2.12

Les deux niveaux de la « souffrance » de HaShem vers lesquels la prière doit être orientée.

Le shi'our est dédié au rétablissement de la santé de Aharon ben Sarah, de Rivqa bat Sarah, de Hélène-Esther bat Corinne, et de tous les malades en Israël ainsi qu'au retour de tous nos otages, à la protection de nos frères et sœurs qui résident en Érets Israël et de nos héroïques soldats.

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C'est pourquoi Hazal enseignent : « Celui qui associe le Nom du Ciel à sa détresse, sa subsistance sera doublée pour lui. (1) »

Cette idée est liée aux deux formes causées par la faute (le doublement).

La souffrance causée [dans le monde] d'En-Haut lorsqu'une personne reçoit son châtiment sous la forme d'épreuves, D.ieu nous en préserve, [est très grande].

Mais elle est sans commune mesure avec la souffrance profonde subie En-Haut lorsque [l'homme] commet une faute, D.ieu nous en préserve !

C'est comparable à [la situation] d'un fils bien-aimé qui, s'étant enivré, est tombé à terre et s'est brisé le cou, et se trouve à présent dans un état critique.

Il ne sait pas que sa vie est en danger, comme il est écrit : « On m'a frappé, diras-tu [dans ton ivresse], et je n'ai pas eu de mal ; on m'a roué de coups, et je ne l'ai pas senti. (2) »

Mais le cœur de son père est plein d'amertume à ce sujet. Lorsque les médecins réduisent les fractures et appliquent de pénibles traitements, le fils pousse des hurlements de douleur.

Bien entendu, le père ressent douloureusement les cris de son fils. Mais pour lui, ce n'est pas grand-chose en regard de la souffrance qu'il a éprouvée lorsque son fils s'est brisé les os, et a manqué de quitter ce monde !

Il en va précisément de même pour la faute, D.ieu nous en préserve. Au moment où l'homme la commet, il cause une grande, profonde et incomparable souffrance En-Haut, dont il n'est absolument pas conscient. Il ne sait pas qu'il a mis sa propre vie en jeu, et qu'il est considéré comme [réellement] mort, ḥas veShalom, comme l'enseignent Ḥazal : « Les impies, de leur vivant, sont appelés ''morts''. (3) »

Il est des fautes par lesquelles l'âme d'une personne est entièrement coupée, ḥas veShalom, du lien de la Sainteté (4). Mais HaShem, Père miséricordieux, à cause de Sa « souffrance », si l'on peut dire, et par Sa compassion et Son immense bonté, envoie des épreuves qui sont pour lui comme un pansement et un traitement, pour purifier sa faute. La personne est dans la peine et la souffrance à cause de ces épreuves, et à cette souffrance correspond la souffrance d'En-Haut, comme on l'a vu.

Cependant, la souffrance [qu'elle éprouve] n'est rien comparée à celle qu'elle a causée En-Haut quand elle a commis cette transgression, D. nous en préserve.

Dès lors, une personne qui prie pour être soulagée de ses épreuves se concentrera sur la souffrance du Ciel, qui la rejoint dans sa détresse, sur la Téshouva et les profonds regrets qu'elle éprouve pour sa faute, et pour avoir été la cause de la détresse d'En-Haut.

Les épreuves sont alors soulagées pour elle.

Plus encore, « mesure pour mesure (5) », sa subsistance est doublée, relativement aux deux dimensions de souffrance dont elle a été la cause. Du fait des regrets [qu'elle manifeste] pour ces deux dimensions, ses fautes sont transformées en actes méritoires.

C'est ce qu'expliquent nos Sages de mémoire bénie : Au sujet de Ḥannah, « L'âme remplie d'amertume, elle pria devant HaShem [et pleura longtemps]. », et elle jeta ses mots vers le Très-Haut (6).

Cela signifie que malgré l'amertume de son âme, elle n'a pas considéré sa propre détresse, pour laquelle elle ne se soucia pas du tout de prier. Mais elle « lança ses paroles » vers HaShem, c'est-à-dire au sujet de la souffrance d'En-Haut relative à sa propre détresse.

C'est également pourquoi il est dit de Moshé qu'il lança ses paroles vers HaShem [comme il est écrit : « Moshé pria vers – אֶלHaShem]. Il ne faut pas lire « vers » HaShem mais « au sujet » de HaShem (7).

D'après le sens simple, Ḥazal n'ont pas besoin de faire une telle lecture du verset, et d'expliquer que Moshé a jeté ses paroles vers le Très-Haut [en manière de dérision]. Mais ils l'ont interprété comme un éloge de Moshé, comme on l'a expliqué.

