pourquoi il est écrit : « Tu en mangeras », puisqu'il n'est pas de subsistance dans ce monde sinon de [ce Talmid Ḥakham.] Vois ce qui est écrit là-bas (15).

Comme le Maggid l'enseigna au Beit Yossef (16) au sujet de la Manne, toute créature a besoin de nourriture [chacune selon son niveau]. Même les Sefirot qui sont des émanations [directes du Créateur] ont besoin de « nourriture », si l'on peut dire. La nourriture des Sefirot, c'est la Torah et son étude, ainsi que les bonnes actions accomplies dans le monde d'en-bas (17).

« Israël est saint pour HaShem, les prémices de Sa récolte (18) » : Israël est appelé l'arbre grand et fort qui contient en lui la nourriture pour tous. Il a en lui la Torah qui est une nourriture pour [les mondes d']en-Haut. Il a la prière, qui est nourriture pour ici-bas. Même les anges n'ont pas de nourriture si ce n'est du fait d'Israël, car si Israël ne s'adonne pas à l'étude de la Torah, aucune nourriture ne descendra pour eux de la Torah, qui est comparée à un arbre comme il est écrit : « C'est un arbre de vie [pour ceux qui s'y attachent] (19) » et à ses fruits, qui sont les Mitsvot (20).

Rabbi Moshé Cordovero a fait allusion à cela dans son Sefer Eilima (21), et ses paroles ont été reproduites dans le Sefer Shomer Émounim. Voyez ce qui est écrit là-bas (22).

Voyez également le Tolaat Ya'aqov, et le début de son livre « Derekh Émounah (23) »

1 L'image du « Grand Homme (הָאָדָם הַגָדוֹל) » illustre l'idée du Shi'our Qoma, développée dans les chapitres précédents, où la structure et l'interaction de l'homme physique sont construites sur le modèle du « Grand Homme », c'est-à-dire HaShem.

2 Voir P3C2 pour approfondir la notion de Ayin (אַיִן), traduite ici, faute d'un meilleur vocable, par « néant ».

3 Rabbi Ḥayim introduit ici la note 24 reproduite en fin de chapitre et intitulée : « Le monde a besoin des quatre éléments/vents/directions/anges. »

4 Ta'anit 3b qui cite Zékhariah – Zacharie 2,10 : « כִּי כְּאַרְבַּע רוּחוֹת הַשָּׁמַיִם, פֵּרַשְׂתִּי אֶתְכֶם-נְאֻם-ה׳»

5 Wayiqra Rabba, Wayiqra 4,7-8, qui cite Téhillim – Psaumes 104,35 : « בָּרְכִי נַפְשִׁי, אֶת-ה׳;הַלְלוּ-קִ»

6 Midrash Téhillim 103,4.

7 En hébreu : « אָדוֹן יָחִד אֵין סוֹף בָּרוּךְ הוּא » littéralement : « Maître unique sans fin béni soit-Il. »

8 Au chapitre 4 du présent Portique.

9 Rabbi Ḥayim introduit ici la note 25 reproduite en fin de chapitre et intitulée : « Les bonnes actions sont la nourriture de l'âme humaine. »

10 Rabbi Ḥayim introduit ici la note 26 reproduite en fin de chapitre et intitulée : « L'âme n'est pas rassasiée par un régime léger d'étude de Torah et de bonnes actions »

11 Rabbi Ḥayim introduit ici la note 27 reproduite en fin de chapitre et intitulée : « La qualité de la nourriture de l'homme correspond à la qualité de ses actions dans les mondes »

12 Ḥaguiga 14a qui cite Mishléi – Proverbes 9,5. Rabbi Ḥayim renvoie le lecteur au Zohar, Raya Méhemna III Tsav 33b : « Car avec cela les saints fils [qui étudient la Torah] préparent la nourriture des offrandes du Roi avec toutes sortes de nourritures, du pain de la Torah dont il est dit : venez, mangez de ma nourriture... »
Zohar, Raya Méhemna III Ékev 271b :
« … Préparez du pain pour votre Maître – pour Lui et pour la noble Dame [c'est-à-dire l'attribut de Malkhout, la Royauté, qui est féminin, du fait de sa disposition à recevoir], et [préparez] toutes sortes de mets délicats propres à le faire exister ''c'est la table [dressée] devant HaShem'' (Yéḥezqel 41,22), et tous tireront profit du pain du Roi, comme il est écrit : ''venez partager Ma nourriture [et boire le vin que J'ai servi]'' – c'est le pain de la Torah écrite et le vin de la Torah orale. »

