2.10

Chacun des mots prononcés dans la prière a un impact considérable.

Pour la protection du 'Am Israël ; pour le retour de tous nos otages; pour le rétablissement complet de la santé de Hélène-Esther bat Corinne, de Aharon ben Sarah et de tous les malades et blessés en Israël

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Il ne s'agit pas de se concentrer seulement sur les formulations de la prière qui commencent par « בָּרוּךְ אַתָּה Béni sois-Tu... » et correspondent [comme on l'a vu], à un supplément et à un accroissement de l'épanchement de la bénédiction. La même concentration sainte s'applique également à chacun des mots de toute la séquence de la prière (1).

C'est que chacun des mots de la prière ou des bénédictions spécifiques monte dans les hauteurs les plus élevées, par l'intermédiaire « des créatures ailées (les anges qui élèvent les paroles) (2) », pour avoir un impact sur la racine supérieure à laquelle [le mot] est spécifiquement relié. C'est ainsi [qu'en prononçant les mots], il devient l'associé du Créateur, si l'on peut dire, et construit et établit une multitude de mondes.

Comme il est dit : « Lorsqu'une personne exhale le souffle et la parole de sa prière, de nombreuses créatures ailées ouvrent leurs ailes et leurs bouches pour la recevoir comme il est écrit : ''Car l'oiseau du ciel transportera le son, et celui qui a des ailes en rapportera la parole (3)'' et HaShem va prendre ces paroles et construira avec elles des mondes. Comme il est écrit à leur sujet : ''Comme ces cieux nouveaux et comme cette terre nouvelle [que Je ferai naître dureront devant moi] (4)'', le secret de la parole, c'est : ''J'ai déposé Mes paroles dans ta bouche, et Je t'ai abrité à l'ombre de Ma main, voulant établir de [nouveaux] cieux et réédifier la terre, et dire à Sion : Tu es Mon peuple ! (5)" Ne lis pas ''Tu es Mon peuple (עַמִּי ) mais ''avec Moi (עִמִי) '' en tant qu'associé. (6) »

« Les sages comprendront (7) » de leur propre intelligence, que ce n'est pas pour rien que la rédaction de cette petite supplication et cette courte prière [c'est-à-dire la Amidah] a requis [l'attention et les efforts] des cent-vingt anciens [les hommes de la Grande Assemblée (8)], qui comprenait nombre de prophètes.

Grâce à l'inspiration divine et au niveau élevé de leur prophétie, ils connaissaient les arcanes de l'ordre de la Création, et les éléments composant le Char divin (la Merkava) leur étaient dévoilés. C'est ainsi qu'ils formulèrent et établirent la forme des prières et des bénédictions, dans ces termes précisément. Il voyaient et percevaient de quelle manière la lumière [c'est-à-dire l'impact] se révélerait à partir de chacun des mots [du texte]. C'est ce qui était éminemment nécessaire pour corriger de nombreux mondes, les forces supérieures, et l'agencement du Char divin.

Comme l'ont enseigné nos Maîtres de mémoire bénie : « Notre service satisfait les besoins du Très-Haut. (9) »

Ainsi qu'il est dit : « HaShem désire les prières des Tsaddiqim. (10) »

Pourquoi les Matriarches étaient-elles stériles ? Rabbi Lévi a enseigné : parce que HaShem désirait leurs prières (11).

Viens et vois : Yitsḥaq a été marié pendant vingt ans et [Rivqa] ne lui donna pas d'enfant avant qu'il ne prie, parce que HaShem désire la prière des Tsaddiqim. Quelle en est la raison ? C'est pour qu'un accroissement et un supplément de Sainteté se produise pour tous ceux qui en ont besoin, par l'intermédiaire des prières des Tsaddiqim (12).

