Note 23

Les descriptions de HaShem et de l'homme sont liées à leur connexion avec les mondes.

Pour l'élévation de l'âme de Shiri, Kfir et Ariel Bibas, qui ont donné leurs vies pour le Qiddoush HaShem, puisse-t-Il venger leur sang.

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Frontispice du Sha'arei Orah de Rabbi Yossef ben Abraham Gikatilla

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C'est l'idée qui sous-tend toute description de D.ieu mentionnée dans la Torah, par exemple « l'œil », « la main », « la jambe. » [Ces descriptions] sont toutes liées à la relation [de HaShem] avec les mondes. [Ces mondes] sont agencés selon les membres qui composent [le Shi'our Qoma], et ces noms ne sont pas de simples descriptions, mais ils incorporent l'essence des forces et des mondes.

C'est également le cas de l'homme, dont les noms ne sont pas non plus de simples descriptions.

En outre, elles ne se contentent pas d'indiquer, de faire allusion à des concepts supérieurs cachés, tel le nom d'un homme, qui est une indication de la forme et de la structure que désigne son nom, mais [ces références à l'œil, la main, la jambe] incorporent également l'essence de [la structure] de l'homme, ainsi qu'il a été créé, raffiné et agencé pour former l'image de la structure des mondes.

Voyez ce qu'en disent le Rambam (1), le Séfer 'Avodat haQodesh (2), Le Séfer Sha'arei Orah (3), le Pardès Rimonim (4) et le Shela haQadosh (5).


Moré Névoukhim (Guide des égarés) 1,26 : « Tu connais déjà leur sentence relative à toutes les espèces d'interprétation se rattachant à ce sujet, savoir : que l'Écriture s'est exprimée selon le langage des hommes (Yévamot 71a, Baba Métsia 31b). Cela signifie que tout ce que les hommes en général peuvent comprendre et se figurer au premier abord a été appliqué à HaShem, qui, à cause de cela, a été qualifié par des épithètes indiquant la corporéité, afin d'indiquer que HaShem existe ; car le commun des hommes ne peut concevoir l'existence, si ce n'est dans le corps particulièrement, et tout ce qui n'est pas un corps ni ne se trouve dans un corps n'a pas pour eux d'existence. De même, tout ce qui est perfection pour nous a été attribué à HaShem pour indiquer qu'Il possède toutes les espèces de perfection sans qu'il s'y mêle aucune imperfection ; et tout ce qui est conçu par le vulgaire comme étant une imperfection ou un manque, on ne le Lui attribue pas. C'est pourquoi on ne Lui attribue ni manger, ni boire, ni sommeil, ni maladie, ni injustice, ni aucune autre chose semblable. Mais tout ce que le vulgaire croit être une perfection, on le Lui a attribué, bien que cela ne soit une perfection que par rapport à nous ; car pour Lui toutes ces choses que nous croyons être des perfections sont une extrême imperfection. Le vulgaire cependant croirait attribuer à HaShem une imperfection en s'imaginant que telle perfection humaine pût Lui manquer. » (Traduction de Salomon Munk, Verdier 1979.)