13 Zohar, Raya Méhemna III Ékev 271b.

14 Référence à la source des âmes de la collectivité d'Israël, dont sont sculptées toutes ces âmes, comme à partir d'une pierre (voir P4 C34).

15 Zohar III Balaq 202a citant Dévarim 20,19, qui enseigne l'interdiction d'abattre les arbres fruitiers lors du siège d'une ville. L'homme est ici comparé à un arbre du champ « כִּי הָאָדָם עֵץ הַשָּׂדֶה », que Ḥazal comprennent comme la référence à un Talmid Ḥakham (Ta'anit 7a). Rabbi Ḥayim renvoie aussi au Zohar Raya Méhemna III Behar 110a : « Bien que les sacrifices soient entièrement pour HaShem, Il les prend et en fait des parts pour ceux qui Le servent, […] et les Talmidéi Ḥakhamim dont les paroles sont comme la consommation des reliquats des sacrifices de Minḥa. »
Zohar Raya Méhemna III Pinhas 224b :
« Bien que tous les sacrifices doivent être amenés devant Lui, Il partage entre ceux qui Le servent : nourriture des sacrifices parmi ceux qui en sont dignes, pour les intelligences, nourritures de Torah, vin et eau de Torah. »
Zohar Raya Méhemna III Pinhas 225b :
« ''Aie confiance en HaShem et agis bien; ainsi tu habiteras le pays en cultivant [en te nourrissant de] la loyauté.'' (Téhillim 37,3) Aie confiance en HaShem, comme il convient, et agis bien pour réparer l'Alliance sainte selon la nécessité, et garde la comme il le faut. Si tu agis ainsi, tu résideras dans le pays qui te nourrira et te sustentera selon la foi supérieure. »

16 Rabbi Yossef Karo ztsl (1488-1575), appelé du nom de son œuvre halakhique « le Beit Yossef » est une des rares personnes à avoir reçu la visite d'un ange, d'un « Maggid » qui lui révéla nombre de secrets de la Kabbala. Une partie des enseignements délivrés à Rabbi Yossef Karo figurent dans un ouvrage appelé Maggid Meisharim ( מגיד מישרים) - « le Prédicateur de droiture. »

17 Maggid Meisharim, Béshallaḥ (voir note précédente) qui commente le verset : « לֶחֶם אַבִּירִים, אָכַל אִישׁ – Tous eurent à manger de ce pain de délices (la Manne). » (Téhillim 78,25)