Comme il est explicitement écrit : « Sa Volonté, c'est la prière des hommes droits. (13) »

C'est pourquoi Ḥazal décrivent la prière comme « des paroles qui se tiennent au sommet de l'univers (14) ». Ils veulent dire que les mots de la prière se tiennent eux-mêmes au point le plus élevé, comme il est écrit : « La prière d'une personne est le service de l'âme (15), qui existe dans le royaume des secrets sublimes, et les gens ignorent que la prière d'un homme déchire l'air et les cieux, ouvre toute ouverture et s'élève dans les hauteurs (16). »

Voyez à la page suivante [où la parole s'élève, [et En-Haut] on attend les mots de la prière qui monte et [l'ange] préposé les prend, si ce sont de bonnes paroles, et tous ils embrassent ces mots et montent avec eux (17).]

[Une parole de prière est unie aux Royaumes supérieurs. (18)]

[La prière s'élève... Et ils sortent, s'inclinent devant la prière et la couronnent, et montent jusqu'à atteindre le sixième ciel, où beaucoup viennent pour l'accueillir, et montent [avec elle encore] jusqu'aux soixante-dix portails (19).]

L'ascension des mots de la prière est une chose absolument merveilleuse !

Comme il est dit : « Au moment de la prière, toutes ces paroles prononcées s'élèvent dans les hauteurs et brisent les cieux jusqu'à parvenir à leur place et y être couronnées. (20) »

[La voix de la prière], au moment de son articulation physique, éveille la voix supérieure correspondante, la « grande Voix » dont parle le Zohar (21).

C'est ce qui est écrit à de nombreuses reprises dans le Zohar. (22) », à savoir que la prière s'élève pour faire descendre la bénédiction depuis les profondeurs du tout, qui est « la grande Voix. (23) »

Ainsi qu'il est écrit : « La voix est la voix de Ya'aqov – (הַקֹּל קוֹל יַעֲקֹב 24» La voix de la personne qui prie éveille la Voix supérieure.

C'est pourquoi Ḥazal commentent le verset : « elle [la Nation sainte – Israël] a donné de la voix contre Moi, c'est pourquoi Je l'ai prise en haine. (25) » Il s'agit d'un Shaliaḥ Tsibbour disqualifié, parce que seule sa voix est belle, mais non sa conduite26. Sa voix n'éveille pas la Voix supérieure. C'est le sens de « [Israël] a donné de la voix contre Moi », autrement dit, seulement sa voix, « c'est pourquoi Je l'ai prise en haine. »

C'est également le sens du verset : « HaShem fait retentir Sa Voix à la tête de son armée. (27) »

Par conséquent, Bien que Ḥazal décrivent la prière comme « le service du cœur », ils apprennent des versets qui concernent Ḥannah que pour avoir un effet, la prière doit être articulée [par la voix.]

   

1 Rabbi Ḥayim fait ici allusion à la séquence Shéma' Israël – Amidah.

2 Littéralement les maîtres des voix. Un expression très semblable figure en Zohar II Mishpatim 122b, où elle évoque ces créatures en tant qu'elles sont « les oreilles de HaShem ».

3 Qohélet – Ecclésiaste 10,20 : « כִּי עוֹף הַשָּׁמַיִם יוֹלִיךְ אֶת-הַקּוֹל, וּבַעַל הכנפים (כְּנָפַיִם) יַגֵּיד דָּבָר »

4 Yéshayahou – Isaïe 66,22 : « כִּי כַאֲשֶׁר הַשָּׁמַיִם הַחֲדָשִׁים וְהָאָרֶץ הַחֲדָשָׁה אֲשֶׁר אֲנִי עֹשֶׂה, עֹמְדִים לְפָנַי »

5 Ibid. 51,16 : « וָאָשִׂם דְּבָרַי בְּפִיךָ, וּבְצֵל יָדִי כִּסִּיתִיךָ; לִנְטֹעַ שָׁמַיִם וְלִיסֹד אָרֶץ, וְלֵאמֹר לְצִיּוֹן עַמִּי-אָתָּה ». Ce verset sera cité de nouveau à plusieurs reprises au quatrième Portique, pour illustrer l'idée que HaShem construit des mondes à l'aide des iddoushim (des interprétations nouvelles du Texte saint) produits par Israël au cours de son étude de la Torah (v. P4C6, note 9 et P4C12.)

