Note 21
La prière doit se concentrer sur l'Essence Unifiée de HaShem, et non sur des Sefirot particulières.

S'agissant de ce qui est écrit sur les intentions (kavanot) dans la prière et les bénédictions (1), qui sont concentrées, dans chaque Berakha, sur une certaine intention, et une certaine Séfira, cela ne signifie pas, ḥas veShalom, l'essence de la Sefira, car ce serait « déraciner les jeunes pousses du verger (2) », ḥas veShalom.
Il en va de même du service des offrandes [au Beth HaMiqdash] à propos desquelles Ḥazal ont dit : « Viens et vois ce qui est écrit au sujet des offrandes, car elles ne s'adressent pas à Qèl, ou Éloqim, mais seulement au Tétragramme, de sorte que personne ne puisse argumenter sur [la question de savoir à qui ces offrandes sont faites.] (3) »
Ainsi qu'il est écrit : « Celui qui sacrifie aux dieux, sauf à HaShem exclusivement, sera voué à la mort. (4) »
L'exigence est la même pour le service de la prière, où l'on ne doit en aucun cas, ḥas veShalom, se concentrer sur une force ou une Séfira spécifique, en dehors de l'Essence unifiée et infinie du Maître du monde, qui englobe toutes les forces, qui se connecte avec Sa Volonté, pour des motifs connus de Lui seul, pour agir une Séfira spécifique et le pouvoir qui lui est associé, dans la descente en cascade [de Son Essence] qu'il a ordonnée selon Sa Volonté, chaque Séfira correspondant à un détail particulier par Lequel Il se manifeste dans les mondes.
Voyez [ce qu'écrit] le Shéélot OuTéshouvot HaRivash (5), et la réponse liée à ces questions que fit le Ḥakham Don Yossef Ibn Shoshan au Rivash6, mais notre explication fournit une meilleure réponse. Il te faut comprendre (7).
Voir la manière dont le Arizal s'exprime au chapitre deux du présent Portique (8).
Voir également les Tiqounim : « Et Il est appelé de toutes [sortes de] noms... pour montrer à chaque membre [du peuple d']Israël de quel lieu Il doit être appelé selon leur besoin...(9) »
De même, selon le tiqoun cité plus haut (10) : « Pour montrer à chaque membre... comment informer l'homme [sur la manière dont fonctionne le monde], de sorte qu'il sache comment L'appeler avec chaque membre comme il se doit. (11) »
Comme l'écrit le Zohar : « On pourrait demander : pourquoi prions-nous HaShem à plusieurs niveaux ? Parfois on Le prie avec une Séfira particulière liée à un certain attribut ; parfois on prie vers la droite, [comme il est dit que celui qui veut devenir sage priera vers le sud (12) c'est-à-dire vers l'emplacement de la Ménorah dans le Mishkan] ; Parfois on prie vers la gauche, [comme il est dit que celui qui veut devenir riche doit se diriger vers le nord (13), c'est-à-dire vers l'emplacement de la table dans le Mishkan], et parfois vers le pilier central [c'est-à-dire une combinaison de droite et gauche, de Ḥessed et Guévourah ensemble]... Chaque prière monte à un niveau particulier, mais il est certain que c'est HaShem (le Tétragramme) qui se manifeste au sein de chaque attribut (Séfira)... Au moment où Il veut se montrer miséricordieux à l'égard du monde, [la prière] monte vers la droite, etc. Tout est au Nom de HaShem, qui se manifeste en tout lieu. »
Comme l'enseigne le Sifri (14) sur le verset « comme HaShem, notre Éloqim [est proche] dans tous nos appels vers Lui. (15) » Lui, et non ses attributs !
1 Il s'agit des écrits du Arizal, comme le Peri Ets Ḥayim, Sha'ar haBerakhot, qui donne des indications en vue de la concentration intentionnelle sur des Sefirot spécifiques lors de la récitation des prières et des Berakhot.
2 L'expression « déraciner les jeunes pousses » s'applique à une personne qui défait le bien qu'elle a pu faire auparavant. On la trouve en Ḥaguiga 15a au sujet de Aḥer ('Élishah ben Abouya) qui entra avec trois autres Sages dans le Pardes (terme qui désigne un verger mystique, c'est-à-dire un niveau exceptionnellement élevé d'approfondissement de la Torah) et qui, après cette expérience, renia la Torah et devint un apostat.
