4ème PORTIQUE : CHAPITRE 27
Plus élevée que tous les mondes, la Torah reste inchangée au cours de sa descente dans le monde physique.
(Pr. Gross : Une pureté inaltérée)
En plus [du fait que la Torah provient du monde de Malboush, le premier et le plus élevé de tous les mondes], sa sainteté redoutable est de loin supérieure aux mondes.
Certes, les royaumes supérieurs sont d'une éminente sainteté.
[Il faut comprendre qu']au cours du processus de descente en cascade à travers tous les mondes, en traversant des filtres très puissants, chaque monde [inférieur] est le reflet de la séquence complète des mondes qui lui sont supérieurs, et reproduit exactement leur image et leur forme, comme l'enseigne le Zohar haQadosh : « Nous avons appris que telles que sont les choses en-haut, telles sont-elles en bas ; et il en est ainsi de tous les mondes, ils sont tous reliés les uns aux autres », et comme l'enseigne également le Etz 'Haïm par référence aux quatre niveaux des mondes de Atzilout, Bériyah, Yétzirah et 'Assiah. [C'est-à-dire que chaque niveau reproduit en son propre sein les quatre niveaux de Atzilout, Bériyah, Yétzirah et 'Assiah]
Malgré cela, le niveau de sainteté et de lumière d'un monde particulier ne peut en rien être comparé, même approximativement, au niveau qui lui est supérieur ; au point que finalement, après que la lumière et la sainteté ont traversé tous ces filtres, le monde devient si matériel que nous le considérons comme profane et le traitons comme tel. [tout se passe comme si le processus de filtrages successifs n'avait pratiquement rien laissé de la Qedousha initiale]
Néanmoins, en ce que concerne la Torah de Sainteté, et bien qu'elle [aussi] descende à travers une infinité de niveaux depuis sa source sainte, de monde en monde et de niveau en niveau, sa sainteté originelle est préservée, intacte, exactement comme elle était à sa source, au point de départ de son parcours de sainteté, de sorte que même dans ce monde physique, elle est absolument sainte, et il est interdit de la traiter comme un objet profane, D.ieu nous en préserve ; c'est pourquoi il est interdit d'avoir des pensées de Torah dans un lieu impur.
C'est également pourquoi nos Sages se sont montrés sévères lorsqu'ils ont discuté des sanctions [de ces pensées interdites], en les incluant dans l'avertissement « כִּי דְבַר-יְהוָה בָּזָה - Car il a méprisé la Parole de Hashem », la suite du verset indiquant : « הִכָּרֵת תִּכָּרֵת הַנֶּפֶשׁ הַהִוא - Retranchée sera retranchée cette âme », [le redoublement du terme 'retranché' est constamment] interprété, [ici dans Sanhédrin 99a] comme « dans ce monde et dans le monde à venir ».
'Hazal affirment que celui qui tient un Sefer Torah à mains nues sera enterré « sans cette mitsvah » [Shabbat 14a et Meguila 32a, où on explique qu'on lui enlève le mérite de la mitsvah de lire la Torah dans le Sefer, puisqu'il l'a accomplie en profanant la sainteté de la Torah, en la tenant à mains nues. Voir les nombreuses lois qui concernent non seulement le Sefer Torah, mais aussi les téfilines, les mézouzot, et aussi les séfarim, siddourim etc...]
Nos Sages ont également interdit le transfert [d'un Sefer Torah] d'un lieu à un autre, et même d'une synagogue à une autre (Zohar III A'harei mot), car la Torah a conservé son niveau de Sainteté originel [Ce n'est pas ainsi que la Halakha est formulée de nos jours, et il est permis pour nous de déplacer un Sefer Torah, en cas de nécessité, mais le Zohar souligne ici la Sainteté de la Torah qui est demeurée intacte, et exige les plus grandes précautions]
De la même manière, bien que la source de la Néshama humaine soit beaucoup plus élevée que les mondes supérieurs, l'homme peut exercer sa réflexion en vue de raffiner ses traits de caractère, et il lui est permis de le faire dans des endroits impurs. En revanche, les pensées de Torah, [même sur des lois qui ne s'appliquent pas de nos jours comme] les lois de Négaïm et Ohalot, ou d'autres halakhot, ou toutes autres paroles de Torah sont interdites en de tels lieux.
Cette idée est à relier à l'affirmation de nos Sages, qui disent que D.ieu et la Torah ne font qu'un.
Bien que le niveau de sainteté des mondes diminue au fur et à mesure de leur descente [vers le monde matériel et qu'ils connaissent] de nombreux changements, il n'en va ainsi que du point de vue de l'homme.
Mais dans la perspective de D.ieu [si l'on peut dire], il n'y a aucune distinction ni différence d'aucune sorte, D.ieu préserve, comme il est écrit : « כִּי אֲנִי יְהוָה, לֹא שָׁנִיתִי - Car moi, Hashem, je n'ai pas changé » (Malakhi 3,6), et il n'y a pas de changements, ni de niveaux de Sainteté [pour Lui].
Cette question a été longuement traitée dans le troisième Portique.
C'est également le cas de la Torah de Sainteté. Malgré la vertigineuse descente de la Torah à travers de nombreux niveaux, elle est restée absolument inchangée, et elle est intacte dans son état originel de sainteté, même dans ce monde matériel « כַּאֲשֶׁר הָיְתָה בְאָמְנָה אִתּוֹ - Comme si elle était encore sous sa tutelle » [Il s'agit ici de la Reine Esther, dont le texte nous dit qu'alors qu'elle était dans le palais du roi, elle se conformait aux instructions de Morde'haï (notamment celle de dissimuler son identité juive), comme si elle était sous sa tutelle ; ainsi la Torah, descendue dans ce monde, reste sous la tutelle de D.ieu (Esther 2,22).] D.ieu reste à la racine [de la Torah], et ne peut être affecté par un changement de lieu.
Cependant, bien que, dans la perspective de D.ieu tous les lieux soient équivalents, et qu'il n'intervienne aucune différentiation entre eux, car les lieux impurs n'agissent pas comme une barrière qui constituerait une séparation d'avec l'Unité de D.ieu et Sa redoutable Sainteté [et donnerait à penser qu'il existe autre chose que Lui, D.ieu préserve], c'est également le cas de la Sainte Torah [elle non plus n'est pas affectée et ne subit aucun changement].
Malgré cela, il nous est interdit de prononcer ou même de penser des paroles de Torah dans des lieux impurs, parce que, de notre point de vue, il existe bel et bien des différences entre les lieux, comme on l'a longuement expliqué.
Et cependant, l'essence de la Torah n'a pas changé, ni sa sainteté et la lumière supérieure [dont elle est porteuse et qui la constituent] du fait de sa descente. Seulement, « כִּי טַח מֵרְאוֹת עֵינֵיהֶם - car leur œil est incapable de percevoir » (Yishayahou 44.18) la lumière et la sainteté intérieures [de la Torah].
C'est pourquoi David hamelekh disait : « גַּל-עֵינַי וְאַבִּיטָה נִפְלָאוֹת, מִתּוֹרָתֶךָ - Dessille mes yeux que je contemple les merveilles de Ta Torah » (Tehillim 119,18 - ce texte fait partie de la courte prière qu'on a l'habitude de dire avant de commencer l'étude de la Torah).
Car la sainteté et la lumière de la sainte Torah, qui sont intérieures et cachées, sont en vérité révélées d'une manière éclatante. C'est seulement que notre perception physique ne peut supporter la redoutable sainteté et la lumière de la Torah telle qu'elle est réellement.
Mis en ligne le 6 Adar 5778 - 21 février 2018