2.17
La racine de l'âme humaine
<- Page précédente Page suivante ->

Cependant « Éloqim a d'autres paroles (1) », pour celui qui sert HaShem avec Sainteté [en lien avec] un niveau spécifique : le niveau de la racine de la Néshama, qui est la Néshama de la Néshama, selon la formule du Zohar, et qui s'appelle « Ḥaya (2) »
Adam haRishone [avant la faute] pouvait accéder [au niveau de Ḥaya], ainsi qu'au niveau de Yéḥida qui est contenu en elle. C'est le secret du monde de Adam Qadmon (3), comme on l'a compris du Èts Ḥayim, à savoir que Adam méritait d'accéder au niveau véritable et essentiel de Ḥaya Yéḥida (4).
Voir le Séfer haGilgoulim (5).
C'était l'intention primordiale de Ḥazal, lorsqu'ils ont interprété le verset : « Que la terre produise des êtres animés (Néfesh Ḥaya) (6)», c'est-à-dire y compris les âmes de Adam et du Mashiaḥ, et ce niveau [de Ḥaya Yéḥida (7)] et le secret de l'âme collective unique d'Israël], Knesset Israël (8), la terre des vivants (9).
(C'est la racine de l'élément « terre (poussière) », un des quatre éléments, les racines primordiales, les pères de tous les mondes, comme l'enseigne le Zohar HaQadosh (10).)
Comme il est écrit : « Que la terre produise des êtres animés (Néfesh Ḥaya) » etc (11). Et encore : « Et toutes les créatures animées (12) » etc. (13)
Voyez le Zohar à la fin de Waètḥanane.
Voyez ce que dit le Ramban sur le verset : « Faisons l'homme (14) », car l'esprit de HaShem parle par sa plume (15).
C'est pourquoi Adam était constitué de telle sorte qu'il ne devait pas mourir, comme il est écrit : « La Ḥokhma sera téḥayé (elle donnera la vie) à ceux qui la possèdent (16) ». C'est ce niveau qui est appelé « Ḥaya (17)», et c'est le sens du verset « Que la terre produise des êtres animés (Néfesh Ḥaya) ».
Cependant, du fait de sa faute, [ce niveau] s'est séparé de lui (18).
Voyez les écrits du Arizal à ce sujet (19).
Après cela, aucun être n'a mérité d'atteindre ce niveau dans ce monde en restant en vie, comme Ḥanokh, lorsqu'il parvint à ce niveau, et hérita du statut de Adam : le monde [physique] n'était pas capable de tolérer sa présence, et il fut forcé de le quitter (20) !
De même Éliyahou haNavi quitta ce monde (21) quand il eut atteint en partie ce niveau de rayonnement sublime.
C'est ce qu'on trouve dans les écrits du Arizal.
Comme il est dit dans le Zohar : « Ha Qadosh Baroukh Hou lui dit (…) le monde ne peut tolérer que tu restes avec le peuple (22). »
Nous espérons atteindre ce niveau, après la résurrection des morts, s'il plaît à D.ieu « jusqu'au jour où se répandra sur nous un esprit (Rouaḥ) d'en haut [où le désert redeviendra un verger.] » (23)
Ce niveau est la racine de la pensée d'une personne. Le niveau de la pensée, c'est lorsqu'elle attache sa pensée à un sujet particulier ; c'est le niveau de Néshama comme il est écrit : « C'est la Néshama de Shaqqaï qui leur donne la compréhension (24) », après quoi la personne peut comprendre la pensée.
Toutefois, la source générale qui est à la racine de la capacité de penser nous est entièrement dissimulée, et la personne elle-même ne peut pas savoir « d'où elle vient. (25) » Cette source est le niveau de la racine de Néshama.
Ce niveau dissimulé correspond au niveau de la combinaison des lettres au sein de chaque mot, qui est la racine de la Néshama des lettres et du pouvoir de leur Rouaḥ dans leur source supérieure (26).
Dans l'état actuel des choses, il n'est pas possible de se relier à la véritable essence des ces combinaisons [de lettres] et leur séquence dans leur racine supérieure.
