4ÈME PORTIQUE : CHAPITRE 14
Chapitre quatorze : L'étude de la Torah apporte lumière et bénédiction aux mondes
(Pr. Gross : La contribution personnelle à la révélation permanente)
[Lorsque Israël s'adonne à l'étude de la Torah] Tous les mondes et toutes les créatures se réjouissent davantage, et sont illuminées par la lumière supérieure qui émane de la source supérieure de la Torah, [Le monde de Malbush].
Comme il est dit : « il réjouit le Maqom et les créatures »
[Celui qui étudie la Tora lishmah, Pirkei Avot 6,1 ; Mishna complète : « Rabbi Méir disait : « Celui qui se consacre à l'étude de la Tora lishmah acquiert par son mérite de nombreuses choses et plus encore, le monde entier mérite d'exister pour lui. Il est appelé compagnon, bien aimé, aimant le Lieu (Dieu) et les hommes ; il réjouit le Lieu (le Maqom/D.ieu) et les hommes. Cette consécration le revêt d'humilité et de crainte (de Dieu) ; elle le prépare à être juste, vertueux, droit et loyal ; elle l'éloigne de la faute et le rapproche du mérite (d'être) ; grâce à cela, on a recours à ses conseils, à sa sagacité, à son discernement et à sa puissance, ainsi qu'il est dit : ''À moi les conseils et la sagacité ; je suis le discernement et la puissance m'appartient'' (Proverbes 8,14). Cette consécration lui confère la souveraineté, la suprématie et la profondeur du jugement ; elle lui révèle les secrets de la Torah et le transforme en source jaillissante, en un fleuve intarissable ; il devient réservé, patient, et disposé à pardonner les injures. Enfin, elle le grandit et l'élève au-dessus de toutes les œuvres. »]
Il est dit également : « Et j'étais son délice chaque jour. » (Mishléi 8,30).
Un [nouveau] Zohar : Il (Rabbi Zeira?) a ouvert et il a dit :
« נִדְבְּרוּ יִרְאֵי יְהוָה, אִישׁ אֶל-רֵעֵהוּ » (Cependant ceux qui craignent D.ieu s'exhortèrent mutuellement ; Hashem écouta et entendit, et un registre de souvenir fut dressé devant Lui en faveur de ceux qui craignent Hashem et qui respectent Son nom. Malakhi, 3,16)
Le verset aurait du dire « diberou » et non « nidberou », la forme passive.
C'est parce que les paroles « sont parlées » dans les royaumes supérieurs, par tous ces saints véhicules (chariots) et toutes ces saintes milices (soldats), parce que ces saintes paroles [de Torah] sont recueillies et amenées devant le Saint Roi qui les couronne avec de nombreuses couronnes, et tous ces mondes sont « parlés » devant le Roi supérieur [ou bien : se parlent en Sa présence, mais cette traduction du Pr. Gross ne me semble pas rendre très bien compte de la forme passive : « Nidberou »].
Qui a vu tant de joie et de louange montant à travers tous les cieux jusque devant le Saint Roi ?
Et le Saint Roi contemple ces paroles, et S'en couronne ; Alors, elles montent et forment une couronne sur Sa tête, puis elles descendent et s'installent paisiblement sur Ses genoux ; puis elles montent [à nouveau] jusqu'à Sa tête.
C'est à ce sujet qu'il est écrit :
וָאֶהְיֶה אֶצְלוֹ, אָמוֹן: וָאֶהְיֶה שַׁעֲשׁוּעִים, יוֹם יוֹם; מְשַׂחֶקֶת לְפָנָיו בְּכָל-עֵת
Waehiéh (je serai) son délice chaque jour. On ne dit pas « Wehayiti » (et j'ai été autrefois) mais «waehieh», ce qui signifie : chaque fois que cette parole élevée monte devant Lui.
Chaque fois qu'une personne s'adonne à l'étude de la Torah comme il le faut et s'attache à elle, les paroles de Torah font advenir un degré de joie comparable à celui dont ils ont fait l'expérience au Sinaï.
Le Zohar enseigne « Rabbi Yossi a ouvert « וְזֹאת, הַתּוֹרָה, אֲשֶׁר-שָׂם מֹשֶׁה, לִפְנֵי בְּנֵי יִשְׂרָאֵל » (Voici la Torah que Moshé a mise devant les Bnei Yisrael ; Devarim 4,44) . Viens et vois. Les paroles de la Torah sont saintes, elles sont sans pareilles, elles sont douces, comme il est dit : « elles sont plus désirables que l'or fin [plus doux que le miel, que le suc des rayons] (הַנֶּחֱמָדִים--מִזָּהָב, וּמִפַּז רָב; וּמְתוּקִים מִדְּבַשׁ, וְנֹפֶת צוּפִים ) (Ps. 19,11). Celui qui se consacre à l'étude de la Torah est comme s'il se tenait chaque jour au Har Sinaï pour y recevoir la Torah ! C'est la signification du verset : הַיּוֹם הַזֶּה נִהְיֵיתָ לְעָם, לַיהוָה אֱלֹהֶיךָ (En ce jour, tu es devenu comme peuple pour Hashem, ton Eloqim.)