6 Tiqounéi Zohar Tiqoun 69 105b-106a. Cette conception rejoint l'idée du « Shi'our Qoma » : de même que HaShem crée les mondes par Sa Parole, comme il est écrit : « Par la parole de HaShem les cieux se sont formés, [par le souffle de Sa bouche, toutes leurs milices] » (Téhillim 33,6), de même l'homme crée par les paroles de sa prière.

7 Citation stylistique de Daniel 12,10, qui désigne ceux qui sont initiés à la Kabbala.

8 Voir P1C1, Note 6 de Rabbi Hayim, P1C11, P1C12, P2C1, P2C3.

9 Shabbat 116b et Ménaḥot 64a. Dans ce contexte, le service est celui de la prière, et l'expression « les besoins du Très-Haut » signifie la réparation des mondes et des forces supérieures et de la Merkava. Elle est utilisée en P1C9 et à la fin de P2C4.

10 Yévamot 64a.

11Midrash Tanḥouma Toledot 9.

12 Zohar I Toledot 137a.

13 Mishléi – Proverbes 15,8 : « וּתְפִלַּת יְשָׁרִים רְצוֹנוֹ ». Le Rabbinat traduit : « Il prend plaisir à la prière des gens de bien. »

14 Berakhot 6b.

15 C'est-à-dire de la parole, liée à Rouaḥ. Le Professeur Gross traduit par « un service spirituel. »

16 Zohar II Wayaqhel 201a.

17 Zohar II Wayaqhel 201b.

18 Zohar II Wayaqhel 202a.

19 Zohar II Wayaqhel 202b.

20 Zohar III Vaètḥanan 260b.

21 Zohar II Yithro 81a : « Rabbi Yéhoudah dit : Il y eut trois types de ténèbres [lorsqu'Israël reçut la Torah] comme il est écrit : ''Obscurité, nuage et épaisse nuée (חֹשֶׁךְ, עָנָן וַעֲרָפֶל)'' (Dévarim 4,11), et cette Voix émanait de l'intériorité [de chacun des types de ténèbres]. Rabbi Yossi dit : [la Voix était] l'intériorité de chacune d'entre elles comme il est écrit : ''cette Voix sortie du sein des ténèbres (הַקּוֹל מִתּוֹךְ הַחֹשֶׁךְ)'' (Dévarim 5,19 qui fait allusion, comme le précise Rashi, au fait que « Il ne s'interrompait pas, et du moment qu'Il ne s'interrompait pas Il ne reprenait pas, car Sa voix est puissante et éternelle.) » L'obscurité dont il est question fait référence aux niveaux de voilement. On comprend par conséquent, que, quel que soit le niveau de voilement, la Grande Voix est la véritable intériorité de toute chose. »
Zohar III Vaètḥanan 261a : Le Hé (ה) supérieur (référence au premier Hé du Tétragramme qui est lié à Binah) est ''la Grande Voix ininterrompue'' (Devarim 5,19) dont les sources d'eau [c'est-à-dire la nourriture et le maintien à l'existence des mondes] ne cessent jamais, et tout ce vacarme au moment où la Torah fut donnée à Israël venait de cette Voix, l'intériorité de toute chose [v. Ménahot 29b, qui explique que le Monde à venir a été créé avec le Youd et ce monde-ci avec le Hé, par référence à Binah. Voir aussi Zohar Ḥadash I Yithro 57b qui enseigne : « Il a tout créé avec Binah, mais Lui, personne ne L'a créé. »