18 Yirmiyahou – Jérémie 2,3 : « קֹדֶשׁ יִשְׂרָאֵל לַה׳, רֵאשִׁית תְּבוּאָתֹה » (voir Rashi sur Béreshit 1,1.)

19 Mishléi – Proverbes 3,18 : « עֵץ-חַיִּים הִיא, לַמַּחֲזִיקִים בָּהּ ».

20 Zohar Raya Méhemna II Mishpatim 121a.

21 Un ouvrage appelé « Eilima Rabbati ».

22 Le Sefer Shomer Émounim, dont l'auteur est Rabbi Yossef Ben Immanouel Irgess, rapporte deux échanges entre deux Sages imaginaires, Shaltiel (littéralement celui qui questionne au sujet de D.ieu) qui représente le point de vue des talmudistes, et Yéhoyada (dont le nom signifie celui qui connaît HaShem, et par conséquent les réponses), qui représente les Kabbalistes. Le débat reproduit ici figure dans les sections 74 et 75 de la deuxième partie.
Shaltiel : « Que Tes paroles sont douces à mon palais ! Le miel l'est moins à ma bouche. » (Téhillim 119,103) Tu as prouvé que, bien qu'il y ait un changement de comportement du fait de notre prière et de notre pratique des Mitsvot, ces changements n'ont lieu que dans les instruments que sont les Séfirot. Cependant, le Eyn Sof ne sera ni modifié ni affecté d'aucune manière, et l'on doit se concentrer de tout son cœur dans sa direction lorsqu'on prononce chacun de Ses Noms, en tant qu'ils sont la force qui contrôle un Nom ou une Mida spécifiques. Néanmoins, il me reste à savoir qui l'on doit bénir dans nos bénédictions. Si tu dis que c'est Eyn Sof, c'est impossible, puisqu'Il est au-delà de toute bénédiction et de toute louange, comme l'enseigne le Tiqounéi Zohar (70 131b), et si tu dis que [la bénédiction] s'adresse à la seule Séfira, et qu'on ne doit pas se concentrer en direction du Eyn Sof lorsque nous mentionnons Son Nom dans les bénédictions, on est face à une difficulté, car alors le service de la prière serait adressé aux Sefirot et non à Eyn Sof. La même difficulté se présenterait aussi pour ce qui est de l'unification et du lien avec les Sefirot dans l'accomplissement des Mitsvot et la prière : comment en effet pourrait-on, en de telles circonstances, concentrer son cœur vers le Eyn Sof ?
Yéhoyada : Bien qu'on ne bénisse pas Eyn Sof, puisqu'Il n'a besoin d'aucune bénédiction, étant donné qu'il n'existe rien au-dessus de Lui qui puisse épancher [le bienfait de la Berakha] sur Lui, il reste que c'est bien vers Lui que nous devons concentrer notre cœur dans toutes nos bénédictions. Lorsque nous [parlons de] bénir le Nom, cela signifie en effet que c'est Son Nom qui est béni, et qui s'épanche sur les émanations supérieures, lesquelles reçoivent l'effet de la force de Eyn Sof. Sans cela, elles n'auraient pas le pouvoir d'agir sur le Nom. De même, par le rapprochement des Séfirot et leur unification par l'accomplissement des Mitsvot et la prière, le pouvoir d'épanchement de Eyn Sof relie et unifie les Séfirot. Il en va de même des autres saints mondes, qui par leur attachement aux Séfirot s'unifient par la vérité de Son Unité […]
Il est écrit dans le Sefer Eilima [de Rabbi Moshé Cordovéro] : Les Sefirot sont comme des vêtements et des sièges pour le D.ieu infini, et lorsqu'on unifie les Sefirot par la pratique des Mitsvot et la prière, ainsi que par les bénédictions, l'intention est de réparer les Sefirot, et d'en faire un siège (une résidence) pour Lui. Elles se rapprochent ainsi de Lui, et sont rectifiées pour recevoir l'épanchement de Sa Lumière. C'est ce rapprochement et cette unification qui constituent le service de Eyn Sof, parce que, quant à Lui, ce service ne produit aucun effet, mais tout Son désir et Sa Volonté sont de dispenser le bien à autrui, car Il est le bien et Celui qui cause le bien, et Sa bonté envers le monde ne souffre d'aucun manque. Néanmoins, les Sefirot sont des canaux et des voies par lesquels le bien descend [jusqu'à nous], et si l'on endommageait ces voies, ḥas veShalom, comment le bien parviendrait-il jusqu'à nous ? C'est que Eyn Sof ne rayonne que vers un lieu parfait. C'est pourquoi il est nécessaire de relier les Sefirot et les rectifier de sorte qu'elles soient arrangées pour pouvoir recevoir l'épanchement de Eyn Sof et Sa bonté. Il apparaît donc que celui qui rectifie ces canaux et ces voies, et agit en sorte qu'ils soient préparés à recevoir la bonté et l'épanchement de Eyn Sof, est celui qui Le sert et accomplit Sa Volonté, puisqu'il permet qu'Il fasse du bien à autrui.

23 De Rabbi Méir Ibn Gabbaï (1480-1540) qui est également l'auteur du Sefer Avodat haQodesh.

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