3 Ménaḥot 110a.
4 Shémot – Exode 22,20 (voir P3 C9).
5 Rabbi Isaac ben Sheshet Perfet (ou Barfat) dit le Rivash, 1326–1408, Espagne.
6 Siman 157 : Moi (le Rivash), je demandai un jour au Ḥakham Don Yossef Ibn Shoshan comment les Maîtres de la Kabbala pouvaient concentrer chaque bénédiction sur une Séfira différente ? Plus encore, Les Séfirot ont-elles un caractère divin, pour qu'on ait à leur adresser des prières ? Il me répondit qu'aucune prière ne devait être dirigée sur quoi que ce soit d'autre, ḥas veShalom, que HaShem, Cause de toutes les Causes. Mais la chose est comparable à celui qui est partie dans une querelle, et demande au roi de juger son cas, et d'ordonner à son ministre de la justice de siéger au tribunal. Il ne demande pas au roi de donner de tels ordres au ministre des finances. Ce serait une demande inappropriée. Si en revanche sa requête est un secours financier, il demandera au roi de solliciter son ministre des finances. S'il veut obtenir du vin, il demandera [au roi] de donner des instructions à son échanson... […] Il en va de même de la prière, qui doit toujours être exclusivement adressée [à HaShem], la Cause des Causes, mais on doit concentrer ses pensées sur l'épanchement qui doit descendre [de HaShem] par la Séfira spécifique, liée à la requête précise. Par exemple, dans la Bérakha sur les Tsaddiqim (וְעַל הַחַסִדִים), on doit se concentrer sur la Séfira de Hessed, qui est l'attribut de bonté et dans la Bérakha sur les hérétiques (לַמַלְשִׁינִים), on se concentrera sur la Séfira de Guévourah, qui est l'attribut de justice.
7 La réponse de Rabbi Ḥayim fusionne les Séfirot avec HaShem de telle manière qu'une prière orientée vers une Séfira spécifique, qui représente une voie particulière par laquelle HaShem se relie au monde et s'y manifeste, ne peut être considérée comma autre chose qu'une requête adressée à HaShem Lui-même. La réponse du Ḥakham Don Yossef Ibn Shoshan au Rivash, bien que soulignant « qu'aucune prière ne devait être dirigée sur quoi que ce soit d'autre, ḥas veShalom, que HaShem, Cause de toutes les Causes », elle tend à laisser penser que les Séfirot auraient une certaine dimension d'existence différenciée de HaShem, ḥas veShalom. C'est pourquoi Rabbi Ḥayim affirme que sa réponse est meilleure.
8 À savoir que tous les noms et les descriptions de HaShem font référence à Son Essence, comme le montrent les niveaux des Sefirot.
9 Tiqounéi Zohar Tiqoun 22 64b.
10 P3 C1.
11 Tiqounéi Zohar Tiqoun 70 122b.
12 Baba Bathra 25b.
13 Ibid.
14 Midrash Halakha sur les deux derniers livres de la Torah : Bamidbar (Nombres) et Dévarim (Deutéronome). On ne trouve pas cet enseignement dans les versions actuellement disponibles du Sifri. Il semble que ce commentaire de la Parashat Waètḥanane soit manquant. Il existe sans doute une autre version qui l'inclut, mais dont nous ne disposons pas. L'occurrence la plus ancienne pour ce Sifri se trouve dans le Pardes Rimonim, de Rabbi Moshé Cordovéro (32,2).
15 Dévarim – Deutéronome 4,7 : « כִּי מִי-גוֹי גָּדוֹל, אֲשֶׁר-לוֹ אֱלֹקִים קְרֹבִים אֵלָיו, כַּה׳ אֱלֹקֵינוּ, בְּכָל-קָרְאֵנוּ אֵלָיו ». La Guémara enseigne au nom de Rabbi Yoḥanan : « Toutes les fois que les Sadducéens ont trouvé matière à appuyer leur hérésie, la réponse est apparue aussitôt, toute proche. Ils ont cru pouvoir interpréter à leur manière les mots ''car qui est une grande nation ayant Éloqim proche d'elle'' [où le Nom Éloqim semble être au pluriel]. Or que lisons-nous ensuite ? ''dans tous nos appels vers Lui !'' [au singulier]. » (Sanhédrin 38b)