2.11
La concentration dans la prière produit un épanchement de Sainteté.
Pour la protection du 'Am Israël ; pour le retour de tous nos otages; pour le rétablissement complet de la santé de Aharon ben Sarah, de Hélène-Esther bat Corinne et de tous les malades et blessés en Israël
Le verset [cité au chapitre précédent] « HaShem fait retentir Sa Voix à la tête de son armée (1) » fait allusion à un principe fondamental du concept de la prière. [Au moment de la prière] on doit se concentrer entièrement sur l'accroissement du pouvoir de la Sainteté, avec la même [résolution] que celle du soldat qui ignore complètement ses besoins personnels et renonce volontairement jusqu'à sa propre vie, uniquement pour l'honneur du Roi, pour que le Roi [qu'il sert] soit couronné Roi, et règne sur le pays comme Roi.
De la même manière, il sied à une personne honnête d'investir toute sa concentration, toute la pureté de sa pensée pendant la prière, pour accroître la force des saints mondes, en utilisant sa voix, pour éveiller la Voix supérieure correspondante, et de là faire descendre pour tous bénédiction et lumière, pour débarrasser le monde du mal, et établir la royauté divine sur l'Univers. On ne doit pas [diriger ses pensées pendant la prière] sur ses propres préoccupations et besoins personnels.
C'est ce qu'on observe dans les prières de Rosh HaShana, qui sont agencées du début jusqu'à la fin pour se concentrer sur la Gloire de la Royauté divine, qui doit retourner à ce qu'elle était à l'origine, avant la faute de Adam haRishone.
On le voit également dans la formulation des prières quotidiennes, qui semblent à première lecture orientées vers nos besoins personnels. Mais il est tout-à-fait clair pour ceux qui comprennent, et il est prouvé que l'intention des hommes de la Grande Assemblée n'était pas que les paroles de la prière soient comprises selon le seul sens obvie, comme je l'ai écrit plus haut (2).
Les prières ont été instituées pour correspondre aux sacrifices quotidiens (Qorban Tamid) (3), qui étaient des offrandes [entièrement] brûlées, offertes en totalité à HaShem, sans aucun bénéfice pour l'homme (4).
Malgré tout, la Loi permet à une personne d'insérer dans sa prière des demandes correspondant à ses besoins individuels et à ses inquiétudes, au moment [de prononcer] la Berakha correspondante [de la 'Amida] (5).
Néanmoins, son but ne doit pas être fixé sur sa souffrance personnelle. Ce n'est pas une attitude convenable pour un homme au cœur sincère. Comment peut-on supplier HaShem de faire disparaître nos peines et nos tourments ?
On peut comparer cela au processus de guérison du corps, lorsque le médecin doit administrer d'amères médications, ou même amputer un membre pour empêcher l'infection de se répandre [D. nous préserve d'une telle nécessité]. Va-t-on supplier le médecin de ne pas faire avaler le remède, où de renoncer à l'amputation ? N'a-t-on pas précisément demandé son intervention ?
De la même manière, comment peut-on prier HaShem de nous épargner toute affliction, alors qu'elles sont le pansement et le remède salvateur qui expie nos fautes ?
Comme l'enseignent nos Maîtres : « Il n'y a pas de souffrances sans péché. (6) » Sans ces souffrances, comment l'âme d'un homme pourrait-elle réparer ses fautes ?
En vérité, toute notre intention [dans la prière] doit être au Nom du Très-Haut.
Et dans tout ce qui touche à la profanation du Nom (חִלּוּל שְׁמוֹ יִתְבָּרַךְ), par exemple les épreuves subies par le peuple juif, comme dans :
« Mais, arrivés chez les nations où ils devaient venir, ils ont déconsidéré Mon Saint Nom par ce fait qu'on disait d'eux : "Ces gens sont le peuple de HaShem, et c'est de Son pays qu'ils sont sortis !" (7) », [alors que le peuple est dispersé parmi les nations, ce qui est une cause de profanation du Nom divin], et qu'il est abattu et affligé.
