2.2

Baroukh (בָּרוּךְ) est un accroissement de la partie révélée de HaShem Yitbarakh Shémo

Pour la protection de nos soldats et de tout le peuple d'Israël, pour le retour des prisonniers, pour la guérison des blessés et la consolation de toutes les familles endeuillées.

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Le concept qui sous-tend le terme « Baroukh (béni) » ne s'identifie pas, comme on le croit souvent, à une forme de louange. Lorsque HaShem demande à Rabbi Yishmaël : « Yishmaël Mon fils, bénis-Moi », la bénédiction de Rabbi Yishmaël ne comporte aucune louange, mais plutôt une prière, une supplication pour [obtenir] la Miséricorde [divine pour Israël. (1)]

Dans la même veine, le Talmud enseigne [qu'en ce qui concerne l'obligation de restituer à la nuit le gage pris au pauvre qui doit de l'argent] la Torah déclare : « et il te bénira (2) », mais cela exclut [le cas où le pauvre a voué une certaine somme au Temple, car il n'y a pas d'obligation de la lui rendre à la nuit,] le Heqdesh (3) n'exigeant pas de bénédiction. [Cela est vrai même si] la suite de la Guémara s'interroge sur le fait que, bien que le verset indique explicitement que « tu mangeras, tu seras rassasié et tu béniras HaShem ton Éloqim (4)... » [le premier sens demeure, c'est-à-dire que HaShem n'a pas besoin de notre louange (5).]

En réalité, la signification de Baroukh (בָּרוּךְ) est celle d'un ajout, d'un accroissement, comme [le montrent] les versets : « Reçois, je te prie mon présent (birkati – ma bénédiction) (6) » ou « [Vous servirez uniquement HaShem votre Éloqim ; et] Il bénira ta nourriture [et ta boisson]. (7) » ou encore « [Il t'aimera, te bénira, te multipliera,] Il bénira le fruit de tes entrailles [et le fruit de ton sol]. (8) » et bien d'autres exemples semblables, qui ne peuvent avoir le sens de louange, mais seulement celui d'une addition et d'un accroissement.

On trouve dans le Zohar de nombreuses références à l'épanchement de la bénédiction dans le contexte d'un ajout, ou d'un accroissement. [Par exemple, la syntaxe de] « Sois béni Éternel » implique la descente de la vie depuis la Source de la vie jusqu'au Nom divin... Et il est écrit : « tu mangeras, et tu seras rassasié, et tu béniras HaShem ton Éloqim... » Ces mots sont ceux qui font descendre la bénédiction (9).

De même, [le Arizal enseigne dans] le Pri Ets Ḥayim : « Le secret de la Berakha est lié à toutes les formes d'accroissement (10) », et de même ailleurs dans l'ouvrage.

Le Rashba (11) donne le même enseignement au sujet de « Yishmaël Mon fils, bénis-Moi. (12) »

Néanmoins, le concept de « bénir HaShem » ne peut être compris comme relié à l'Essence unifiée de D.ieu, 'has veShalom, car cette [essence] est inaccessible à toute [possibilité] de Berakha (13). Ce concept reflète l'enseignement du Zohar (14), qui décrit HaShem comme à la fois caché et révélé :

« L'Essence infinie de D.ieu est si profondément cachée qu'aucun nom ne peut la désigner d'aucune manière, 'has veShalom, pas même le Tétragramme, ni le tag sur le Youd du [Tétragramme] (15). » Malgré le fait que le Zohar utilise le terme « Eyn Sof » (littéralement : il n'y a pas de fin) pour désigner l'Essence infinie de HaShem, il ne s'agit pas d'une référence à HaShem Lui-même, mais de la perception que nous avons de Lui en tant qu'Il active les forces qui s'épanchent dans les mondes selon Sa Volonté. C'est pour cela qu'on fait référence à Lui comme « sans fin » plutôt que « sans commencement ». En réalité, de Son point de vue, Il est sans commencement ni fin, et ce n'est que de notre perspective que Ses forces sont un commencement (רֵאשִׁת) [c'est-à-dire qu'elles sont présentes], mais c'est une perception « sans fin - אֵין סוֹף» qu'il faudrait pour accéder aux forces émanées de Lui, que Son Nom soit béni (16).

