Note 30

Ces deux manières [d'aborder la prière, c'est-à-dire d'une part à cause de la profanation du Nom, et d'autre part parce qu'on est capable de percevoir la « souffrance » de HaQadosh Baroukh Hou] sont suggérées par l'auteur de la Mishna [qui déclare:]

« ''Ce fut, lorsque Moshé élevait sa main, Israël devenait fort'' Est-ce que ce sont les mains de Moshé qui faisaient ou arrêtaient la guerre ? Ce que veut dire le texte, c'est qu'aussi longtemps que les Bnéi Israël regardaient Là-Haut et soumettaient leurs cœurs à leur Père dans les Cieux, ils étaient victorieux, et sinon ils étaient défaits. (1) »

Ou encore dans la même veine : « "Fais toi-même un serpent et place-le au haut d'une perche : quiconque aura été mordu, qu'il le regarde et il vivra !" Un serpent peut-il donc faire vivre ou faire mourir ? Cela veut dire que lorsque les Bnéi Israël regardaient Là-Haut et soumettaient leur cœur à leur Père dans le Ciel ils étaient guéris, et sinon ils dépérissaient. (2) »]

La première manière dont il est question, à savoir [prier pour mettre fin] à la profanation du Nom est suggérée dans le verset qui évoque la guerre contre 'Amaleq.

[Cette guerre] était bien une profanation du Nom, comme l'enseignent Ḥazal, qui comparent [l'action de 'Amaleq, en tant qu'il fut la première nation à combattre Israël à celle de celui qui le premier se jette dans] le bain brûlant, et ce faisant [en refroidit l'eau, de sorte que d'autres puissent s'y jeter également. L'action de 'Amaleq a été à l'initiative d'une suite d'agressions par d'autres nations, qui n'auraient pas songé à attaquer Israël sans cela. (3)]

De même, Hazal expliquent que ['Amaleq] coupait les membres circoncis [d'Israël] et les jetait en direction du Ciel [en disant : voilà ce que Tu as choisi, prends ce que Tu as choisi!]

C'est le sens du verset : « lorsque Moshé élevait sa main... Est-ce que les mains de Moshé... ? » : Lorsqu'Israël regardait seulement vers le Ciel, et ne suppliaient pas HaQadosh Baroukh Hou au sujet de leur détresse personnelle, mais se concentraient exclusivement sur la profanation du Nom de leur Père dans les Cieux, ils triomphaient ; sinon, [ils s'affaiblissaient] (4).

La Mishna enseigne en outre [en ce qui concerne la seconde manière, c'est-à-dire une prière orientée vers la perception de HaShem comme « en souffrance »], même s'il ne s'agit pas d'une situation de profanation du Nom, que la Torah y fait allusion dans l'épisode du serpent d'airain, exemple de la manière dont une requête ou une prière adressée à HaShem peut être reçue devant Lui.

[La même question se pose alors:] est-ce qu'un serpent [d'airain] décide de la vie ou de la mort ? [la réponse est que] lorsque [les Bnéi] Israël ne tenaient aucun compte de leur détresse personnelle, mais concentraient supplications et requêtes uniquement sur la grande affliction subie par HaShem lorsqu'ils commettent des fautes, que le Miséricordieux nous protège, et sur la souffrance causée En-Haut, qui résulte de l'état de détresse lié au châtiment de leurs péchés, alors « ils étaient guéris, [et sinon ils dépérissaient] (5).

1 Rosh haShana 29a sur Shémot 17,11, où il est question de la première guerre contre Amaleq, peu après la sortie d'Égypte.

2 Ibid. sur Bamidbar 21,8 où HaShem demande à Moshé de fabriquer un serpent d'airain pour remédier à l'attaque des serpents venimeux suscités contre eux, du fait de leur rébellion contre Moshé.

3 Pesikta deRav Kahana Piska 3,10 (Pesikta deRav Kahana Piska est une collection de Midrashim qui remontent probablement au Vè ou Viè siècles, classés par Parasha.)

4 Ibid. paragraphe suivant.

5 Bamidbar – Nombres 21,8. Voir P3C12 et Note 46.