Dans un cas pareil, nous avons le devoir de nous répandre en prières devant HaShem à cause de la profanation de Son Saint Nom, et une telle prière ne doit porter que sur Son Nom (8).
D'autre part, en cas de difficultés personnelles, même si elles n'entraînent pas de profanation du Nom, on a une certaine latitude (9) pour prier au sujet de la souffrance de D.ieu, qui est le reflet de la souffrance humaine dans ce monde. Comme l'enseignent Ḥazal : « Rabbi Méïr dit : lorsqu'une personne est dans la détresse, que dit la Shékhina ? Je souffre de la tête : je souffre du bras. '10) » (11)
Ainsi que nos Maîtres l'ont enseigné : « ''Ma perfection (Tamati – תַמָתִי)'' comme pour des jumeaux, si l'un souffre de la tête, l'autre en souffre également. Il en va de même pour HaShem : « Je suis avec lui dans sa détresse. (12) »
Pour Israël, tout salut vient de HaShem, comme il est écrit : « Je suis avec lui dans sa détresse. », (ce qui signifie, comme l'indique la fin du présent chapitre : Je lui ferai voir Mon salut (13)) [Si Tu nous réponds] le salut est à Toi comme il est dit : « de Toi vient notre salut. (14) »
« Mon cœur se réjouit de Ton salut. » Rabbi Abahou dit : c'est un verset difficile : le salut de HaShem est-il le salut d'Israël ? Il n'est pas écrit : Mon salut, mais Ton salut. [le psalmiste a dit:] Ton salut est notre salut.
Il a dit également : « le salut est à HaShem, sur ton peuple est la Berakha, Sélah (15).] « Le Salut vient de HaShem, » [ce qui nous apprend qu'Israël est méritant, et qu'en tout lieu où il sont exilés, la Shékhina est descendue en exil avec eux. C'est ainsi qu'Israël sortira de son exil, mais la liberté viendra-t-elle pour Israël ou pour HaShem ? C'est ce qu'enseignent de nombreux versets : Le salut vient de HaShem. Quand ? Lorsque la Berakha est sur Ton peuple. (16)]
C'est le sens de « Je suis avec lui dans sa détresse. (17) » HaShem se joint à lui dans sa détresse, et ensuite [comme l'indique la fin du verset,] « Je le délivre [et le comble d'honneur. »]
Lorsqu'une personne ne ressent pas sa propre souffrance, du fait qu'elle éprouve une peine amère pour la « souffrance » [de HaShem], si l'on peut dire, alors ses épreuves elles-mêmes sont la véritable réparation de ses fautes, et il obtient une expiation telle que ses épreuves disparaissent (c'est ce qu'on appelle les saintes Gévourot (rigueurs), car la façon d'agir de HaShem est d'adoucir l'amertume avec l'amertume, et les Midot sont ainsi réparées à leur source.) (18)

1 Yoel – Joël 2,11.
2 En P2C10.
3 Berakhot 26b.
4 Par opposition aux autres types de sacrifices, où une part de l'offrande est consommée par l'être humain.
5 'Avodah Zara 8a. La Guémara traite de la place des demandes personnelles dans la 'Amida. Certains Maîtres enseignent qu'on peut exprimer de telles demandes au moment de réciter la Berakha « שׁוֹמֵעַ תְּפִלָּה » (qui écoute la prière). D'autres disent qu'on peut exprimer une demande en relation avec le thème de la Berakha : la Téshouva, la santé, la prospérité...