C'est que nous sommes actuellement incapables de nous attacher à la racine de la Néshama. Après la résurrection nous pourrons accéder à une compréhension complète (Binah) du secret de l'agencement des combinaisons des lettres au niveau de leur racine sainte, comme il est écrit : « Aux temps futurs, nous serons invités à contempler la Néshama de la Néshama de la Torah ! »
C'est le niveau de la racine des toutes les âmes d'Israël, Malkhout de Atsilout, et il est appelé « Knesset Israël ». (27)
1 Citation stylistique de Iyov 36,2, que le Rabbinat traduit par « [Accorde-moi un peu d'attention, et je t'instruirai; car] il reste encore des arguments en faveur de Éloqim. »
2 Dans le modèle de la Kaballa du Arizal, tel qu'il a été décrit pas Rabbi Ḥayim Vital, les mondes se divisent en cinq catégories générales de niveaux de mondes, qui sont en ordre descendant Adam Qadmon, Atsilout, Béria, Yétsira et 'Assiah. Ces cinq niveaux correspondent au tag de la lettre youd du Tétragramme (c'est-à-dire la pointe au sommet de la lettre), suivi de chacune des lettres du Tétragramme qui correspondent respectivement à 1. la Volonté divine (ou Keter – la couronne, représentée par la pointe de la lettre Youd qui pointe vers le haut pour indiquer que la Volonté divine est infiniment abstraite par rapport à Ḥokhma.) 2. Ḥokhma (représentée par un Youd qui n'est qu'un point sans expansion). Elle ne fait qu'exister sans analyse. 3. Binah (représentée par le Hé, qui est formé par la lettre Dalet – valeur numérique 4, entourant un point – un Youd, l'expansion en quatre directions, c'est-à-dire l'analyse du point de Hokhma.) 4. Les six midot (représentées par le Vav dont la valeur numérique est 6. Le Vav représente aussi le chemin qui mène des niveaux supérieurs aux niveaux inférieurs.) 5. Malkhout (représentée par un Hé – valeur numérique 5 – les cinq parties de la bouche qui prononcent les différents regroupements de lettres finales : « ם ן ץ ף ך », qui ont pour valeurs numériques : mem nun = Melekh (90) , Tsadé = Malakh (90), Pé khaf = Yimlokh (100), l'expression absolue de la Royauté divine qui embrasse le passé, le présent et l'avenir. L'importance des lettres finales, c'est que par définition, elles achèvent le mot et en représentent l'ultime manifestation. Cette structure a son reflet dans l'âme humaine, et correspond respectivement aux cinq niveaux de Yéḥida, Ḥaya, Néshama, Rouaḥ et Néfesh. On a appris que le niveau de Néfesh est associé à l'action, Rouaḥ à la parole et Néshama à la pensée (liée à Binah, la compréhension, ou le discernement ; v.P1C14). Binah est activée par une capacité entièrement dissimulée de Ḥokhma, qui est à son tour inspirée par une volonté subtile. Le niveau correspondant de Ḥaya (et de Yéḥida, en tant qu'elle se manifeste en Ḥaya) a été entièrement occulté depuis la faute de Adam haRishone (l'impact de la faute de Adam et Ḥava est développé en P1C15 et C22, ainsi qu'à la fin de P4C28.) Tous ces niveaux sont interconnectés, chaque niveau étant l'âme du niveau suivant. Après la faute de Adam et Ḥava, les composants de l'âme dont nous pouvons être conscients sont Néfesh, Rouaḥ et Néshama. En pratique, ces composants sont ce qu'on appelle « l'âme ». L'expression « l'âme de l'âme » désigne donc le niveau de Ḥaya.
3 Voir note précédente.
4 Ets Hayim Sha'ar 20, Sha'ar Moḥin (fin du chapitre 12).
5 Séfer haGilgoulim, Chapitre 1 : « Adam, lorsqu'il fut créé, comprenait en lui tous les niveaux dont il a été question, de Néfesh de Atsilout jusqu'à Yéḥida de Atsilout. »
Chapitre 17 : « Lorsque Adam fut créé, le monde de Bériah se trouvait dans ce qui est à présent une petite partie de Atsilout. Depuis la faute, il [le monde de Bériah] est descendu jusqu'à atteindre l'état actuel des mondes les plus inférieurs après la destruction du Temple. »
6 Béreshit – Genèse 1,24 : « תּוֹצֵא הָאָרֶץ נֶפֶשׁ חַיָּה ».
7 Comme dans « Néfesh Ḥaya », qui est la source du niveau de Néshama.
8 Les deux âmes de Adam haRishone et de Mashiaḥ sont des âmes spéciales, qui englobent toutes les âmes d'Israël. On a fait allusion à « Knesset Israël » en P1C16 et 17.
9 Béreshit Rabba 7,5 et 8,1.
10 Zohar II Waéra 23b. Cette source est plus longuement citée dans Maamar beTsélem. Les quatre éléments sont la terre (la poussière), le vent (l'air), l'eau et le feu.