(Pour celui qui comprendra et appréciera la suite [de cette Guémara] dans la même veine : le prophète Éliyahou a également jeté ses paroles vers le Très-Haut comme il est écrit : « C'est Toi qui as détourné leur cœur de Toi. (8) »

Il est écrit : « sera à jamais le rocher [qui façonne] mon cœur et mon partage. » Voyez le Zohar (9).

Ainsi que l'enseignent les versets : « Si votre mère a été chassée, c'est à cause de vos péchés (10). » et aussi « Il a fait reculer sa droite [devant l'ennemi]. (11) » C'est aussi le sens du verset : « C'est Toi qui as détourné leur cœur de Toi (12) », comme l'explique le Pri Èts Ḥayim. (13)

C'est pourquoi, si déjà une personne qui subit des épreuves personnelles ne devrait concentrer sa prière que sur les besoins du Très-Haut, à plus forte raison lorsqu'il s'agit du texte des bénédictions et des prières formulées par les hommes de la grande Assemblée. Il n'est certainement pas convenable [lorsqu'on les récite] d'avoir la moindre intention pour ses besoins personnels, malgré ce que le sens simple semble signifier. On doit [réciter ces textes en n'ayant en vue que] les besoins du Très-Haut, pour que s'épanchent sur les mondes bénédiction et Sainteté, du point de vue de la connexion de HaShem avec [les mondes] comme on l'a longuement expliqué plus haut.

Il est vrai que Ḥazal ont enseigné qu'il serait possible d'exempter [tous les Juifs] de l'obligation de prier, ainsi que l'indique le verset « toi qui es ivre, mais non de vin (14) », et que dire de ces générations où chacun est comme « gisant au fond de la mer, couché au sommet d'un mât. (15) », chargé tous les jours du fardeau de la recherche d'une subsistance, ce qui fait que personne ne se préoccupe de débarrasser son cœur et ses pensées des puissantes distractions des vanités de ce bas-monde, pour se préparer à accueillir son Éloqim Yitbarakh Shémo.

Malgré [ces grandes difficultés] chacun est certainement soumis, selon ses capacités intellectuelles, à l'obligation d'élaborer des méthodes, dans le cadre d'une guerre ordonnée (16) [par HaShem], pour échapper à la confusion des pensées impures, et calmer ses pensées pour effectuer convenablement le service de la prière (17).

C'est que le service de la prière remplace le service des Qorbanot, qui dépendaient entièrement des pensées des Cohanim [qui étaient chargés de les offrir], à tel point que des pensées [inappropriées du Cohen] invalidaient le sacrifice. C'est donc la Sainteté de ses pensées qui faisait monter l'offrande, pour qu'elle devienne « une odeur agréable (18) » devant HaShem.


1 Berakhot 63a, qui cite Iyov 22,25 : « אָמַר רַב הוּנָא בַּר בֶּרֶכְיָה מִשּׁוּם רַבִּי אֶלְעָזָר הַקַּפָּר: כׇּל הַמְשַׁתֵּף שֵׁם שָׁמַיִם בְּצַעֲרוֹ כּוֹפְלִין לוֹ פַּרְנָסָתוֹ. שֶׁנֶּאֱמַר: ״וְהָיָה שַׁקַּי בְּצָרֶיךָ וְכֶסֶף תּוֹעָפוֹת לָךְ״ ».

2 Mishléi – Proverbes 23,35 : « הִכּוּנִי בַל-חָלִיתִי- הֲלָמוּנִי, בַּל-יָדָעְתִּי:מָתַי אָקִיץ ».





3 Berakhot 18b.


4 Il s'agit ici de la peine de Karet (retranchement). Voir P1C18.










5 Mishna Sota 1,7 : « בַּמִדָּה שֶׁאָדָם מוֹדֵד, בָּהּ מוֹדְדִין לוֹ ».





6 Berakhot 30b citant I Shmouel 1,10 : « וְהִיא, מָרַת נָפֶשׁ; וַתִּתְפַּלֵּל עַל-ה׳, וּבָכֹה תִבְכֶּה ».





7 Berakhot 32a citant Bamidbar 11,2 : « וַיִּתְפַּלֵּל מֹשֶׁה אֶל-ה׳».






8 Berakhot 31b citant I Mélakhim 18,37 : « וְאַתָּה הֲסִבֹּתָ אֶת-לִבָּם, אֲחֹרַנִּית ». On notera que le Rabbinat traduit le verset dans un sens opposé, plus favorable au peuple (et à HaShem!) : « Tu auras ainsi amené leur cœur à résipiscence ».