La petite part [de HaShem] à laquelle on peut accéder, et qu'on peut désigner en utilisant certaines descriptions, appellations ou noms et attributs, tels qu'on les trouve dans la Torah et le texte des prières, est reliée exclusivement à la connexion de D.ieu avec les mondes et les forces, tels qu'à compter de la Création Il les établit, leur donne vie, et les gouverne selon Sa Volonté. On y fait référence sous la désignation de « l'émanation qui descend de Sa force vitale à travers les niveaux des Sefirot », selon tous les différents aspects sous lesquels apparaissent tous les détails qui descendent dans ce monde-ci, que ce soit pour [appliquer] la justice, la bonté ou la miséricorde, par l'intermédiaire des puissances supérieures et de leurs combinaisons, ces appellations ou noms et attributs se modifient en conséquence.

À chaque voie de conduite définie est associé un nom spécifique qui la décrit. Le sens de ces descriptions, c'est qu'elles correspondent à la perspective d'une force créée, par exemple « le Miséricordieux », « le Compatissant » dont la signification est d'avoir miséricorde et compassion pour les créatures.

Même le Tétragramme, qui fait référence à Son Essence unifiée, «הֲוָיָ״ה », nous ne l'utilisons pas seulement pour nous relier à Son Essence en désignant Son Unité, mais pour [nous relier à] la manière dont il est en connexion avec les mondes, parce que sa signification est qu'Il A Été, Il Est et Il Sera (17), et qu'Il crée constamment toute chose (18), c'est-à-dire que HaShem se connecte avec les mondes selon Sa Volonté, pour les faire exister et les maintenir à l'existence à tout moment (19).

C'est ce qu'enseigne le Arizal dans son langage de Sainteté : « Toutes les descriptions et le Noms [de HaShem] sont noms de Son Essence en tant qu'elle se manifeste dans les niveaux des Séfirot (20).


Mis en ligne le 17 Kislev 5785 (17 décembre 2025)

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1 Berakhot op. cit.




2 Dévarim – Deutéronome 24,13 : « וּבֵרְכֶךָּ; וּלְךָ תִּהְיֶה צְדָקָה ». Rashi commente : « Il te bénira : Et s'il ne te bénit pas, ''cela sera pour toi générosité (צְדָקָה )'' de toute façon. »

3 Tout objet ou valeur dédiée par l'homme au Temple est appelée « Heqdesh – הֶקְדֵשׁ », et dès l'instant de sa désignation par son possesseur, ne peut plus être utilisé à un usage profane (appelé Méila, mésusage de choses saintes).

4 Dévarim – Deutéronome 8,10 : « וְאָכַלְתָּ, וְשָׂבָעְתָּ-וּבֵרַכְתָּ אֶת-ה׳ אֱלֹקֵיךָ »




5 Baba Metsia 114a.




6 Béreshit – Genèse 33,11 : « קַח-נָא אֶת-בִּרְכָתִי » C'est la formule qu'utilise Ya'aqov face à son frère 'Essaw, en manière de réconciliation. Rashi commente : « Ma bénédiction : Mon cadeau, à savoir un cadeau offert à titre de salutation lorsqu'on est reçu en audience par quelqu'un après un long laps de temps. »

7 Shemot – Exode 23,25 : « וַעֲבַדְתֶּם, אֵת ה׳ אֱלֹקֵיכֶם, וּבֵרַךְ אֶת-לַחְמְךָ, וְאֶת-מֵימֶיךָ » HaShem accroîtra ta subsistance (littéralement : ton pain), en réponse à ton Service.