11 Rabbi Ḥayim cite deux sources identiques de cet enseignement : Zohar II Shémot 12a et Zohar III Shélakh 174b. Voici quelques précisions supplémentaires provenant de ces sources :
« Cela veut dire que les âmes des Tsaddiqim s'étendent de ce lieu très élevé (…) et qu'il y a une mère et un père pour l'âme, tout comme le corps physique a un père et une mère. Cela veut dire aussi que de tous côtés, en haut ou en bas, tout existe par la combinaison du mâle et de la femelle, et c'est là le secret de « Que la terre produise des êtres animés (Néfesh Ḥaya) » où « la terre » est la Knesset Israël [c'est-à-dire l'âme collective d'Israël, principe féminin] et « Néfesh Ḥaya » est l'âme de Adam haRishone. »
12 Béreshit – Genèse 1, 21 : « וְאֵת כָּל-נֶפֶשׁ הַחַיָּה ».
13 Zohar III Shémini 39b : « ''Et toute créature animée (Néfesh Ḥaya)'' c'est le Néfesh de Adam qui vient de la ''terre'' supérieure, qui provient de la Ḥaya supérieure qui est au-dessus de toute chose, comme il est écrit : ''Que la terre produise des êtres animés (Néfesh Ḥaya)'' : c'est l'âme de Adam haRishone. »
14 Béreshit – Genèse 1,26 : « נַעֲשֶׂה אָדָם ».
15 Ramban Béreshit 1,26 : « Dans Béreshit Rabba (7,5), il est dit ''Que la terre produise des êtres animés (Néfesh Ḥaya) selon leurs espèces.'' Rabbi Elazar dit : ''Néfesh Ḥaya, c'est le Rouaḥ de Adam.'' Il est possible que, ce que Rabbi Elazar voulait expliquer, c'est que ''Que la terre produise'' fait allusion à la terre de la vie, qui produit Néfesh Ḥaya, et qui, comme elle, vit éternellement. »
16 Qohélet – Ecclésiaste 7,12 : « הַחָכְמָה תְּחַיֶּה בְעָלֶיהָ », littéralement : la Sagesse donne la vie à ceux qui la maîtrisent.
17 C'est-à-dire « vit éternellement ». On a vu au début du chapitre que le niveau de Ḥaya est identifié à Ḥokhma. Cette idée est développée au chapitre 1 du Séfer haGilgoulim : Ḥokhma est appelée Ḥaya, car c'est le nom de la source de la vie et le secret de « La Ḥokhma sera téḥayé (elle donnera la vie) à ceux qui la possèdent. »
18 En même temps que de toutes les générations à venir : il a été la cause de l'introduction de la mort dans le monde. (voir P1C6 à ce sujet.)
19 Séfer haGilgoulim, Chapitres 15 et 35.
20 Sans mourir physiquement, cependant.
21 De même sans mourir physiquement. Sa « montée » dans les cieux est rapportée en II Rois, 2,1 et suivants. Beaucoup de sources talmudiques glosent sur la manière dont le prophète a quitté ce monde (par ex. Yéroushalmi Souccah 5:2 qui affirme que Éliyahou n'a jamais goûté à la mort.)
22 Zohar I Wayigash 209b.
23 Yéshayahou – Isaïe 32,15 : « עַד-יֵעָרֶה עָלֵינוּ רוּחַ, מִמָּרוֹם ».
24 Iyov – Job 32,8 : « וְנִשְׁמַת שַׁקֵי תְּבִינֵם ».
25 Rabbi Ḥayim utilise l'expression « מֵאַיִן תִּמָּצֵא » tirée du verset : « וְהַחָכְמָה, מֵאַיִן תִּמָּצֵא; וְאֵי זֶה, מְקוֹם בִּינָה » (Iyov 28,12), qui associe cette expression au niveau de Ḥokhma (voir P3C2).. En vérité, le niveau de Ḥaya est identifié à Ḥokhma, et Ḥokhma est elle-même la racine de Binah. Après la faute, il n'était plus possible à quiconque de se relier au niveau de Hokhma et de continuer à exister dans ce monde (d'une existence physique ordinaire), comme on l'a vu au sujet de Ḥanokh et de Éliyahou haNavi.
26 Voir plus loin P4C28.
27 Rabbi Ḥayim introduit ici la note 38 reproduite ci-après et intitulée : « La Knesset Israël est la mère des âmes, dont HaShem est le Père.