6 Shabbat 55a.
7 Yéḥezqel – Ézéchiel 36,20 : « וַיָּבוֹא, אֶל-הַגּוֹיִם אֲשֶׁר-בָּאוּ שָׁם, וַיְחַלְּלוּ, אֶת-שֵׁם קָדְשִׁי-בֶּאֱמֹר לָהֶם עַם-ה׳ אֵלֶּה, וּמֵאַרְצוֹ יָצָאוּ ». Les versets suivants indiquent clairement, par la bouche du prophète, que HaQadosh Baroukh Hou va maintenant agir, non en faveur du peuple qui a mérité son destin, mais pour l'honneur de Son Saint Nom, qui est profané par le spectacle de la déchéance d'Israël : « Alors, Je Me suis ému pour Mon Saint Nom, qu'avait déconsidéré la Maison d'Israël parmi les nations où ils étaient venus. Aussi, dis à la Maison d'Israël: Ainsi parle HaShem-Éloqim : Ce n'est pas à cause de vous que J'agis, maison d'Israël, mais bien pour Mon Saint Nom, que vous avez déconsidéré parmi les nations où vous êtes venus. » (Ibid.21-22 ; traduction du Rabbinat)
8 Dans son Shénot Éliyahou, le Gaon de Vilna commente l'expression de la Mishna Berakhot (5,1) : « pour orienter leur cœur vers l'Omniprésent (שֶׁיְּכַוְּנוּ אֶת לִבָּם לַמָּקוֹם) » de la manière suivante :
« Cela signifie qu'il est interdit d'orienter sa prière vers ses propres besoins, mais qu'on doit prier pour que tout Israël parvienne à la perfection absolue, et [qu'ainsi] la Knesset Israël se perfectionne En-Haut. Toutefois, même si l'on ne doit pas prier pour ses besoins personnels, on peut faire une exception dans la prière « אֱלֹקַי נְצוֹר » [prière formulée à la première personne (Éloqaï nétsor), et qui suit immédiatement la 'Amida], car cette prière est [prévue] pour soi-même. Voyez P2C18, Note 40, qui décrit comment la concentration sur l'ordre de la prière crée une connexion avec « Knesset Israël ».
9 Rabbi Ḥayim introduit ici la note 30, qui figure à la fin de ce chapitre et s'intitule : Deux manières d'aborder la prière selon la Mishna.
10 Sanhédrin 46a.
11 Rabbi Ḥayim introduit ici la note 31, qui figure à la fin de ce chapitre et s'intitule : Mal de tête, mal au bras ; les Téfilines connectent l'homme avec HaShem.
12 Shemot Rabba 2,5 et Shir haShirim Rabba 5,2 qui citent Shir haShirim 5,2 et Téhillim 91,15. Le terme « jumeaux » (téomim) est un jeu de mots avec « Tamati » (Ma Perfection).
13 Téhillim – Psaumes 91,16, que le Rabbinat traduit : « Je le rassasie de longs jours, et le fais jouir de Mon salut. »
14 Midrash Tanḥouma Aḥaréi mot 18, qui cite Téhillim 80,3.
15 Téhillim – Psaumes 3,9 : « לַה׳ הַיְשׁוּעָה; עַל-עַמְּךָ בִרְכָתֶךָ סֶּלָה ».
16 Zohar III Émor 90b.
17 Téhillim – Psaumes 91,15 rapporté par le Midrash Tanḥouma Aḥaréi mot 18.
18 C'est « la façon d'agir de HaShem est d'adoucir l'amertume avec l'amertume » comme on le voit dans Béreshit Rabba Wayishlaḥ 77,1, ainsi que dans beaucoup d'autres Midrashim. Lors de l'épisode des « eaux amères » (Shemot 15,25), l'amertume elle-même devient la cause de la douceur. Dans son Imré Noam, le Gaon de Vilna commente ainsi Berakhot 5a : « De même que le sel purifie [la viande... de même les souffrances débarrassent l'homme de ses fautes.] » Il semble que ces deux enseignements ne soient pas comparables, puisque le sel purifie alors que les souffrances retirent. Néanmoins, les souffrances commencent par retirer, mais par la suite, l'homme est amené à la Téshouva par amour, et ses fautes sont changées en mérites. Par conséquent, il est juste de dire que les souffrances opèrent aussi une purification.