8 Dévarim 7,13 : « וַאֲהֵבְךָ, וּבֵרַכְךָ וְהִרְבֶּךָ; וּבֵרַךְ פְּרִי-בִטְנְךָ וּפְרִי-אַדְמָתֶךָ דְּגָנְךָ וְתִירֹשְׁךָ וְיִצְהָרֶךָ, » où HaShem ajoutera à ta descendance et à tes biens, en réponse à l'accomplissement de Ses commandements.








9 Zohar Raya Méhemna III Ékev 270b, qui cite Dévarim 8,10.




10 Pri Ets Ḥayim Shaar haQaddishim, chapitre 1, dans le contexte de la formule « Barekhou » qui précède la récitation du Shém'a.

11 Rabbi Shlomo ben Avraham ibn Aderet (1235–1310), connu sous l'acronyme de son nom : רשב״א. Il fut un disciple du Ramban et de Rabbénou Yonah, et l'auteur, entre autres, d'ouvrages de Halakha et de commentaires du Talmud.

12 Ḥiddoushéi haRashba sur les Aggadot du Talmud, Berakhot 7a, et notamment sur « le mot bénédiction [qui] est un langage de supplément et d'accroissement. »

13 Mentionner un accroissement ou une addition en relation avec l'Essence divine n'a aucun sens !

14 Par ex. Zohar III Émor 98b.





15 Dans le Sefer Torah, la lettre youd (י) du Tétragramme est surmontée d'un petit signe (tag, parfois rendu par « couronne ») pointant vers le haut, et indiquant la Volonté sublime de HaQadosh Baroukh Hou, qui ne peut se réduire à la représentation qu'en donne le Tétragramme. Même ce signe infime n'atteint pas, d'aussi loin qu'on puisse le concevoir, le niveau de l'Essence infinie de HaShem Yitbarakh Shémo (d'autres comprennent qu'il s'agit non du tag, mais de la pointe du youd vers le haut, et qui n'est pas plus grosse qu'un point).









16 Une autre raison pour laquelle l'Essence infinie de D.ieu est appelée Eyn Sof (אֵין סוֹף), c'est que cette expression a la même valeur numérique (207) que le mot Ohr (אוֹר), lumière. La Volonté divine, qui est Son lien avec les mondes est comparée à la lumière, qui possède ces propriétés de diffusion et de connexion. Le mot Volonté (רָצוֹן) a la même valeur numérique (346) que « Son Nom » (שְׁמוֹ). Par conséquent, c'est seulement la Volonté divine et Sa relation avec les mondes qui peuvent faire l'objet d'une dénomination, quelle qu'elle soit. Il en va différemment de Son Essence et de « Eyn Sof », pour lesquels aucun nom n'a de sens.

























17 Rabbi Ḥayim ne cite pas de source pour cette signification du Tétragramme. Le Shoulkhan Aroukh (Oraḥ Ḥayim 5,1) ainsi que le Tour sont peut-être ses sources, puisqu'il les cite explicitement dans un autre contexte, en P1 C2, où il évoque le sens du Nom Éloqim. Une source plus claire se trouve dans le Shela (cité dans la note suivante). Les premières sources se trouvent cependant dans le Zohar Raya Méhemna Pinḥas 257b et Tiqounéi Zohar Tiqoun 74 122b.

On lit dans la première de ces sources : « Il en est ainsi [du Nom] « הֲוָיָ״ה », toutes les entités qui existent dépendent [de ce Nom] et [ce Nom] et toutes les entités existantes témoignent au sujet du Maître de l'univers qu'Il était avant toute existence, qu'Il est au sein de toute existence, et qu'Il sera après toute existence. C'est le secret sur lequel toutes les entités existantes témoignent à Son sujet qu'Il A Été, Est et Sera. »
Le Tétragramme est donc une forme condensée de « היה הוה ויהיה – Haya, Hovéh VéYihéyeh », qui fait référence à HaShem en tant qu'Il Se manifeste dans le temps, en même temps qu'Il transcende le passé, le présent et l'avenir. Il faut noter que le Tétragramme désigne HaShem comme transcendant également l'espace, puisque la somme des carrés des valeurs numériques des lettres qui le composent est égale à la valeur du mot « מַקוֹם – Maqom/lieu » (186). Le Tétragramme est un nom qui décrit HaShem en tant qu'il transcende le temps et l'espace. En outre, l'élévation au carré des lettres de l'alphabet hébreu correspond à une intensification du concept initial, et Maqom doit donc être compris comme une intense manifestation divine. Le concept de Maqom est développé dans le troisième Portique.