Un autre Zohar (sur le même verset) : Car nous avons appris que celui qui écoute les paroles de la Torah est aussi heureux dans ce monde que s'il recevait la Torah au Sinaï ; chacun doit écouter les paroles de la Torah de quiconque [les enseigne], et tout celui qui tend l'oreille pour les recevoir fait honneur au Saint Roi et à la Torah ! C'est à son sujet qu'il a été écrit : « tu es devenu le peuple de Hashem, ton Eloqim »
La raison en est que, de la même façon que, lorsque nous reçûmes la Torah, nous nous attachâmes, pour ainsi dire, à Sa Parole, de même en est-il ainsi de nos jours : en tous temps, celui qui étudie et approfondit [la Torah] s'attache à travers elle à la parole de D.ieu, car tout est parole sortie de la bouche de Hashem [entendue] par Moshé au Sinaï, y compris la question qu'un jeune étudiant posera à son Maître, comme on l'a vu (au chapitre 6).
Et lorsqu'une personne étudie, chaque mot devient une torche de feu issue de la bouche de D.ieu, si l'on peut dire, et c'est absolument comme si elle était en train d'être [donnée et] reçue au Sinaï, directement de la bouche de D.ieu !
C'est pourquoi nos Maîtres ont souvent dit : « Et les paroles sont une cause de joie, exactement comme si elles étaient données au Sinaï » (Shir hashirim Rabba et Ruth Rabba)
C'est pour cela que l'étude de la Torah fait descendre dans ce monde un flux de lumière et de bénédiction provenant de sa source supérieure (le monde de Malbush). Et ce monde ci est également illuminé par cette lumière, qui amène beaucoup de bénédiction et de bien dans le monde.
Le Midrash enseigne à ce sujet : « Celui qui étudie la Torah amène la Bonté dans le monde, permet de rechercher la Miséricorde et de prier devant D.ieu, de percer les cieux et de faire tomber la pluie [synonyme de bénédiction] sur le monde...
Et le Midrash continue : Tout autant qu'Israël est occupé à étudier la Torah et à faire Sa Volonté, D.ieu s'occupe d'eux personnellement pour leur accorder la bénédiction comme il est dit : «אֱמֶת, מֵאֶרֶץ תִּצְמָח; וְצֶדֶק, מִשָּׁמַיִם נִשְׁקָף » (ps. 85,12) La Vérité (synonyme de Torah) va germer du sein de la terre [c'est-à-dire dans ce monde, par l'intermédiaire de ceux qui étudient la Torah], et la justice (ou, comme pour le Rabbinat : La fidélité) briller du haut des cieux (Ps 85,12).
Or il n'est pas de « נִשְׁקָף » (regarder depuis la hauteur, surplomber) sinon de bénédiction, comme il est écrit : הַשְׁקִיפָה מִמְּעוֹן קָדְשְׁךָ מִן-הַשָּׁמַיִם, וּבָרֵךְ אֶת-עַמְּךָ אֶת-יִשְׂרָאֵל (traduit par le Rabbinat par : Jette un regard du haut des cieux, Ta sainte demeure, et bénis Ton peuple Israël.)
[Le verset est donc interprété de la manière suivante : אֱמֶת (la Torah) מֵאֶרֶץ תִּצְמָח germe de la terre. C'est de ce monde que vient l'étude, les 'hiddoushim, les paroles de Torah que Hashem valorise tellement. Et c'est, en retour, du Ciel que vient la béndiction, comme le montre le terme «נִשְׁקָף», qui connote la bénédiction dans le verset de Devarim (d'autant plus qu'il figure dans la "parasha des Biqourim" où il est question des berakhot pour lesquelles les Juifs montrent leur gratitude à Ha Kadosh Baroukh Hou).]
Un commentaire personnel général à présent :
[L'origine de la Torah dans le monde de Malbush, c'est-à-dire dans le mouvement même du tzimtzoum des origines a été expliquée. La Torah vient d'une source extraordinairement élevée, en vérité la plus élevée de la Création, la plus proche de la dimension de Eyn Sof.
De sorte que la Torah a été isolée, si l'on peut dire, du reste de la Création divine en ce sens qu'elle a précédé la Création (ou qu'elle est la toute première des créations après le retrait initial) et même qu'elle en est le plan, l'instrument, « l'habile artisan » que le Créateur a employé pour faire naître son projet. De même l'étude de la Torah est ici isolée de toute autre mitswa, de toute autre considération. C'est pour elle-même que la Torah doit être étudiée, non pas même dans le but d'apprendre (même si c'est un résultat souhaitable), mais pour remplir ce devoir qui permet à la Volonté divine de s'accomplir, et dont dépend l'accomplissement du projet divin. Tout se passe comme si D.ieu s'adressait à l'humanité (aux Juifs) et lui disait : « Faites du bien au Monde que j'ai créé, étudiez Ma Torah, de votre étude dépend le flux de bénédiction que Je peux faire descendre dans le monde. »
Une métaphore pour faire comprendre ces choses...
Nous savons très bien que D.ieu ne dépend de nous en aucune manière. Ce que nous voulons dire ici, c'est qu'il a conçu et formé Sa création de telle manière qu'elle a besoin de l'étude de la Torah pour subsister. Il a créé les êtres vivants tels qu'en l'absence d'eau potable (concept lui-même variable d'une espèce à une autre), ils ne peuvent survivre. Tels aussi qu'avec une eau abondante, plantes et animaux vont se multiplier, tandis que si l'eau se raréfie le développement, le nombre, des dimensions des espèces seront moindres. Il en va de même des bénédictions que la Torah fait descendre dans le monde : s'il y a beaucoup d'étude, elles sont nombreuses et abondantes, sinon... disons qu'il y en moins...]
Mis en ligne le 16 Adar 5777 (14 mars 2017)