On ne peut pas transgresser ou modifier les mitswoth "au nom du Ciel"

(Pr. Gross : l'argument historique)

[En poursuivant la réflexion sur les ruses du Yetzer sache qu'] une des voies qu'il va utiliser consiste à te faire croire que l'essence même du Service divin réside dans l'accomplissement לשׁם שׁמים « au nom du Ciel » [c'est-à-dire d'une manière totalement désintéressée, pour le seul « profit » du Ciel, qui consiste en réparations très élevées], et que même une faute volontaire ou involontaire commise au nom du Ciel est en réalité une mitswah, et opère telle ou telle réparation spécifique (tikkoun) dans les Cieux supérieurs.

Et d'apporter des preuves [tirées de la Torah orale] telles que : « D.ieu veut la concentration du cœur » (Sanh. 106b déjà cité) ou bien « Une faute commise au nom du Ciel est préférable à une mitswah qui n'est pas accomplie au nom du Ciel » (Nazir 23b et Horayot 10b).

Il peut aussi recommander de suivres les traces des Patriarches et des Tsaddikim de l'époque qui a précédé le don de la Torah. L'essentiel de leur service résidait en ceci que leurs actes, leurs paroles et leurs pensées aussi bien que leurs interactions avec la Création étaient entièrement consacrées au Ciel (לשׁם שׁמים) [et par conséquent sans aucun but de nature personnelle. C'est ce niveau exceptionnel d'annulation de soi qui leur a permis de bénéficier de révélations qui sont inaccessibles au commun et que l'on va évoquer maintenant].

Leur concentration était toute entière dirigée vers le Ciel, en sorte de rectifier, d'élever et d'unifier les mondes supérieurs, par la vertu de tel ou tel acte, accompli de telle ou telle manière à tel ou tel moment, et non par l'accomplissement de commandements [divins] fixés et ordonnés [avec leurs détails] par un « décret immuable » (וְלא יַעֲבוֹר , Ps 148:6).

C'est ainsi qu'il en va de l'utilisation par Ya'akov avinou de baguettes avec les moutons de Lavane, ou de ce que le Maggid du Beth Yossef [l'ange qui se révélait la nuit à R.Yossef Karo - 1488-1575, auteur du Shulkhan Aroukh] a révélé au sujet de 'Hanokh, qui cousait des chaussures et louait D. à chaque passage de son aiguille.

[Il faut comprendre que] bien que 'Hazal aient enseigné que «Les Avot ont accompli toute la Torah» et que « Noa'h a appris la Torah » (Wayikra Rabba, Kidd., Bér. Rabba Toledot),

Ils ne le faisaient pas parce qu'ils en avaient l'obligation formelle, ni parce qu'ils auraient du accomplir des commandements spécifiques, mais (comme on l'a vu à la fin du premier portique), ils observaient la Torah du fait de leur extraordinaire capacité à percevoir [par eux-mêmes] de quelle manière telle ou telle mitswah opérait des réparations dans l'arrangement des mondes supérieurs.

Cependant, ils avaient le loisir de servir D. d'une manière qui ne respecte pas telle mitswah, ou même de transgresser tel interdit [qui figurera dans la Torah telle qu'elle sera donnée après eux aux Hébreux], parce qu'ils savaient telle action nécessaire à la réparation des mondes supérieurs.

Voir le Sefer ha-Emunot.

Tu verras que, logiquement, il n'existe aucune preuve, même vague, pas même un « roseau brisé » sur quoi s'appuyer.

Il est clair que cette manière de servir D. n'avait de valeur qu'avant Matan Torah, mais que depuis qu'est venu Moshé Rabbenou, qui a fait descendre la Torah sur la terre, «Elle n'est plus dans le ciel» (Devarim 30:12)!

Nous avons ainsi montré, avec l'aide de D., par l'exemple d'Isaïe et [du roi] 'Hizkiyahou, qu'il nous est interdit de modifier une seule des mitswoth de D., qu'Il nous en préserve, même si l'intention est désintéressée (לשׁם שׁמים).

Et même si l'on voit que l'accomplissement de telle mitswah qui nous incombe risque d'avoir de graves conséquences, même en restant passif, on n'a pas la possibilité de s'abstenir, car les motifs [profonds] des mitswoth n'ont pas été révélés.

Mis en ligne le 5 Av 5776 (9 août 2016)