22 Zohar I Wayeḥi 229b : Quand la lumière paraît au matin, et que s'éveille le côté droit [qui représente Ḥessed, la compassion] dans le monde, une personne doit s'attacher à la droite de HaShem et Le servir par le service de la prière, car c'est la prière qui apporte force et puissance [aux royaumes] d'En-Haut, et qui fait descendre la bénédiction depuis les profondeurs supérieures [c'est-à-dire Binah] à tous les mondes [supérieurs], et de là, la bénédiction descend jusqu'aux mondes inférieurs, et c'est ainsi que sont bénis les mondes supérieurs et inférieurs, par le service de la prière.
Zohar II Béshallaḥ 63b : Toute personne qui présente sa requête devant le Roi doit concentrer ses pensées et sa volonté sur la racine des racines, pour attirer la bénédiction des profondeurs de la fosse, de sorte que la bénédiction coule à flots de la fontaine du tout (…), des profondeurs du tout, les profondeurs de la fosse d'où jaillissent les fontaines, et d'où elle s'épanchent pour les bénir tous...
Zohar III Vaètḥanan 265b : Celui qui veut prononcer sa prière devant le Saint Roi doit demander aux profondeurs du tout [c'est-à-dire Binah] d'épancher la bénédiction vers le bas [sur les mondes inférieurs.]

23 La citation suivante , tirée du Shomer Émounim (Rabbi Aharon Roth, 1894-1947), jette un éclairage sur le concept de « grande Voix », que les précédents passages du Zohar identifient à la source de toute bénédiction et de toute existence : « À mon humble avis, c'est là le secret du Tsimtsoum [l'occultation de la Divinité du point de vue du monde créé.] Cela signifie que bien que le Or Eyn Sof [la Lumière infinie de HaShem Yitbarakh] ne connaisse aucune limite, Il a le pouvoir de limiter, car il peut dissimuler Sa puissance sans limites, et agir en usant d'une puissance limitée, de sorte que des entités finies puissent la recevoir. C'est ce qu'ont enseigné Hazal (Shemot Rabba 5,9) sur le verset : ''Moshé parla et HaÉloqim lui répondit par un son (וְהָאֱלֹקִים יַעֲנֶנּוּ בְקוֹל)'' (Le Rabbinat traduit : ''Moïse parlait et la voix divine lui répondait.'' Shemot 19,19), soit avec une voix (בְקוֹל) que Moshé pouvait entendre. Il est écrit de même : ''La Voix de HaShem avec force – קוֹל-ה׳ בַּכֹּחַ'' (Téhillim 29,4) On ne lit pas : avec toute Sa force, mais avec une puissance limitée et modérée. »
Par conséquent, c'est bien la grande Voix de HaShem qui crée le monde, avec les proclamations de Béreshit, en dissimulant et en atténuant Sa Puissance de sorte que des êtres créés puissent se percevoir comme des entités distinctes. C'est le concept du Tsimtsoum. Notre prière, adressée à HaShem au plus haut niveau possible, c'est-à-dire le niveau de Sa connexion avec ce monde, fait descendre sur ce monde un supplément de bénédiction.
Le concept de voix est donc synonyme de celui du Tsimtsoum, et aussi du niveau de Malkhout, comme le dit le Arizal : « La Voix et la parole ont toutes deux leur racine dans Malkhout. »
Avec l'aide de HaShem, on reviendra sur la question éminemment importante du Tsimtsoum dans les chapitres 3 et 5 du troisième Portique.

24 Béreshit – Genèse 27,22. La répétition du mot qol (voix) suggère que la voix de HaShem fait écho à celle de l'homme .

25 Yirmiyahou – Jérémie 12,8.

26 Ta'anit 16b.

27 Yoel – Joël 2,11. Le verset continue : « forts sont ceux qui exécutent ses ordres », ce qui suggère dans notre contexte que notre voix n'a de sens que dans la mesure de notre capacité à écouter la Voix, et à accomplir les commandements divins.

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