Séfer 'Avodat haQodesh (dont l'auteur est Rabbi Méir Ibn Gabbaï , 1480-1540) 3,26 : « Il est connu, selon la voie de la sagesse et de la vérité, que la véritable essence du Créateur, béni soit-Il, est inaccessible à tout autre que Lui, et qu'aucune créature, qu'elle soit d'en haut ou d'en bas, ne peut être comparée à Lui. En effet, Il n'est pas limité, car Il n'est ni un corps ni une force dans un corps. Dès lors, comment expliquer que la Torah attribue au Maître de l'univers des membres physiques tels que des mains, des pieds, des oreilles, des yeux et d'autres caractéristiques corporelles ?
Il faut savoir et croire, selon ce qu'ont transmis les Sages initiés au Service divin, que bien que ces descriptions témoignent toutes de la grandeur du Créateur et de la foi en Lui, aucune créature ne peut véritablement comprendre ni appréhender la nature même de ce qui est appelé "main", "pied", "œil" ou "oreille" lorsqu'il s'agit du Divin. Même si l'homme a été créé à l'image et à la ressemblance de Éloqim, [...] il ne faut surtout pas penser qu'il existe une ressemblance physique réelle, œil pour œil, main pour main, ou que leur forme et leur nature soient identiques. Ces termes renvoient plutôt à des réalités spirituelles profondes liées à l'essence de l'Être suprême, dont la lumière et l'influx se diffusent à l'ensemble des créatures. Cependant, la nature d'une "main" divine n'est en rien comparable à celle d'une main humaine, et il en va de même pour toutes les autres descriptions. Comme il est écrit : "À qui me comparerez-vous, et quelle ressemblance établirez-vous avec Moi ?"
La foi en tout cela consiste à comprendre qu'il n'existe aucune similitude entre nous et Lui, ni dans l'essence ni dans la forme. L'analogie ne se fait que par rapport à la signification symbolique des membres du corps humain, qui sont conçus comme des signes et des allusions à des réalités supérieures et cachées, inaccessibles à l'intellect humain. Cette comparaison n'est donc pas d'ordre matériel mais référentiel. De là cette métaphore : lorsqu'on écrit "Réouven, fils de Ya'aqov", ces lettres ne sont ni l'essence ni la forme réelle de Réouven, mais un simple signe servant à rappeler son identité.
C'est pourquoi HaQadosh Baroukh Hou a voulu nous accorder du mérite en créant le corps humain avec ses membres visibles et cachés, en tant que signe du "Ma'assé Merkava" (l'Œuvre du Char céleste). Si une personne purifie un de ses membres, ce membre devient comme un trône pour la réalité spirituelle supérieure qui porte son nom : si c'est l'œil, alors il s'agit de l'"œil" divin ; si c'est la main, alors il s'agit de la "main" divine ; et ainsi pour tous les autres membres. Nous avons déjà expliqué ailleurs dans ce livre que le but ultime de l'homme est la perfection de la Gloire divine. C'est pourquoi il a été façonné selon la structure de la Merkava supérieure afin de la parfaire. Ce but ne peut être atteint que par l'étude de la Torah et l'accomplissement de ses commandements, lesquels ne peuvent être accomplis que par des membres corporels. Il s'ensuit que l'homme a dû être créé selon cette forme et cette structure. »

3 Le Sha'arei Orah (שערי אורה) est l'œuvre du grand kabbaliste Rabbi Yossef ben Abraham Gikatilla (1248-après 1305). Voici un extrait du premier portique, qui porte notamment sur la possibilité pour l'être humain de s'adresser à HaShem dans la prière, en utilisant des noms divins. Rabbi Yossef insiste sur la nécessité de comprendre autant que possible la signification de chacun de ces noms. Une telle connaissance encouragera la crainte de HaShem et la volonté de se relier à Lui dans toute la mesure du potentiel individuel de chacun : « Sache, comme un grand principe, que l'Essence même de HaShem (le Tétragramme) le Créateur, béni soit-Il, telle qu'Il est véritablement, est au-delà de la compréhension de quiconque, excepté Lui-même. Il n'est personne, même parmi la multitude des anges les plus élevés, qui connaisse Sa place, et encore moins la Réalité essentielle de Son Être. Ne voyez-vous pas que les anges suprêmes déclarent : ''Bénie soit la gloire de HaShem depuis Son lieu'' (Yéḥezqel 3,12 : בָּרוּךְ כְּבוֹד-ה׳, מִמְּקוֹמוֹ), signifiant ainsi ''où qu'Il soit'' ? Si cela est vrai pour les êtres célestes, combien plus cela l'est-il pour les créatures inférieures.
Si tel est le cas, quel est le sens de toutes ces expressions que nous lisons dans la Torah, telles qu'une main, un pied, une oreille ou un œil ? Sachez et ayez confiance en ceci que toutes ces notions, bien qu'elles indiquent et témoignent de Sa grandeur et de Sa vérité, ne sont pas accessibles à la compréhension des créatures. Aucune d'elles n'est capable de connaître ni de concevoir ce que sont en réalité ces notions appelées main, pied ou oreille, et autres expressions similaires. Et bien que nous soyons faits à Son image et à Sa ressemblance, il ne faut pas penser que cela signifie un œil sous la forme d'un œil, ou une main sous la forme d'une main. En réalité, cela fait référence à des notions profondes et même aux notions les plus intérieures concernant la vérité de l'existence de HaShem béni soit-Il ; des notions à partir desquelles émanent la source et l'influence qui s'étendent à tout ce qui existe, selon le décret de HaShem, béni soit-Il. Cependant, ce qu'est cette « main » n'est pas ce qu'est cette main, et elles ne sont pas équivalentes en leur forme, comme il est dit : ''À qui Me comparerez-vous, pour que Je sois son égal ?'' (Yéshayahou 40,18).
Sache et comprends qu'il n'existe aucune comparaison entre Lui et nous, ni en essence ni en forme. L'intention de HaShem en attribuant une forme à nos organes est qu'ils servent de repères pour des réalités cachées et supérieures que l'intellect ne peut connaître que sous forme de représentations, à l'image de l'écriture des mots : ''Réouven, fils de Ya'aqov.'' Certes, ni ces lettres, ni la forme des mots ''Réouven, fils de Ya'aqov'' ne sont sa véritable forme, son image et son être, mais ils constituent simplement une représentation : ce nom écrit, « Réouven, fils de Ya'aqov », est un signe correspondant à cette identité essentielle et réelle, connue sous le nom de ''Réouven, fils de Ya'aqov.'' »

