PESSAH 5776

Pessa'h : idolâtrie et liberté


Deux des thèmes de réflexion dont Pessa'h est si riche semblent constituer des pôles essentiels : l'idolâtrie et la liberté.

L'idolâtrie est au principe de la Haggadah, du récit de la sortie d'Egypte : « Au commencement, nos ancêtres étaient des idolâtres... »

Dans le troisième portique de son Nefesh ha'Haïm, Rabbi 'Haïm de Volozhin, s'appuyant principalement sur le Zohar haKadosh, éclaire d'une manière prodigieuse la diversité, la rationalité et la profondeur des conceptions idolâtres.

N'allons pas croire que de vulgaires ignorants aient cédé à pareil égarement. N'allons pas croire non plus que nous soyons si forts pour résister facilement à une tentation comparable.

L'erreur idolâtre consiste, dans un premier temps, à croire que D. est tellement transcendant, tellement lointain, tellement inaccessible, qu'il est plus respectueux de s'adresser aux « intermédiaires » qu'Il a créés !

On en vient ensuite à croire que quelque chose (quoi que ce soit) ou quelqu'un (qui que ce soit) dans le monde créé, a une existence distincte de celle du Créateur.

Quelque chose, quelqu'un au service de qui on pourrait se mettre.

Ce peut-être n'importe qui, n'importe quoi : l'argent, le plaisir, les réseaux sociaux, l'état d'Israël, le football, le travail...

Ce peut-être le Roua'h haKodesh d'une personne éminente !

Pourquoi ferait-on une chose pareille ? Parce qu'on en tire un profit personnel, matériel ou spirituel, quel qu'il soit. C'est toujours de cela qu'il s'agit !

'Hazal enseignent (Sanhedrin, 63b) que l'idolâtrie n'existe que pour permettre à l'homme de se livrer aux relations interdites.

Dans « Les bâtisseurs du temps » Abraham Heschel, a cette formule : « l'homme est soit un serviteur de D.ieu, soit un esclave du mal. »

Il n'y a pas d'autres termes à l'alternative.

La Torah nous l'enseigne sans aucune ambiguïté. En trois mots !

Lorsque Moshé et Aharon se présentent devant Par'o, (Parachat Bo) ils ont pour mission de transmettre cette parole de Hashem : שַׁלַּח עַמִּי, וְיַעַבְדֻנִי « Laisse partir Mon peuple, pour qu'ils Me servent ! »

Lorsque l'esclave hébreu veut renoncer à cette liberté (Paracha Michpatim), on poinçonne son oreille. « Cette oreille, enseigne Rachi d'après Kiddoushin 22b, a entendu au mont Sinaï : 'Car c'est à Moi que les fils d'Israël sont des serviteurs' (Wayiqra 25, 55). Et pourtant il est allé se donner un autre maître. Qu'elle soit donc poinçonnée ! »

La dimension de l'homme libre, c'est le service du Créateur seul, dans Sa dimension de sublime et absolue transcendance, dans Son unité sans pareille, représentée par le tétragramme.

Pas d'autre maître !

Incomparable destinée d'Israël !

Il est dès lors normal que la Haggadah de Pessa'h, qui témoigne de l'itinéraire de la servitude à la liberté, commence avec l'idolâtrie de nos pères et s'achève avec le Hallel, avec la liberté du serviteur de D.

Proclamation du service de l'Absolu vers Qui se tendent nos prières pour une pleine, très prochaine et définitive libération.

Y.N.

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