9 Zohar II Térouma 128a-b qui cite Téhillim 73,26 : « צוּר-לְבָבִי וְחֶלְקִי- אֱלֹקִים לְעוֹלָם » où le « cœur » est celui de HaShem.

10 Yéshayahou – Isaïe 50,1 : « וּבְפִשְׁעֵיכֶם שֻׁלְּחָה אִמְּכֶם »

11 Eikha – Lamentations 2,3 : « הֵשִׁיב אָחוֹר יְמִינוֹ »

12 C'est-à-dire que la Shékhina, qui est le cœur d'Israël, lui ayant été enlevée, le peuple est conduit à fauter.

13 Pri Èts Ḥayim Sha'ar Qeriat Shém'a, chapitre 8 :
Il y eut une intensification des kelipot (c'est-à-dire des forces du mal) en ces jours-là, de la même façon qu'à toutes les époques où Israël a rendu un culte aux idoles. Par conséquent, à l'époque du [roi] Aḥav [qui pratiqua intensivement l'idolâtrie], il est écrit « C'est Toi qui as détourné leur cœur de Toi », parce que leur cœur est le secret. Tu les as poussés à fauter, et le pouvoir des kélipot s'est accru. C'est la prière d'Éliyahou le prophète qui effectua la réparation [exigée par] la situation.

14 Érouvin 65a : « Rav Sheshet dit au nom de Rabbi El'azar ben 'Azarya : je peux prouver que le jugement pourrait être épargné au monde entier, depuis le jour de la destruction du Beth HaMiqdash jusqu'à nos jours, comme il est écrit : ''Or donc, écoute ceci, infortunée, toi qui es ivre, mais non de vin'' (Yéshayahou 51,21) [ce qui nous apprend que du fait de la destruction du Temple, tous les Juifs sont considérés comme ivres, et ne sont donc pas responsables des fautes qu'ils peuvent commettre.]
[La Guémara] soulève une objection [à cet argument en rapportant une Baraïta : quant à celui qui] s'est enivré, son acquisition est une acquisition [juridiquement valable, c'est-à-dire qu'une fois sobre, il ne peut annuler la transaction] et [de même] sa vente est une vente [juridiquement valide.]
Plus encore, s'il a commis une transgression [qui le rend passible de] la peine de mort, il est exécuté. Si sa faute est passible de la flagellation, il reçoit sa peine. Le principe, c'est qu'il est considéré à tous égards comme une personne sobre, sauf pour ce qui concerne la prière, dont il est dispensé. [Par conséquent, même si Israël est considéré comme ivre, il est tout de même responsable de ses actes!]
[La Guémara répond que Rabbi El'azar ben 'Azarya ne voulait pas dire qu'ils seraient exonérés de leur responsabilité pour toutes leurs fautes. Quel est donc le sens de] la phrase : ''Je peux prouver que le jugement pourrait être épargné...'' ? [Il voulait dire qu'il pourrait les exempter] du jugement de la prière, [c'est-à-dire que les Juifs ne seront pas tenus pour responsables d'avoir prié avec des intentions imparfaites.] » (D'après la traduction commentée du Rav Adin Steinsaltz – Even Israël.)

15 Expression empruntée à Mishléi – Proverbes 23,34 : « וְהָיִיתָ, כְּשֹׁכֵב בְּלֶב-יָם; וּכְשֹׁכֵב, בְּרֹאשׁ חִבֵּל ». Le verset désigne une personne en état d'ivresse du fait de ses péchés, et qui souffre du mal de mer, soit des mouvements du bateau, soit de sa position en haut d'un mât.

16 « מִלְחֶמֶת מִצְוָה », littéralement « guerre de Mitsva », c'est-à-dire une guerre ordonnée directement par HaShem, et considérée comme un devoir religieux. C'est le cas de la conquête de Kéna'an par Yéhoshou'a, ou de la guerre contre Amaleq. C'est également le cas d'une guerre de défense d'Israël contre une attaque. Dans notre contexte, il s'agit à l'évidence d'une « guerre » spirituelle.

17 Voir P2C1.

18 « רֵיחַ נִיחוֹחַ », expression fréquente dans le Ḥoumash, qui traduit l'acceptation par HaShem des sacrifices offerts dans les formes prescrites. Sur la première occurrence (Shémot 29,18) Rashi écrit : « Une satisfaction d'esprit pour Moi, car J'ai parlé et Ma Volonté a été faite. »

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