18 Avec cet enseignement, Rabbi Ḥayim donne au Tétragramme une signification qui semble s'ajouter au premier sens, à savoir qu'il fait constamment exister toute chose. Bien que cela apparaisse comme une signification distincte, cette définition est une conséquence de la première, qui connote la transcendance du temps et de l'espace. Elle est suggérée par le Zohar cité dans la note précédente, qui précise que HaShem est « au sein » de toute existence, est en est par conséquent la cause. Le Tétragramme décrit donc la connexion de HaShem avec le monde, et c'est cette connexion qui crée à tout instant. Si elle est rompue, ne serait-ce qu'un court moment, le tissu de l'espace et du temps cesserait immédiatement d'exister, comme s'il n'avait jamais été. Rabbi Ḥayim mentionne à nouveau cette signification du Nom en P3 C9. Une autre source pourrait être le verset de Néḥémiah (9,6) « אַתָּה-הוּא ה׳, לְבַדֶּךָ (…) וְאַתָּה מְחַיֶּה אֶת-כֻּלָּם – C'est Toi seul qui es HaShem ; c'est Toi qui as fait les cieux (...) Tu donnes [continuellement] la vie à tous les êtres ». Rabbi Ḥayim cite ce verset à plusieurs reprises (P1 C16 Note 14, et P3 C10).
Une autre source possible dans l'oeuvre du Shela haQadosh (Rabbi Yéshayahou ben Avraham Ha-Levi Horowitz 1555-1630, auteur entre autres du Shnéi Loukhot haVerit) qui écrit dans son Sha'ar haOtiot (Ot samekh, Sipouk 3) : « Et celui qui place sa confiance en HaShem reste littéralement fidèle (ou attaché) à HaShem comme il est écrit : «וְאַתֶּם, הַדְּבֵקִים, בַּה׳, אֱלֹקֵיכֶם – vous qui êtes restés fidèles à HaShem, votre Éloqim » (Dévarim 4,4). Car il est attaché à Son grand Nom, Haya, Hovéh VéYihéyeh, qui crée sans cesse toute chose, et donne constamment vie à tout [ce qui existe] comme il est écrit : « Et Tu donnes continûment vie à toute chose » que Ḥazal interprètent ainsi : « Tu donnes continûment vie à toute chose », cela implique inévitablement que « Tu donnes vie à toute chose. »

19 Rabbi Ḥayim introduit ici la Note 19 reproduite à la fin de ce chapitre avec le titre suivant : Le temps n'existe que depuis le monde de Atsilout et de ceux qui lui sont inférieurs.

20 Introduction du Peri Ets Ḥayim : [Après avoir décrit le niveau du monde de Atsilout comme caractérisé par une unité absolue entre ses trois éléments, Eyn Sof, Sefirot et Son Essence, il souligne qu'au niveau du monde de Bériah et en-dessous, il n'y a plus d'unité absolue et que ces niveaux de mondes sont distincts des Sefirot qui leur sont associées] … Mais dans Bériah, Yétsirah et 'Assiah, une telle unité n'existe qu'occasionnellement, et c'est pourquoi nous n'adressons toutes nos prières qu'à Eyn Sof. Cependant, nous ne sommes pas capables de désigner Eyn Sof par quelque descriptif ou dénomination que ce soit, et par conséquent, nous prions en utilisant le médium de la Séfira, puisque tous les noms et descriptions se rapportent au Sefirot. Ce sont les noms de Son Essence qui se manifestent dans chaque Séfira (Voir P2 C4 Note 21).

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