4 Le Pardès Rimonim (פַּרְדֵּס רִמּוֹנִים – Le Verger de grenades) est l'œuvre de Rabbi Moshé ben Ya'aqov Cordovero (1522-1570), et constitue l'un des premiers fondements de la doctrine kabbalistique moderne, avant les révélations de Rabbi Yits'haq Luria, le Arizal. Voici le début du chapitre 22 (le « Portail des désignations ») :
« Parmi les choses étonnantes dans les paroles de notre Torah, il y a ces versets qui mentionnent ''sous Ses pieds...'', ''écrits du doigt de Dieu...'', ''la main de HaShem'', ''les yeux de HaShem'', ''les oreilles de HaShem'', et d'autres expressions similaires qui attribuent à D.ieu des membres corporels. Or, ces expressions ne peuvent être appliquées à Lui, béni soit-Il, car Il n'est ni un corps ni une force dans un corps. De même, ces notions ne peuvent pas non plus s'appliquer à Ses Sefirot, car elles sont tout aussi éloignées de toute dimension corporelle. Car autrement, il serait établi que HaShem est une âme pour Ses Sefirot et qu'Il est la force qui les anime. Cela impliquerait, à D.ieu ne plaise, qu'Il est une force contenue dans un corps, ce qui est impossible et inacceptable.
Ainsi, nous devons rejeter toute conception corporelle des Sefirot, tout comme nous devons rejeter une telle conception de l'Essence de l'Infini. Par conséquent, lorsque la Torah emploie des termes empruntés aux attributs corporels, tels que ''HaShem vit'', ''HaShem entendit'', ''HaShem parla'', qui ne peuvent être imaginés qu'en relation avec des organes physiques, nous devons comprendre qu'ils sont l'expression d'une réalité cachée et non d'une vision, d'une audition ou d'une parole au sens littéral.
Il ne fait aucun doute que les mots ''œil'', ''oreille'' et ''bouche'' en hébreu ne sont pas appelés ainsi par hasard ou par simple convention, comme dans d'autres langues. La preuve en est que notre langue est appelée Lashone HaQodesh (langue sainte), ce qui signifie nécessairement qu'elle est d'origine divine et non humaine, comme les autres langues. Il est certain que c'est la langue que HaQadosh Baroukh Hou a créée en même temps qu'Il créa le monde. Ainsi, la langue précéda la Création du monde.

5 Yeshayahu ben Avraham Ha-Levi Horowitz, dit le Shela (השל"ה הקדוש – 1555-1630) d'après son œuvre « Shnei Louḥot HaBerit (hébreu : שני לוחות הברית, ''Les deux tables de l'Alliance''). Voici une extrait de l'introduction (Toledot Adam 19) : « L'homme, qui a été créé et fait à l'image de Éloqim est un signe et un symbole de l'existence de HaShem. C'est le secret du verset : « וְעַל, דְּמוּת הַכִּסֵּא, דְּמוּת כְּמַרְאֵה אָדָם עָלָיו, מִלְמָעְלָה – sur cette forme de trône une forme ayant apparence humaine par-dessus » (Yéḥezqel 1,26), et il est écrit : « וּמִבְּשָׂרִי, אֶחֱזֶה אֱלוֹקֵ – Depuis ma chair je vois Éloqim. »

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